BDS
Une Église américaine vote à une très
forte majorité le désinvestissement
vis-à-vis de l'occupation israélienne
Ali Abunimah
Le pasteur
palestinien Mitri Raheb prend la parole
lors du synode général de l'Église unie
du Christ, à Cleveland, Ohio, le 29
juin. (United Church of Christ/Flickr)
Mercredi 1er juillet 2015
Aujourd'hui même, l'Église
unie du Christ (UCC) vient
d'adopter par une majorité écrasante une
résolution en vue de soutenir le boycott
et de désinvestir des sociétés qui
tiraient profit de l'occupation par
Israël de la
Cisjordanie et de la bande de
Gaza.
Le vote par une majorité écrasante –
508 voix pour, 124 contre, 38
abstentions – a eu lieu lors du synode
général (ou assemblée législative) de
l'Église, à Cleveland, Ohio.
Une résolution supplémentaire,
qualifiant les pratiques israéliennes
d'« apartheid », a également
obtenu la majorité mais n'a pas été
adoptée officiellement, n'ayant pas
recueilli les deux tiers des voix.
L'UCC est une
dénomination générale protestante,
concernant plus de 5 100 églises et
totalisant 1,1 million de membres aux
États-Unis.
Le Réseau Palestine/Israël
de l'UCC, qui dirigeait
la campagne, a salué les décisions de ce
jour comme « le point culminant d'un
processus qui a débuté en 2005 afin de
mettre un terme à la complicité de
l'église dans près d'un demi-siècle
d'occupation par Israël
et dans d'autres violations des droits
de l'homme des Palestiniens
».
« Elles sont également une
réponse à l'appel aux boycott,
désinvestissement et sanctions émanant
de la communauté chrétienne
palestinienne, tel qu'il figure dans le
document Kairos Palestine,
qui cherche à obtenir la liberté et les
droits des Palestiniens
par des voies pacifiques, et qui
s’inspire du mouvement américain pour
les droits civiques et du mouvement
sud-africain contre l'apartheid »,
a-t-il ajouté.
L'UCC suit les
traces de l'Église
presbytérienne des États-Unis,
qui a adopté des mesures similaires l'an
dernier et l'Église méthodiste unie dont
le comité du fonds de pension a
désinvesti l'an dernier des prisons et
de la firme de sécurité G4S.
La vérité à la face du
pouvoir
« En approuvant la résolution,
l'UCC a démontré son engagement pour la
justice et l'égalité », a déclaré
le révérend Mitri Raheb, un pasteur
palestinien de l'Église évangélique
luthérienne en Jordanie et en Terre
sainte.
« Aux Palestiniens
qui vivent sous l'occupation ou qui sont
confrontés à une discrimination
systématique en tant que citoyens d'Israël,
qui endurent la destruction de leurs
maisons et de leurs commerces, le vol de
leurs terres au profit des colonies, qui
vivent sous le blocus et l'état de siège
à Gaza, cette action
adresse un signal fort leur disant
qu'ils ne sont pas seuls et qu'il y a
des églises qui osent encore dire la
vérité à la face du pouvoir et prendre
parti pour les opprimés », a ajouté
Raheb en s'adressant au
synode de Cleveland.
Les profiteurs de
l'occupation
La résolution demande cette fois au
comité des fonds de pension de l'UCC
et autres fonds de l’Église de
désinvestir de leur participation dans
Caterpillar, Motorola Solutions,
Hewlett-Packard, G4S et Veolia
– des sociétés contre lesquelles les
activistes de la solidarité avec la
Palestine protestent depuis longtemps en
raison de leur complicité dans
l'occupation israélienne.
Elle invite également les membres et
institutions de l’Église à boycotter
tous les produits fabriqués dans les
colonies israéliennes en
Cisjordanie occupée.
Le ministère israélien des Affaires
étrangères a déclaré que le vote de l'UCC
« reflétait la politique la plus
radicale depuis plus d'une décennie et
qu'il ne reflétait en aucune façon une
position morale ni une position
s'appuyant sur la réalité ».
« Aucune marche arrière »
Ce qui place ce vote à part, c'est
l'énorme marge de victoire, une
indication que les BDS
gagnent en efficacité malgré les efforts
agressifs d'Israël et
des ses groupes de pression pour les
combattre.
« Il n'y aura plus de marche
arrière, désormais. Il ne s'agit pas
d'un mouvement d'une seule église, il
s'agit d'une vague nationale indiquant
une nouvelle direction aux institutions
traditionnelles de tous genres dans ce
pays (y compris les universités et les
personnalités connues) et montrant qu'il
n'y aura plus de 'business as usual'
avec l'occupation israélienne ; ce n'est
plus qu'une question de temps avant que
'l'intensité sud-africaine du mouvement'
ne s'applique ici à Israël
aussi », ont expliqué les
responsables de la Campagne
américaine pour mettre un terme à
l'occupation israélienne dans
une déclaration à propos du vote.
La Campagne américaine
a fait remarquer que la mobilisation du
Réseau Palestine/Israël de l'UCC
était soutenue par des membres de la
communauté palestinienne d'Amérique,
par des militants musulmans et juifs et
par des groupes ecclésiastiques en
faveur de la justice sociale agissant
sous diverses autres dénominations.
La Voix juive pour la paix,
qui soutenait également cet effort, a
félicité l'UCC d'avoir
adopté « une position forte en
faveur d'une paix juste ».
Le vote d'aujourd'hui est également
venu après les puissants encouragements
de la part de l'archevêque d'Afrique
du Sud, Desmond Tutu.
« Il est inconcevable de garder
le silence ou de rester neutre, face à
l’injustice », a écrit l'ancien
prix Nobel de la Paix.
« La neutralité maintient le statu
quo et compose avec l'injustice. »
Le vote d'aujourd'hui va sans aucun
doute marquer les membres des églises
épiscopales et mennonites, dont les
conventions nationales doivent également
débattre cette semaine autour des
résolutions concernant le
désinvestissement.
Publié sur
The Electronic Intifadah le 30 juin
2015.
Traduction : Jean-Marie Flémal.
Ali Abunimah,
journaliste palestino-américain est le
cofondateur de ’The
Electronic Intifada’ et
auteur du livre "One Country
: A bold Proposal to end the Israeli-Palestinian
Impasse"
On peut suivre Ali
Abunimah sur Twitter :
@AliAbunimah
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