Syrie
France : les langues se délient à
propos de la Syrie
Antoine Charpentier
© Antoine-Noura
Charpentier
Jeudi 16 février 2017
Depuis quelques temps, nous
commençons à voir et entendre dans les
médias français des discours inhabituels
sur la situation en Syrie qui différent
du discours officiel tenu depuis six
ans. Nous pouvons citer Éric Denécé[1],
le journaliste Jean-François Khan[2],
des parlementaires comme Nicolas Dhuicq[3],
Thierry Mariani[4]
ou encore Jean Lasalle[5]
et bien d’autres.
Même Boris Johnson, ministre des
affaires étrangères britanniques, donne
de la voix à propos de la Syrie,
indiquant que son pays ne doit plus
s’opposer à ce que le Président Bachar
Al-Assad se représente aux prochaines
élections présidentielles.[6]
Quant à Éric Denécé, il a bien affirmé
face à Yves Calvi que : «Nous étions
roulé dans la farine.», utilisant le
terme « falsification de
l’information », en parlant de ce que
les médias officiels français
rapportaient sur Alep, sans pour autant
nier la réalité de la guerre en Syrie[7].
Pour M. Denécé, les médias français sont
atteints d’un suivisme des médias
anglo-saxons et arabes qui ont des
intérêts majeurs en menant une telle
désinformation concernant la Syrie.
Cependant, le journaliste
Jean-François Khan a exigé une enquête
journalistique internationale sur Alep
Est[8]
afin de savoir ce qui s’y est réellement
passé. Le directeur du journal Marianne
n’espère pas voir l’aboutissement de sa
proposition puisque ni les journalistes,
ni les dirigeants politiques français
ont la volonté de revoir leurs copies,
admettant leurs torts, avouant tout
simplement qu’ils se sont trompés. De ce
fait, ils préfèrent persister dans
l’erreur et le mensonge que rectifier le
tir.
Par la suite, Jean-François Khan
s’interroge sur le silence médiatique au
sujet d’Alep depuis sa reprise par
l’armée syrienne. Il exprime la même
interrogation qu’une partie de l’opinion
publique française qui n’entend
quasiment plus parler d’Alep ni de ce
qui se passe ailleurs en Syrie.
Les déclarations de trois députés
français du parti Les Républicains
sur la Syrie, notamment sur Alep, ont
fortement bousculé le paysage politique
français contredisant la version
française officielle. Le député français
Nicolas Dhuicq nous affirme ceci : « Je
me bats en permanence contre la
désinformation qui consistait à dire que
les Russes, par plaisir, ont voulu
détruire une ville ainsi que contre
l’information majeure et terrible que
Bachar Al-Assad tue son peuple. Ça ne
serait pas de son intérêt de faire cela.
Enfin, si le Président Bachar Al-Assad
était si tyrannique et aussi détesté que
les médias français le disent depuis six
ans de guerre, il serait déjà tombé. »[9]
Cependant, Thierry Mariani et Nicolas
Dhuicq soutiennent François Fillon,
candidat de la Droite à l’élection
présidentielle qui s’est subitement
rétracté vis-à-vis de ce qu’il a déclaré
lors des primaires, traitant au cours
d’une émission avec le journaliste
Jean-Jacques Bourdin[10]
le Président Bachar Al-Assad de
dictateur et de manipulateur comme le
Président défunt Hafez Al-Assad. Pendant
les primaires de la Droite, François
Fillon a prôné la réouverture d’une
représentation diplomatique à Damas, la
nécessité de discuter avec le Président
Bachar Al-Assad ainsi qu’un
rapprochement avec la Russie.
Toutes ses déclarations ne font
que mettre en cause les compétences de
la classe politique française. Toutes
les voix « dissidentes » actuelles à
propos de la question syrienne déplorent
l’alignement de la France sur la
politique de l’Arabie Saoudite et du
Qatar ainsi que sur les positions des
Etats-Unis qui ont une réelle volonté de
dépecer la Syrie et avec elle tout le
Moyen-Orient.
Pour beaucoup de français,
l’Arabie Saoudite fait partie des pays
les plus totalitaires au Monde, ce qui
va à l’encontre de toutes notions de
Démocratie, de Droit de l’Homme et de
compréhension occidentale de la liberté,
ce qui n’empêche pas de profondes
alliances entre ce pays et la France.
Enfin, ceci révèle la paresse
politique des dirigeants français qui,
par manque d’intérêts pour les enjeux
internationaux ainsi que pour les
peuples et par la perte d’un certain
niveau intellectuel, préfèrent s’aligner
sur une propagande anglo-saxonne-arabe
plutôt que de gérer les choses par
eux-mêmes.
Antoine Charpentier
[1]
Eric Denécé,
docteur en Science Politique,
directeur du Centre Français de
Recherche sur le Renseignement
(CF2R) et de sa société de
conseil en Risk Management (CF2R
SERVICES).
[2]
Jean-François Khan, fondateur du
journal Marianne.
[3]
Député français de l’Aube.
[4]
Député français de la 11éme
circonscription des français de
l’étranger.
[5]
Député français Pyrénées-
Atlantique
[6]Réseau
Voltaire, « Londres admet que la
Syrie est une Démocratie. »,
http://www.voltairenet.org/article195072.html
[7]
Emissions : 24 heures en
questions avec Yves Calvy,
https://www.youtube.com/watch?v=N69Qd8Xk2-g
[8]
Jean-François Khan : « Il faut
qu’une commission enquête sur la
situation d’Alep est »https://fr.sputniknews.com/international/201701061029472170-medias-situation-alepest-kahn/
[9]
Entretien avec l’auteur.
[10]
"Bachar al-Assad est un
dictateur au passé sanglant, un
manipulateur, je ne souhaite pas
son maintien" au pouvoir a
affirmé François Fillon ce
mercredi sur BFMTV et RMC, 12
janvier 2017
https://www.youtube.com/watch?v=Ydr4gqTCGZs
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