Palestine
« Ils font chier, nettoyez Gaza »
déclare
un porte-parole pour la nouvelle
campagne de l’UE
Ali Abunimah
Dimanche 6 août 2017
Par Ali Abunimah et Dena Shunra – The
Electronic Intifada – 3 août 2017
Avishai Ivri, intervenant vedette dans
une vidéo promotionnelle produite par
l’ambassade de l’UE à Tel Aviv,
recommande le génocide des Palestiniens.
L’Union européenne
a engagé un Israélien qui prône la
violence génocidaire à l’encontre des
Palestiniens pour être le visage d’une
nouvelle campagne promotionnelle.
Avishai Ivri
apparaît dans une vidéo que l’ambassade
de l’UE à Tel Aviv a postée sur sa page
Facebook le mois dernier.
« L’Union
européenne. Vous pensez qu’elle est
anti-Israël, pas vrai ? » Commence
Ivri. « Laissez-moi vous surprendre ».
Et Ivri débite
ensuite à toute vitesse des statistiques
sur le commerce et sur le tourisme pour
convaincre les lecteurs israéliens d’à
quel point c’est l’Union européenne qui
profite à Israël. Et de se vanter aussi
que l’UE est une cliente de l’industrie
de l’armement d’Israël, particulièrement
pour les drones.
L’UE « est le
meilleur voisin que nous ayons »
conclut Ivri.
Soutien au
génocide
Ivri était auteur
pour Latma, une ancienne série
télévisée israélienne qui reflétait les
opinions d’extrême droite et racistes,
présentant par exemple les migrants et
les réfugiés des États africains comme
des grands singes.
Mais cela, ce n’est
que la partie émergée de l’iceberg.
Lors de l’agression
en novembre 2012 d’Israël contre Gaza,
qui tua 174 Palestiniens, Ivri préconise
une violence encore plus extrême.
« Voici une
stratégie qui n’a pas encore été
tentée : 1000 Arabes tués pour chacun de
nos morts » twitte-t-il. « Je
crois qu’ils nous en doivent 5000 pour
la semaine dernière ».
הנה אסטרטגיה
שלא נוסתה עדין: אלף ערבים הרוגים על כל
הרוג שלנו. נדמה לי שהם חייבים לנו 5000
מהשבוע האחרון.— Avishai Ivri
(@ivri99)
November 21, 2012
Ivry est un
partisan acharné d’une solution à un
État unique, mais pas un État où
Palestiniens et Israéliens auraient des
droits égaux. Non, il est pour
l’élimination des Palestiniens en tant
que peuple – un objectif qui répond à la
définition juridique internationale du
nettoyage ethnique et probablement du
génocide pur et simple.
En janvier 2013,
Ivri twitte que « la Judée et la
Samarie » – les noms qu’Israël
utilise pour la Cisjordanie qu’il occupe
– « peuvent toujours être annexées,
point final ». Si les Palestiniens
résistent, prévient-il, « il faut les
éjecter, sur un camion. La force est
toujours une option, mais nous préférons
une solution convenue (mais sinon, la
force) ».
« Il n’existe
rien qui puisse être une nation
palestinienne, et qui soit intéressée
bien sûr par un État » twitte-t-il
en février.
@dkapuchino
@nitayp
אפשר גם לספח את יו"ש נקודה. יתנגדו-יעופו
על משאית. כה הוא תמיד אופציה אבל אנחנו
מעדיפים פתרון בהסכמה. (אבל אם לא אז כח)— Avishai Ivri
(@ivri99)
January 24, 2013
« Dans l’État
d’Israël, dans 500 ans, personne ne se
souviendra qu’il y a eu quelque chose
qui s’est appelé Palestiniens »
twitte-t-il en mai.
במדינת ישראל
500 שנה מהיום אף אחד לא יזכור שהיה פעם
דבר כזה פלשתינים— Avishai Ivri
(@ivri99)
May 23, 2017
« Est-ce que les
Palestiniens sont une nation ? »
demande-t-il en 2012, avant de répondre
à sa propre question : « Ils sont de
la merde ».
לפחות היינו
שולטים על עם זר. פלשתינים זה עם? זה
דרעק.— Avishai Ivri
(@ivri99)
November 29, 2012
Ivri voit les
agressions répétées d’Israël contre les
Palestiniens comme des opportunités pour
Israël de mettre en œuvre son programme
violent visant à éliminer la Palestine.
