Palestine
Les preuves de l’apartheid, du
pillage et des assassinats israéliens
remises à la Cour de La Haye
Ali Abunimah
Samedi 23 septembre 2017
Ali Abunimah – The
Electronic Intifada – 21 septembre 2017 Le Premier
ministre Benjamin Netanyahu ainsi que
d’autres dirigeants israéliens ont, à
titre personnel, à répondre de crimes de
guerre, affirment des enquêteurs des
droits de l’homme. (via Facebook)
Quatre
organisations palestiniennes de défense
de droits de l’homme ont remis 700 pages
de preuves des crimes de guerre et
crimes contre l’humanité commis par
Israël au procureur de la Cour pénale
internationale.
Cela au moment où
deux communautés palestiniennes en
Cisjordanie font face à leur destruction
imminente par Israël.
Les crimes énumérés
dans le dossier comprennent la
persécution, l’apartheid, le vol, la
destruction et le pillage, à grande
échelle, des biens palestiniens, la
preuve de « meurtres et assassinats
délibérés » sur des centaines de
Palestiniens depuis 2014.
Shawan Jabarin,
directeur du groupe des droits de
l’homme Al-Haq, a déclaré que le dossier
« fournit une base indiscutable et
légitime » permettant au
procureur d’ouvrir une enquête sur les
crimes de guerre et les crimes contre
l’humanité qu’il dénonce, commis par
Israël en Cisjordanie occupée, y compris
Jérusalem-Est.
C’est le quatrième
dossier que des groupes de défense des
droits de l’homme fournissent à la Cour.
Celui-ci se concentre sur la
Cisjordanie, mais les dossiers
précédents concernaient les crimes
perpétrés par de hauts dirigeants civils
et militaires israéliens durant
l’agression de 2014 contre Gaza.
Menaces de mort
et harcèlement
Jabarin a remis le
dossier à la Cour de La Haye avec sa
collègue Nada Kiswanson.
Kiswanson et
d’autres enquêteurs des droits de
l’homme affiliés à Al-Haq ont été les
cibles d’une campagne qui dure depuis
longtemps de harcèlement et de menaces
de mort, campagne qu’un analyste
israélien chevronné relie aux
« opérations noires » du gouvernement
israélien.
Al-Haq pense que
ces menaces sont liées au travail de
Kiswanson pour la préparation des
dossiers à l’attention de la Cour
internationale. Le gouvernement des
Pays-Bas, où la Cour est située, a
déclaré qu’une enquête criminelle avait
été ouverte sur ces menaces.
« Une
domination juive israélienne »
Selon une
déclaration d’Al-Haq, ce nouveau dossier
« répond aux tentatives d’Israël pour
agrandir son territoire et y assurer une
domination juive israélienne en
modifiant la composition démographique
du territoire palestinien occupé ».
Raji Sourani,
directeur du Centre palestinien pour les
droits de l’homme, affirme que le
transfert de colons par Israël à
l’intérieur de la terre palestinienne « constitue
un crime de guerre particulier ajouté à
la confiscation de vastes étendues de la
terre palestinienne, à la destruction
massive de biens palestiniens et à
l’éclatement du tissu social et du mode
vie des Palestiniens ».
Même si les
violations israéliennes en Cisjordanie
occupée peuvent être examinées
séparément de celles perpétrées dans la
bande de Gaza, Issam Younis, directeur
du Centre des droits de l’homme Al
Mezan, explique de quelle façon elles
sont reliées entre elles : « L’isolement
de Gaza, en plus des attaques militaires
répétées et à grande échelle, permet au
bout du compte à Israël de consolider
son contrôle sur l’ensemble du
territoire palestinien occupé et de
dénier aux Palestiniens leur droit à
l’autodétermination reconnu
internationalement ».
Des pressions
sont exercées
La conduite
d’Israël durant la guerre contre Gaza en
2014, ainsi que les allégations selon
lesquelles de nombreux crimes ont été
commis en Cisjordanie, font actuellement
l’objet d’un examen préliminaire par les
procureurs de La Haye.
