Palestine
Le soldat franco-israélien Elor Azaria,
reconnu coupable d’homicide, est la
norme
Amira Hass
« Tuez-les tous »
Manifestation de soutien à Elor Azaria,
Tel-Aviv, 19 avril 2016
Jeudi 5 janvier 2017
Depuis un an et demi, des dizaines
d’hommes, de femmes et d’enfants
palestiniens ont été tués, bien qu’ils
eussent pu être maîtrisés quand ils
étaient encore en vie. La différence
entre eux et Azaria [qui a assassiné
d’une balle dans la tête un assaillant
Palestinien gisant à terre] est qu’il a
été filmé.
Par Amira Hass, le 5 janvier 2017
Source :
http://www.haaretz.com/misc/article-print-page/.premium-1.763074
Commentaire de Norman Finkelstein :
« Prenez garde à ne pas être filmés ! »
Traduction :
http://sayed7asan.blogspot.fr
Il y a une chose sur laquelle les
Palestiniens sont d’accord avec Elor
Azaria et ses partisans : il n’était pas
le seul, et il avait juste la malchance
d’être filmé à son insu. Les
Palestiniens conviennent avec Azaria et
ses partisans qu’il respectait la norme
et faisait exactement ce que les autres
soldats font – à savoir tirer avec
l’intention de tuer, même quand aucune
vie n’est en danger.
Les Palestiniens sont d’accord avec
Azaria pour dire qu’il a été victime
d’une discrimination du système. Mais
ils considèrent pour leur part que des
dizaines d’autres soldats et policiers
auraient eux aussi dû être jugés.
Comme Azaria lui-même, les Palestiniens
se demandent pourquoi il a été jugé
alors que les soldats qui ont tué Hadeel
al-Hashlamoun à Hébron n’ont pas même
fait l’objet d’une enquête de la police
militaire. Elle aussi était allongée au
sol, après que des soldats lui aient
tiré dessus à distance dans poste de
contrôle, parce qu’elle tenait un
couteau (aucun soldat n’avait subi la
moindre égratignure). Puis, alors
qu’elle était couchée sur le sol, ils
ont continué à lui tirer sur le torse.
(C’était le 22 septembre 2015, et les
habitants d’Hébron attribuent l’éclosion
subséquente d’attaques solitaires à cet
incident).
Le 11 juin 2010, Maxim Vinogradov, un
policier frontalier, « a confirmé la
mort » de Ziad Jilani, qui était déjà
couché sur le sol, blessé par balle,
après avoir foncé sur d’autres policiers
avec sa voiture dans le quartier Wadi
Joz de Jérusalem. Le procureur a décidé
de ne pas inculper Vinogradov, acceptant
sa défense ridicule selon laquelle il
craignait que Jilani porte une bombe. Il
était au cœur d’un quartier palestinien
: pourquoi se serait-il fait exploser
là-bas ?
Fadi Alloun, originaire d’Isawiyah,
était également couché sur le sol, après
avoir poignardé un israélien dans le
quartier Musrara de Jérusalem le 4
octobre 2015. Un policier anonyme l’a
criblé de balles après que des passants
l’y aient encouragé. Dans ce cas, des
séquences vidéo prises avec un téléphone
portable étaient disponibles, mais ce
n’était pas assez pour que de
quelconques mesures soient prises contre
le tueur.
Sara Hajuj, de Bani Naim, a brandi un
couteau contre les policiers frontaliers
à l’intérieur de la salle d’inspection
de sécurité d’un point de contrôle
d’Hébron le 1er juillet 2016. Ils l’ont
vaporisée au visage avec du gaz poivre
et ont fui la pièce. Puis l’un d’eux lui
a tiré dessus, alors qu’elle était seule
dans la pièce et ne représentait de
danger pour personne.
Le 2 juin 2016, Ansar Hirsheh a traversé
à pied le poste de contrôle d’Anabta, où
la circulation des piétons est
interdite. Elle avait un couteau dans
ses affaires, mais elle ne mettait
personne en danger. Et il n’y avait
aucune raison pour que les quatre
soldats armés et entraînés qui
l’entouraient ne la maîtrisent pas sans
la tuer.
Depuis un an et demi, des dizaines
d’hommes, de femmes et d’enfants
palestiniens ont été tués, bien que
selon les témoins oculaires et le bon
sens, ils auraient pu être maîtrisés
alors qu’ils étaient encore en vie. Il
s’est avéré que certains n’avaient même
pas tenté de commettre une attaque. Des
dizaines de soldats, de policiers
frontaliers et de gardes de checkpoints
marchent librement parmi nous après
avoir tué des Palestiniens qui ne
représentaient aucun danger pour leur
vie. L’institution de la défense les a
décrits comme ayant agi correctement.
La frontière entre l’autodéfense et la
vengeance nationaliste a été
complètement floutée. C’est dans cette
atmosphère qu’Azaria a opéré.
Par conséquent, le message adressé par
les juges du tribunal militaire se
distingue par sa rareté : Elor Azaria a
violé les règles d’engagement, et il a
été condamné. Mais le message que
l’établissement de défense israélien
envoie à ses soldats et policiers est
aussi fort et clair : « Prenez garde à
ne pas être filmés lorsque vous passez à
l’acte. Nous savons comment remettre en
cause la valeur des photographies prises
par les caméras de sécurité
palestiniennes, et nous savons enterrer
le témoignage des témoins oculaires
palestiniens. Mais nous n’avons toujours
pas trouvé de solution face à des
séquences vidéo nettes et
professionnelles. »
Le sommaire d'Amira Hass
Les dernières mises à jour
|