Sputnik
Vers une nouvelle réalité en Syrie ?
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Alexandre Latsa
© Sputnik.
Dmitri Vinogradov
Lundi 18 mai 2015
Source:
Sputnik news
Les récents
développements militaires en Syrie ont
relancé la machine de guerre médiatique
qui affirme que désormais la chute du
régime Syrien est proche.
Pour Libération ça
craque à Damas tandis que le JDD se
demande si le bastion d'Assad (la cote
Syrienne et la région de Lattaquié)
n'est pas
lui aussi sur le point de tomber.
Même scénario pour
la presse anglo-saxonne que l'on pense
par exemple au «
national-interest » ou à de nombreux
sites spécialisés affirmant que la
dynamique d'une défaite militaire de
l'Etat syrien était
engagée. Dans la presse des Etats du
Golfe, on affirme qu'il est temps de
reconsidérer la
vie après Assad.
Ce regain
d'intensité du Bachar-bashing coïncide
il est vrai avec une situation militaire
qui au cours de ces dernières semaines
n'a pas été favorable au régime. Comme
les lecteurs de Sputnik avaient pu le
lire dans mon précédent texte sur le
dossier Syrien, une telle inflexion de
la situation ne peut être due qu'à «
une intervention extérieure très appuyée
». C'est peut-être ce qui est en train
de se passer.
Résumons les
évolutions récentes sur le terrain:
Il y a tout d'abord
eu au début de l'année 2015 le
déclenchement d'un assaut militaire
rebelle d'envergure au sud du pays, dans
la zone frontalière avec la Jordanie. La
Jordanie fournit du reste aux rebelles
de solides appuis stratégiques et
logistiques qui proviennent en réalité
principalement des pays occidentaux
et des pays du Golfe. Au cours des mois
de février et mars le Front rebelle sud
a remporté des succès militaires en
évinçant le régime d'une grande zone le
long de la frontière avec la Jordanie,
comme on peut le voir
sur cette carte, les zones en vert
étant celles tenues par les rebelles.
Il y a ensuite eu
l'échec de l'opération militaire
gouvernementale de février 2015 qui
visait à terminer l'encerclement d'Alep.
Après l'échec de cette opération la
ville reste quasiment encerclée (comme
on peut le voir
sur cette carte) mais cet épisode a
sans doute eu un impact psychologique
négatif pour l'armée gouvernementale qui
surfait sur une vague de succès
jusque-là. A l'est de la ville, dans la
zone sous contrôle de l'Emirat
Islamique, une base militaire
gouvernementale (Kuweyres) est en outre
totalement
encerclée et soumise aux assauts
quotidiens des kamikazes de l'Emirat
islamique.
Aux confins Est de
la Syrie, les forces loyalistes sont
aussi aux prises avec l'Emirat Islamique
principalement dans deux sites sensibles
qui sont la ville de Deir ez-Zor mais
aussi le tracé de la route reliant la
capitale à l'aéroport (la zone en blanc
sur
cette carte), route qui passe par le
joyau historique qu'est
Palmyre et ou se déroulent
actuellement de très violents combats.
Mais c'est surtout
dans la province d'Idlib que le régime a
connu sa défaite militaire la plus
lourde du moins sur les plans tactique
et psychologique alors même qu'elle
semblait inévitable depuis un certain
temps.
Plusieurs milliers
de rebelles ont attaqué une bande de
territoire (en blanc sur
cette carte) contrôlée par les
forces loyalistes, mais isolée au sein
d'une province majoritairement contrôlée
par divers groupes fédérés autour du
Front al-Nosra, la version syrienne
d'Al-Qaïda. En seulement quelques
semaines au cours des mois de mars et
avril les rebelles ont pris le contrôle
des villes d'Idlib et de Jisr-Shughour à
l'Est et l'Ouest de cette bande, prenant
en étau les milliers de loyalistes s'y
trouvant, dont plusieurs centaines de
soldats des troupes d'élites Tigres.
La rapidité avec
laquelle les rebelles ont conquis ces
villes, en seulement quelques jours,
s'explique par plusieurs facteurs. Tout
d'abord l'utilisation intensive des
attentats suicide contre les
check-points syriens (des sources
parlent de plus d'une 40aine pour la
seule ville d'Idlib), comme le fait
l'Emirat islamique à l'Est du pays à
Deir ez-Zor.
Il y a aussi eu,
pour la première fois l'utilisation
massive de missiles américain anti-char
TOW (plus de 250 missiles
tirés en mars et avril dans cette
zone) qui ont permis aux rebelles de
réduire la mobilité des troupes
syriennes qui ont subi des pertes
importantes et qui ne peuvent désormais
compter que sur l'appui aérien.
Ensuite, la
présence de mercenaires étrangers en
grand nombre semble avérée. On parle de
membres du
parti Islamique du Turkistan et
aussi de nombreux mercenaires
Turcophones,
Saoudiens ou Tchétchènes.
De plus, les
troupes d'élite Syriennes n'étaient pas
en grand nombre dans la région et
surtout pas au sein des deux villes en
question qui étaient principalement
défendues par les forces de défenses
locales, un corps de volontaires civils
peu entrainés et incapables de faire
face à un assaut d'une telle ampleur.
Mais en toile de
fond de ces événements récents, un
élément essentiel vient de faire son
apparition. Depuis le début de la guerre
en Syrie, les trois principales
puissances sponsorisant les groupes
rebelles et anti-Assad n'étaient pas
unies pour des raisons de stratégie
régionale. Conséquence directe, sur le
terrain la kyrielle de groupes qui
s'opposaient au pouvoir Syrien se
combattaient les uns et les autres pour
obtenir le soutien financier, logistique
et militaire de La Turquie, du Qatar,
des Emirats-arabes ou de l'Arabie
Saoudite.
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Publié le 21 mai 2015 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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