Opinion
Palestine :
Le lourd bilan des colonies israéliennes
Aliaa Al-Korachi
Lundi 6 janvier 2014
Par Aliaa Al-Korachi,
(revue de presse : Hebdo Al Ahram –
25/12/13)*
L’année 2013 a témoigné d’une
multiplication sans précédent des
colonies israéliennes en Cisjordanie et
à Jérusalem-Est.
Durant le premier semestre de l’année
2013, le nombre de colonies a progressé
de 70 % par rapport à la même période de
2012. Selon les chiffres d’une
organisation israélienne opposée à la
construction des colonies, 1 708
logements ont été bâtis entre janvier et
juin 2013 en Cisjordanie et à Gaza,
contre 995 en 2012. Le nombre de
colonies a continué à grimper tout au
long de l’année. Le 19 novembre, Israël
a donné le feu vert pour la construction
de 829 logements dans des colonies de
Cisjordanie.
La population dans ces implantations
augmente d’ailleurs plus vite que dans
le reste du pays. La population des
colonies israéliennes de Cisjordanie a
connu une hausse de plus de 2 % au
premier semestre 2013, soit une
croissance deux fois supérieure à celle
enregistrée en Israël, selon les
chiffres officiels.
De plus, le nombre d’habitants des
«
petites » colonies isolées de
Cisjo00rdanie, qui pourraient être
démantelées dans le cadre d’un éventuel
accord de paix avec les Palestiniens, a
lui aussi augmenté de 1,7 % durant
l’année 2013.
Selon les spécialistes, l’Etat hébreu a
tout fait pour expulser les Palestiniens
et accroître la présence juive en
Cisjordanie. Les Palestiniens se voient
refuser les permis de construire alors
que les achats de propriétés par des
juifs israéliens et l’installation de
colons se multiplient au coeur des
quartiers palestiniens. Un récent
rapport de l’Onu révèle ainsi que 70 %
des démolitions au sein de la ville
sainte concernent des résidents
palestiniens. Les taxes imposées aux
Palestiniens sont très élevées, alors
que les services publics sont quasi
absents de leurs quartiers.
«Ainsi, bien que les Palestiniens
constituent environ 37 % de la
population de Jérusalem, la municipalité
de la ville ne dépense pas plus de 10 %
de son budget total dans les zones
palestiniennes », relève le rapport
de l’UE. Selon le rapport, la
colonisation
«
met en péril les perspectives physiques
de création d’un Etat palestinien viable
» et rend
«
les compromis nécessaires à la paix
plus difficiles à mesure que la
population des colonies augmente ».
La colonisation est « systématique,
délibérée et provocatrice », affirme en
outre le document.
Une situation qui ne semble pas prête de
s’arrêter, puisque le premier ministre
israélien, Benyamin Netanyahu, vient de
déclarer :
«
Nous ne cesserons pas un seul instant de
bâtir notre pays, de nous renforcer, et
de développer (...) les implantations ».
Furieux à l’encontre de son allié
américain après la signature de l’accord
nucléaire avec Téhéran, Netanyahu a fait
cette déclaration au moment où, selon le
quotidien israélien
Haaretz, Washington a demandé à
Israël de ne pas lancer de nouveaux
appels d’offres de logements de colons
en Cisjordanie occupée et à
Jérusalem-Est annexée, parallèlement à
la libération de 26 prisonniers
palestiniens prévue le 29 décembre,
dans le cadre des négociations de paix.
Lors de la précédente vague de
libérations de prisonniers palestiniens,
le 30 octobre, Israël avait fait lancer
des plans de construction de 5 000
logements en Cisjordanie occupée et à
Jérusalem-Est annexée.
Pour Amany Al-Tawil, chercheuse au
Centre des Etudes Politiques et
Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram,
les pays arabes se sont éloignés de la
cause palestinienne à cause du Printemps
arabe, ce qui a donné l’occasion à
Israël de s’emparer de plus en plus de
territoires palestiniens. Les
pourparlers autour de la solution finale
n’aboutiront à rien, puisque la mise en
chantier des colonies se poursuit
Pourtant, la réaction internationale
semble différente cette année. On
entend, pour la première fois, un
responsable américain, John Kerry,
parler de
«
colonies illégitimes ». L’Union
européenne, pour sa part, va entamer, le
1er janvier 2014, une campagne de
boycott des produits en provenance des
colonies
Selon Amany Al-Tawil, ces pressions
internationales sont sans effet, et les
Etats-Unis ne possèdent pas de
mécanismes réels pour faire pression sur
Israël, à cause du lobby juif qui
soutient la colonisation.
«
Quant à l’Union européenne, elle
sanctionne seulement les colonies
israéliennes, mais pas l’Etat qui les a
créées », conclut-elle.
*http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContentPrint/10/124/4649.aspx
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 3 janvier 2014 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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