Opinion
Le Maroc achète du pétrole produit au
Kurdistan sans l’accord de l’Irak et
pourrait le revendre à Israël
Amine Sadek
Raffinerie
au nord de l'Irak : D.R.
Dimanche 6 juillet 2014
Le Maroc semble trouver un malin plaisir
à participer à la déstabilisation de
certains pays arabes, pour des raisons
qui restent à identifier. Après avoir
envoyé toute une légion de djihadistes
qui se comptent par milliers renforcer
les rangs des groupes islamistes en
Syrie, contribuant ainsi à disloquer ce
pays, aujourd’hui à feu et à sang, le
royaume adopte, en effet, la même
attitude avec l’Irak. Ce dernier, qui
est actuellement, au bord de la guerre
civile, se dirige inexorablement vers la
partition avec le conflit déclaré
opposant sunnites, chiites et Kurdes. Le
Maroc n’éprouve aucun scrupule à
recevoir dans l’un de ses ports un
pétrolier battant pavillon kurde, Ship
Kurde, avec un million de barils de
pétrole à la recherche d'acheteurs. Cela
se passe au moment où les tentations
indépendantistes des populations kurdes
se font les plus insistantes, nourries
par un climat de guerre généralisée qui
pointe pour l’Irak. Comme le pétrole est
au cœur des convoitises, une guerre
larvée oppose les populations kurdes à
l’Etat central irakien pour le contrôle
des richesses pétrolifères du Kurdistan
irakien. En accueillant le pétrolier
kurde dans un de ses ports, le Maroc
renforce indirectement les visées
séparatistes kurdes. Certes, le Maroc a
besoin de pétrole et de gaz, lui qui en
est dépourvu, mais de là à aller jusqu’à
encourager la partition d’un pays arabe,
faisant partie d’un espace géopolitique
auquel il est censé appartenir, il y a
un pas que rares sont ceux qui
pourraient être tentés de franchir. Le
pire est peut-être à venir, puisque ce
pétrole mis en vente au Maroc par la
compagnie kurde pourrait atterrir en
Israël. Le brut kurde est transporté par
pipeline du Kurdistan vers le port turc
de Ceyhan, sur la côte méditerranéenne,
port à partir duquel il est exporté.
Pour les autorités kurdes, l’Etat hébreu
semble être un acheteur potentiel, selon
certaines sources, qui notent que des
intermédiaires se chargent d’acheter le
pétrole irakien pour le revendre à
Israël. Avec l’accostage du navire
kurde, le Maroc se place-t-il déjà comme
le courtier recherché pour écouler le
pétrole kurde auprès des Israéliens ?
Tout porte en tout cas à le croire,
sinon qu’est-ce qui expliquerait la
présence du pétrolier dans les eaux
marocaines ? A travers son attitude, le
Maroc porte ainsi un coup d’une lâcheté
ravageuse au peuple irakien qui lutte
pour sauvegarder son intégrité
territoriale.
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