Palestine
Comment l’Union Européenne encourage
Israël
à détruire les maisons des Palestiniens
Ali Abunimah
Des
Palestiniens manifestent sur le tas de
décombres d’une maison démolie par les
forces d’occupation israéliennes dans le
village d’al Walaja en Cisjordanie sous
prétexte qu’ils n’avaient pas eu de
permis – chose qu’Israël n’accorde que
rarement aux Palestiniens, août 2017 (Wisam
Hashlamoun / APA images)
Dimanche 3 décembre 2017
Les diplomates de l’Union Européenne
sont une fois de plus désespérés devant
les expulsions à grande échelle de
Palestiniens et face à la démolition de
leurs maisons ainsi que de leurs écoles
en Cisjordanie occupée par Israël.
L’inquiétude professée par les
Palestiniens est totalement sapée par
une politique européenne qui prodigue
ses encouragements aux crimes commis par
Israël.
Vendredi, la
mission de l’UE à Jérusalem a émis
un communiqué pour « déplorer la
menace continue de démolitions et de
saisies de bâtiments palestiniens » –
qui laisseraient 400 personnes sans abri
– dans les communautés de Ein al-Hilweh,
Umm Jamal et Jabal al-Baba.
L’UE note que, le
mois dernier, « quatre autres
communautés d’éleveurs, représentant 170
personnes au nord de la Vallée du
Jourdain, ont perdu leurs procès devant
la Haute Cour israélienne, et deux
écoles de Wadi al-Seeq et al-Muntar,
financées par des donateurs européens,
sont menacées de destruction et de
saisie ».
Également, celle-ci
prétend qu’elle est « profondément
inquiète » devant les projets israéliens
de démolition dans les prochaines
semaines, d’à peu près un cinquième des
logements et des infrastructures de
Susiya dans
les collines sud d’Hébron.
« Alors que l’hiver
arrive, une démolition imminente
laissera jusqu’à 100 personnes, dont la
moitié sont des enfants, sans abri »,
déclare l’UE.
Toutes ces actions,
affirme-t-elle, « menacent la solution à
deux Etats » et violent « les
obligations d’Israël, en tant que
puissance occupante, selon le droit
international humanitaire ».
Plus tôt ce
mois-ci, l’ONU a elle aussi
mis en garde à propos des démolitions
imminentes, faisant remarquer
qu’elles font partie de la politique
systématique d’Israël pour accomplir le
« transfert forcé » des Palestiniens de
la
zone C – environ 60 pour cent de la
Cisjordanie est entièrement contrôlé par
Israël,
aidée par une politique d’annexion.
Un goût de déjà
vu
Ce n’est pas une
première : en août, les forces
d’occupation ont
détruit l’école de Jubbet al-Dib,
financée par l’Europe. La veille de la
rentrée des classes et comme à son
habitude, l’UE n’a rien fait pour
reconnaître la responsabilité d’Israël
concernant cet acte de destruction ou la
série d’autres démolitions et
confiscations.
De même, en août,
l’UE a émis un
communiqué qui exhortait gentiment
Israël à « reconsidérer » l’éviction
prévue de la famille Shamasneh de son
logement du quartier de Sheikh Jarrah
dans Jérusalem occupée.
Malgré cela,
quelques semaines plus tard, Israël a
expulsé la famille.
Jusqu’ici en 2017
et
selon l’ONU, Israël a démoli presque
400 bâtiments en Cisjordanie occupée, y
compris à Jérusalem Est, déplaçant plus
de 600 Palestiniens.
La majeure partie
de ces destructions se font au prétexte
que les palestiniens construisent sans
permis, sachant que ces derniers ne sont
presque jamais accordés par les
autorités d’occupation.
Bien que leur
nombre soit en baisse comparé à 2016 –
année record des destructions par
Israël – les actions israéliennes font
partie d’un effort de colonisation
calculé, dévastateur pour la vie de
familles palestiniennes tenues pour
cible.
Discussions
inutiles
Lundi, j’ai appelé
le bureau de l’UE à Jérusalem pour leur
demander si les choses seraient
différentes cette fois-ci. Étant donné
les déclarations précédentes de l’UE qui
sont sans effet et traitées avec mépris
par Israël, que compte faire l’Europe
pour détourner l’occupant de ces projets
de démolition ?
L’UE
envisagerait-elle des sanctions ? La
réponse diplomatique donnée par le
porte-parole peut se résumer en un mot :
non.
Une réponse
habituelle. En plus des déclarations
publiques, l’UE développe sa
préoccupation dans des discussions
privées avec les responsables
israéliens.
En réalité,
il existe
des preuves que l’on ait demandé aux
hauts fonctionnaires européens lors
d’échanges avec leurs homologues
israéliens de ne pas susciter
d’inquiétudes concernant les atteintes
aux Droits de l’Homme.
Même si l’UE
soulève ces questions en privé, il est
absurde de s’attendre à ce qu’Israël y
prête quelque attention que ce soit
lorsque le message de Bruxelles à Tel
Aviv est régulièrement : Faîtes ce que
vous voulez, nous continuerons à vous
apporter notre soutien inconditionnel.
Ce soutien se
cristallise par
des centaines de millions de dollars
utilisés pour financer « la recherche »,
dont toute une partie est distribuée aux
fabricants d’armes ainsi qu’aux
tortionnaires israéliens.
À genoux devant
Israël
Le soutien matériel
à l’occupation et à
l’apartheid, de même que le projet
colonialiste de peuplement par Israël,
sont renforcés par un engagement
politique comportant d’une part,
le refus de l’UE de condamner les
politiques israéliennes lorsque ces
dernières préconisent des actes
génocidaires et le nettoyage ethnique du
peuple palestinien, et d’autre part,
l’aide pour
calomnier et
réduire au silence les citoyens
européens qui défendent les droits des
palestiniens.
Plus tôt ce
mois-ci, l’UE et la France se sont
humblement inclinés devant la
décision d’Israël d’interdire à des élus
français d’aller en Cisjordanie occupée.
Ces derniers avaient prévu d’y aller
pour exprimer leur solidarité envers le
peuple palestinien qui vit sous
l’occupation armée, à laquelle l’UE
prétend s’opposer.
Néanmoins, les
visites perpétuelles de responsables
européens, volant vers Israël pour le
récompenser en augmentant « la
coopération », se poursuivent.
Dès lors, on ne
peut décrire la politique européenne
comme étant simplement inactive ou
indifférente vis-à-vis des crimes commis
impunément par Israël. En réalité, il
s’agit d’une politique qui encourage
l’État hébreu à s’approprier les terres
palestiniennes et à mieux détruire des
maisons et des vies.
Source :
The Electronic Intifada
Traduction : J Ch.
pour l’Agence Média Palestine
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