Ceux-ci doivent
décider ou non de l’ouverture d’une
enquête approfondie, laquelle pourra
conduire à des inculpations officielles
de dirigeants et militaires israéliens.
Il n’existe pas de
date limite pour l’examen préliminaire,
et les procureurs se trouvent
constamment sous la pression d’Israël et
des États-Unis pour épargner Israël. Ils
ont toutes les incitations à baisser les
bras.
L’imposture des
auto-enquêtes
Le mois dernier,
deux groupes de défense des droits de
l’homme ont conclu que le propre système
d’enquête d’Israël sur les crimes
présumés commis contre les Palestiniens
par ses propres forces était une
imposture.
Des centaines de
dossiers, comprenant les assassinats
avérés de quatre garçons qui jouaient au
football sur une plage en juillet 2014,
n’ont donné lieu à aucune poursuite
contre leurs auteurs.
En mai 2016,
B’Tselem a annoncé qu’il ne coopérerait
plus aux enquêtes militaires
israéliennes sur les meurtres et autres
agressions contre des Palestiniens en
Cisjordanie occupée.
« Nous
n’aiderons pas un système à blanchir ses
enquêtes et s’en servir pour masquer
l’occupation », explique le
directeur du groupe israélien pour les
droits de l’homme.
S’agissant des
crimes contre l’apartheid et de la
colonisation de peuplement, Israël,
évidemment, ne fait rien pour enquêter à
leur sujet et pour se punir lui-même –
étant donné que ces crimes sont
programmés et exécutés par l’État
lui-même.
Mais même dans les
situations où Israël reconnaît – au
moins sur le papier – un certain acte
comme un crime, il n’y a aucune mise en
responsabilité.
Cela devrait être
un facteur important dans les décisions
des procureurs car, selon son statut
fondateur, la Cour pénale internationale
n’intervient que lorsque les autorités
judiciaires du pays ne veulent pas, ou
ne peuvent pas, engager de véritables
procédures.
Des villages
face à la destruction
Que la Cour agisse
ou non n’est pas seulement la question
de faire rendre des comptes pour le
passé, mais aussi de mettre fin aux
crimes en cours.
Ce mois-ci,
B’Tselem a prévenu que d’importants
dirigeants israéliens, dont le Premier
ministre Benjamin Netanyahu lui-même, le
ministre de la Défense Avigdor
Lieberman, et le chef d’état-major
militaire, auraient, à titre personnel,
à répondre de crimes de guerre s’ils
procédaient à la destruction apparemment
imminente de Khan al-Ahmar et Susya,
deux communautés de la Cisjordanie.
« La démolition
de communautés entières dans les
territoires occupés est pratiquement
sans précédent depuis 1967 » affirme
B’Tselem.
Robert Piper, le
plus haut responsable de l’aide
humanitaire aux Nations-Unies pour la
Palestine, a tweeté : « Tous les
regards se portent sur la communauté
bédouine de Khan al-Ahmar qui risque
d’être transférée de force par les
autorités israéliennes dans les jours
qui viennent ».
Il a identifié
involontairement un problème dans
lequel les Nations-Unies jouent un rôle
majeur : la soi-disant communauté
internationale reste passive et se
contente de regarder pendant qu’Israël
commet ses crimes quotidiennement.
Il est évident
qu’Israël ne se rendra pas de lui-même
devant la justice et qu’il appartient à
la Cour pénale internationale d’agir.
Elle a des montagnes de preuves en sa
possession. La question est de savoir si
elle a l’indépendance, et la volonté, de
remplir son devoir.
Ali Abunimah
Co-fondateur de The
Electronic Intifada et auteur de « La
bataille pour la justice en Palestine »
édité maintenant chez Haymarket Books.
Il a également
écrit « Un pays : une proposition
audacieuse pour en finir avec l’impasse
israélo-palestinienne », une opinion
qu’il dit être la sienne, simplement.
https://electronicintifada.net/blogs/ali-abunimah/evidence-israeli-apartheid-pillage-and-murder-handed-hague-court
Traduction : JPP
pour l’Agence Média Palestine
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