Palestine
L’ONU prend une première mesure en
vue
de mettre fin à l’impunité d’Israël
Ali Abunimah
Une liste
fournie par l’ONU des sociétés qui ont
des relations économiques avec les
colonies illégales d’Israël donnerait
une impulsion au mouvement mondial pour
les droits des Palestiniens. Ryan
Rodrick Beiler ActiveStills
Mardi 3 octobre 2017
Les représentants
de l’ONU évoluent finalement vers
l’affirmation de la responsabilité
d’Israël dans le non-respect du droit
international, en dépit d’une résistance
farouche de la part d’Israël et de ses
alliés. « Après des
décennies de dépossession palestinienne
et d’occupation militaire et
d’apartheid par Israël, les Nations
Unies ont pris leur première mesure
concrète en vue d’établir la
responsabilité d’Israël dans ses
violations continues des droits humains
des Palestiniens » a dit Omar Barghouti,
un des fondateurs du mouvement de
boycott, désinvestissement et sanctions
(BDS). « Les Palestiniens accueillent
chaleureusement cette mesure ».
Mercredi, le
journal israélien Haaretz a
rapporté le fait que le Bureau des
droits humains de l’ONU a commencé des
envois de lettres destinées à 150
sociétés dans le monde, les avertissant
qu’elles pourraient figurer sur une base
de données des entreprises ayant des
relations économiques avec les colonies
israéliennes des territoires occupés de
Cisjordanie, Jérusalem comprise.
Nickolay Mladenov,
le chef de la représentation politique
de l’ONU à Jérusalem, a dit cette
semaine au Conseil de Sécurité de l’ONU
que « les activités de colonisation
illégale d’Israël ont continué à un
rythme élevé » en grave violation des
résolutions de l’ONU.
Le consensus
juridique se développe selon lequel le
droit international exige des
gouvernements qu’ils interdisent les
échanges économiques avec les colonies.
« Cela pourrait
faire boule de neige »
Les représentants
d’Israël ont admis que de nombreuses
sociétés – sans pour autant en fournir
les noms – ont déjà répondu à ces
lettres en assurant le bureau des droits
humains de l’ONU qu’elles ne
renouvelleraient pas leurs contrats en
Israël, ni n’en chercheraient de
nouveaux.
« Ces entreprises
n’arrivent pas à faire la différence
entre Israël et les colonies et mettent
fin à leurs opérations sur l’ensemble »
a dit à Haaretz un représentant
israélien de haut niveau. « Les sociétés
étrangères ne vont pas investir dans
quelque chose qui relève de problèmes
politiques, cela pourrait faire boule de
neige ».
Ce représentant
israélien de haut niveau a confirmé ce
qu’un chef de la diplomatie européenne
avait confié à des collègues à
Bruxelles.
Dans un mémo de
juin écrit alors qu’il était ambassadeur
de l’UE à Tel Aviv, Lars Faaborg-Andersen a
admis que l’UE n’avait pas de moyen
fiable de distinguer les exportations
des colonies d’autres produits
israéliens.
Les commentaires
des représentants israéliens font aussi
écho à la découverte d’un rapport secret
de deux groupes de lobby israéliens
influents qui a fuité plus tôt dans
l’année dans « Electronic Intifada ».
Le rapport, assumé
par le gouvernement israélien, concluait
que la plupart des « dommages
collatéraux » infligés à Israël par le
mouvement BDS sont le résultant d’un
« boycott silencieux » – de groupes,
d’individus et de sociétés qui décident,
sans l’afficher, de s’abstenir de
s’engager avec Israël, soit qu’ils
soutiennent les droits des Palestiniens,
soit simplement qu’ils veuillent
« éviter des problèmes et critiques
superflus ».
Des noms bien
connus
Le mois dernier,
le Washington Post a précisé
les noms de certaines des sociétés
américaines averties par l’ONU qu’elles
pourraient être inclues dans la base de
données.
On y trouve les
noms de sociétés comme Caterpillar, TripAdvisor,
Priceline.com et Airbnb.
Selon Haaretz,
environ 30 des 150 sociétés sont
américaines, d’autres sont allemandes,
sud-coréennes et norvégiennes.
Le Washington
Post a aussi souligné la forte
opposition américaine à cette base de
données dont la création a été commandée
par un vote de l’an dernier du Conseil
des Droits de l’Homme de l’ONU. Nikki
Haley, l’ambassadeur des États Unis à
l’ONU, a qualifié de « honteuse » cette
base de données et a dit que son pays
envisage de sortir du Conseil des Droits
de l’Homme de l’ONU.
Israël a mis sur
pied un groupe de travail gouvernemental
pour tenter de faire échouer la liste,
mais selon Haaretz, la plupart
des représentants qui y sont impliqués
croient que la publication en décembre
de la base de données est
« inévitable ».
L’imminence de
cette liste a fait proposer par des
juristes américains une législation, la
Loi Anti-Boycott d’Israël, qui pourrait
imposer des amendes importantes et des
peines de prison à des sociétés et à
leur personnel pour participation à un
boycott d’Israël et de ses colonies,
supposément encouragé par une
organisation internationale.
La désespérance
d’Israël
L’intensité de la
pression américaine, et la longue
histoire de la complaisance de la
soi-disant communauté internationale
envers Israël, font qu’il ne peut pas
être garanti que les représentants de
l’ONU ne vont pas capituler de nouveau.
Il y a deux ans, le
Secrétaire Général de l’ONU d’alors, Ban
Ki-moon avait cédé à la pression
israélienne et américaine et avait
retiré Israël d’une liste de graves
violeurs des droits des enfants.
En mars, Antonio
Guterres, le successeur de Ban,
s’était plié devant la pression des
États Unis et avait étouffé un rapport
qui avait établi qu’Israël pratique
l’apartheid contre les Palestiniens.
Une des conclusions
de ce rapport est que les recherches et
analyses juridiques de services de
l’ONU, comme le Centre des Nations Unies
Contre l’Apartheid, ont été des
ressources essentielles pour les
militants de la société civile dans
leurs efforts visant à « légitimer le
boycott, le désinvestissement et les
sanctions et à contribuer à la formation
d’ensemble d’un mouvement transnational
contre l’apartheid en Afrique du Sud ».
Le rapport a
encouragé une approche semblable en vue
de mettre fin à l’apartheid israélien.
La militante historique Adri Nieuwhof a
récemment écrit pour Electronic Intifada
que l’enregistrement par l’ONU des
sociétés, athlètes et professionnels du
spectacle complices de l’apartheid
sud-africain avait donné un élan
important à la campagne internationale
de solidarité.
« Le fait qu’Israël
veuille tuer dans l’œuf la base de
données prévue est le signe d’une
désespérance » a écrit Nieuwhof.
« Israël est déjà un État paria dans
l’esprit des gens ordinaires dans le
monde. Si les crimes d’Israël ne cessent
pas, son isolement ira croissant ».
« Nous espérons que
le Conseil des Droits de l’Homme de
l’ONU restera ferme et publiera la liste
complète des entreprises opérant
illégalement dans ou avec les colonies
israéliennes sur de la terre
palestinienne volée et qu’il développera
cette liste suite à l’appel du Conseil
des Droits de l’Homme de l’ONU de mars
2016 » a déclaré Omar Barghouti
cofondateur de BDS.
« Si elle est mise
en œuvre correctement, cette base de
données de l’ONU des entreprises
complices de certaines des violations
par Israël des droits humains, peut
augurer d’un début de la fin de
l’impunité criminelle d’Israël ».
Traduction SF pour l’Agence Media
Palestine
Source :
Electronic Intifada
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Le
dossier BDS
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