Au cours de
l’agression de l’été 2014 contre Gaza,
qui tua plus de 2200 Palestiniens dont
550 enfants, Ivri pousse à une conquête
totale du territoire côtier – et de la
Cisjordanie.
« Dans dix ans,
quand Israël aura la souveraineté sur
Gaza et sur la Judée et la Samarie, nous
nous demanderons nous-mêmes à quoi nous
avons pensé pendant 30 (ou 60) ans, et
pourquoi nous ne l’avons pas fait bien
plus tôt » twitte Ivri.
« Personne ne
gouvernera Gaza pour Israël. Israël est
le seul à pouvoir le faire », twitte-t-il
lors de la même agression israélienne,
ajoutant que « les jours du dirigeant
de l’Autorité palestinienne, Mahmoud
Abbas, au pouvoir sont comptés, et après
son départ, Israël devra aussi gouverner
la Judée et la Samarie ».
Ivri partage
également un article paru durant
l’agression, qui soutient qu’Israël
serait justifié à couper l’eau et
l’électricité pour Gaza – ce qui a été
fait, en violation du droit
international.
Déshumaniser les
Palestiniens
Ivri justifie cette
sorte de violence exterminatrice par une
diabolisation et une déshumanisation
totales des victimes du régime d’Israël
d’occupation et d’apartheid.
Ironiquement, il reconnaît en fait
l’existence des Palestiniens, mais
seulement pour les incarner comme des
démons.
« Les
Palestiniens sont les héritiers des
nazis » twitte-t-il en mai 2016,
ajoutant que le drapeau palestinien « ne
signifie qu’une chose : un appel à
assassiner les juifs, où qu’ils se
trouvent ».
הפלשתינים הם
ממשיכי הנאצים. הדגל הזה משמעותו אחת =
קריאה לרצח יהודים באשר הם.— Avishai Ivri
(@ivri99)
May 29, 2016
C’est là son thème
constant. En octobre 2014, il propose un
« bref rappel : les Palestiniens sont
des nazis ».
« Ils n’ont pas
encore construit de chambres à gaz »
affirme-t-il, parce que « ce qu’ils
ont réussi à faire de plus perfectionné,
ce sont des dispositifs explosifs
improvisés. Mais, sans aucun doute, ce
sont des nazis ».
Lors de l’agression
de 2014 contre Gaza, il twitte : « Le
Hamas, ce sont des nazis. Ils ne sont
pas comme eux, pas à peu près eux, pas
près d’eux. Ils sont des nazis. »
חמאס הם נאצים.
לא כאילו, לא בערך, לא ליד. נאצים. האמנה
שלהם רואה ביהודים סרטן בלב העולם שיש
להשמיד. הם לא מבקשים עצמאות ולא הגדרה
עצמית— Avishai Ivri
(@ivri99)
July 24, 2014
En octobre 2015,
quand le Premier ministre israélien
Benjamin Netanyahu provoque
l’indignation internationale en
disculpant Hitler de l’organisation de
l’extermination de millions d’Européens
juifs et en en accusant à la place un
Palestinien, Ivri lui apporte un soutien
naturel.
« Les
Palestiniens ont offert leur aide à
Hitler » prétend Ivri. « C’est
bien connu ».
שנאת ישראל
נושאת קוי אופי מאוד דומים אצל שניהם.
מיין קמפף להיט אצל הערבים. הפלשתינים
התנדבו לסייע להיטלר. הכל ידוע. למה ללכת
על האזוטרי?— Avishai Ivri
(@ivri99)
October 20, 2015
Normalement, on
s’attend à ce que l’UE y regarde à deux
fois avant de faire des comparaisons
gratuites de certains évènements avec le
génocide nazi. Mais apparemment, cela ne
la gêne pas tant que les cibles sont les
Palestiniens.
L’incitation d’Ivri
ne cible pas seulement les Palestiniens
de la bande de Gaza et de la Cisjordanie
occupée. Il hait aussi les citoyens
palestiniens d’Israël, parlant des
Bédouins comme d’une « bombe à
retardement ».
Il fait aussi la
promotion d’une discrimination raciale
dans les embauches : « Un employeur
ne peut pas découvrir si son personnel
potentiel est impliqué dans le
terrorisme. Que doit-il faire alors ? De
toute évidence, il ne doit employer
aucun Arabe. Mettez-vous à sa place un
instant ».
Un soutien pour
les crimes de guerre
Le soutien d’Ivri
pour les crimes de guerre contre les
Palestiniens est constant et désinvolte.
Quand, en mars 2016, Elor Azarya exécute
de sang-froid le Palestinien blessé,
infirme, Abd al-Fattah Yusri al-Sharif –
un meurtre pour lequel le médecin
militaire ne reçoit finalement qu’une
petite tape sur les doigts – Ivri
applaudit.
« Une armée
véritablement morale s’assure que les
terroristes sont morts » twitte-t-il.
Depuis 2016, Israël
intensifie sa campagne contre les
défenseurs des droits des êtres humains.
Même l’UE a réussi à émettre une timide
protestation contre la législation
d’Israël dite de transparence, qui
durcit la surveillance des organisations
des droits de l’homme qui reçoivent des
fonds de gouvernements européens.
סהכ רואים פה
יפה איך בצלם ושאר הארגונים האירופיים
הפועלים בישראל הם עוד נשק בארסנל של
שונאי ישראל בעולם— Avishai Ivri
(@ivri99)
December 24, 2016
Ivri s’est joint
aux attaques implacables du gouvernement
israélien contre les organisations, y
compris contre B’Tselem d’Israël, qui
documentent les violations contre les
Palestiniens.
En décembre
dernier, il twitte : « B’Tselem et
les organisations européennes opérant en
Israël sont une arme de plus dans
l’arsenal de ceux qui haïssent les
juifs/Israël dans le monde ».
L’UE encourage
la haine
Une enquête par
courriels conduite par The Electronic
Intifada auprès de l’ambassade de
l’UE à Tel Aviv comprenait une question
pour savoir combien le contribuable
européen avait payé Ivri pour son
apparition dans la vidéo.
L’ambassade n’a pas
répondu à cette question, ni aux autres
sur l’incitation constante d’Ivri au
racisme et à la violence, y compris aux
crimes de guerre.
Mais l’ambassadeur
de l’Union européenne à Tel Aviv n’avait
pas antérieurement fait le secret sur
ses opinions extrêmes en faveur
d’Israël.
Dans une lettre
ouverte reflétant la fin prochaine de
son mandat de quatre ans, Lars Faaborg-Anderesen
rappelle qu’alors qu’il était jeune,
dans les années 1970, il a passé un
moment dans un kibboutz – une sorte de
colonie sioniste qui a joué un rôle clé
dans le nettoyage ethnique des
Palestiniens, mais qui jouissait d’une
réputation de progressiste chez les
Occidentaux naïfs, ou complices.
« À cette
époque, de jeunes Européens et
Américains affluèrent en Israël pour
participer à l’expérience socialiste des
kibboutz et montrer leur solidarité avec
David dans sa lutte pour survivre contre
les Goliath arabes qui l’entouraient »,
écrit Faaborg-Andersen, ressortant la
mythologie sioniste qui fait fi de la
Nakba, de l’expulsion par Israël de la
grande majorité de la population
palestinienne en 1948, de même que de
l’occupation et de la colonisation qui
en résultent de la terre palestinienne.
Pendant tout le
temps qu’il fut ambassadeur, Faaborg-Andersen
et ses collègues de l’UE ont fait tout
leur possible pour faire progresser la
guerre d’Israël contre la lutte des
Palestiniens pour leur survie et leur
liberté, notamment en finançant
l’industrie de l’armement et les
tortionnaires d’Israël, en participant
aux agressions d’Israël contre le
mouvement non violent en faveur du
boycott, du désinvestissement et de
sanctions, et ils sont restés les
complices sans réserve du siège brutal
d’Israël contre Gaza.
L’ambassade de l’UE
à Tel Aviv a également servi de terrain
d’entraînement pour les membres du lobby
pro-Israël à Bruxelles.
Mais il est certain
que la réalisation personnelle la plus
infâme de Faaborg-Andersen sera l’emploi
d’un partisan sans retenue d’une
violence génocidaire pour être le visage
de l’Union européenne et de ses
« valeurs » si vantées.
Mise à jour, 4
août:
Après la
publication de cet article, l’ambassade
de l’UE à Tel Aviv a supprimé la vidéo
et à envoyé une déclaration à The
Electronic Intifada.
Ofer Neiman a
contribué à la recherche.
Ali Abunimah est
directeur exécutif de The Electronic
Intifada. Dena Shunra est traductrice
et auteure.
Traduction : JPP
pour l’Agence Média Palestine
Source :
Electronic Intifada
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