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Nouvelles révolutions de couleur :
vers plus de violence ?
Alexandre Latsa
© Sputnik.
Evgeni Kotenko
Lundi 13 avril 2015
Au cours de la
décennie qui a suivi l’effondrement de
l’Union soviétique, les stratèges
américains ont élaboré des méthodes de
renversement d’un pouvoir politique ne
nécessitant pas d’intervention militaire
et limitant au maximum le nombre de
victimes collatérales.
Longtemps restées
secrètes et cachées au grand public,
c'est après les opérations de
manipulation réussies en Serbie que des
blogueurs et analystes ont commencé à
dévoiler les rouages de ces phénomènes
pour le moins surprenant qui ne
ciblaient qu'un type similaire d'Etats.
Manipulation et
non-violence
Les révolutions de
couleur sont basées sur des stratagèmes
extrêmement subtils, modernes et
subversifs, fondés sur la
non-violence et conçus par un
politologue américain du nom de
Gene Sharp.
Au cours des 20
dernières années, ces méthodes de
résistance non violentes ont été
structurées puis appliquées via des ONG
soit disant neutres et axées sur la
société civile, qui étaient en réalité
financées plus ou moins directement par
diverses ONG ou Fonds en lien direct
avec le département d'État américain. La
CIA va même dispenser des formations aux
leaders de ces « pôles de résistance »,
manifestant l'implication directe du
département d'Etat dans ces mouvements
soi-disant spontanés. Ceux qui auraient
des doutes sur la véracité d'un tel fait
peuvent se référer à
l'interview donnée par un des
principaux activistes non-violents en
Serbie, membre d'Otpor,
a la revue Politique internationale.
Non-violence 2.0
Ces techniques
pratiques visant à réaliser des
révolutions non violentes vont être
adaptées au monde moderne et fusionnées
avec les nouvelles technologies,
trouvant dans les réseaux sociaux un
formidable vecteur de propagation. Dans
la foulée, les initiateurs et militants
d'Otpor et du coup d'Etat en Serbie ont
créé à Belgrade le centre CANVAS, qui
promeut les stratégies des révolutions
non violentes partout dans le monde et
se targue d'être « intervenu » dans plus
d'une
quarantaine de pays. La liste des
partenaires et sponsors
annoncés sur le site témoigne de la
mainmise du département d'Etat sur cette
« usine à révolutions », implication du
reste confirmée
par Wikileaks.
Le virus des
révolutions de couleur s'est propagé
au cours de la première décennie du
siècle au monde eurasiatique, et au
cours de la seconde au sein du monde
musulman,
24 révolutions de couleurs ayant eu lieu
ces 25 dernières années. CANVAS est en
effet intervenu dès le début du
printemps arabe
en Egypte mais aussi dans la grande
majorité des
pays arabes concernés par le
soi-disant « printemps révolutionnaire
».
Guerre de
l'information et échec des processus
«colorés»
La réalité va
cependant rapidement reprendre ses
droits, et les régimes issus des
quelques révolutions de couleur
s'effondrer aussi rapidement qu'ils
avaient éclos. En Serbie, ce sont les
ex-partenaires de Milosevic qui sont au
pouvoir, l'opposition a repris le
pouvoir en Géorgie et en Ukraine, les
dernières élections présidentielles et
législatives organisées dans un cadre
légal (impliquant tous les partis, et
pas en temps de guerre) ont vu la
victoire systématique de Viktor
Ianoukovitch et du Parti des régions.
Ce point est
fondamental: il implique que si le mode
opératoire (la révolution en elle-même)
est rôdé, la gouvernance n'est pas au
point, mettant les nouvelles élites «
colorées » face au risque du suffrage
universel qu'il n'est pas (encore?)
possible de supprimer.
Le point crucial de
la
guerre de l'information prend à cet
instant présent toute son importance,
puisque la révolution s'est
systématiquement s'accompagnée d'une
campagne de désinformation massive axée
sur l'émotionnel visant à intensifier la
manipulation des masses, transformées en
agents inconscients, tandis que la
minorité active (les agents conscients)
peut continuer son travail avec une
majorité acquise à sa cause.
Dans l'ex-espace
soviétique, la manipulation des foules a
cessé dès qu'elle n'est plus parvenue à
masquer les réalités économiques et
politiques, et la mauvaise gestion des
nouvelles élites « colorées ». Dans le
même temps, en Russie, la communication
anti-orange, connaissait de lourds
succès.
La violence, nouveau
mode opératoire?
A la lumière de ces
considérations, le scenario ukrainien
est extrêmement intéressant. Le Maïdan
n'est pas une révolution de couleur de
plus, mais un nouveau modèle de
révolution de couleur qui a cessé d'être
non-violent. L'échec du projet de
couleur de 2004 a donné naissance au
projet 2015 qui inclut désormais
la violence dans son mode opératoire
(coup d'Etat de Pravy Sektor, assassinat
de représentants des forces de l'ordre,
snipers qui tirent sur la foule…). Autre
macabre innovation:
l'élimination totale de l'élite
politique à renverser, pour éviter que
celle-ci ne puisse revenir au pouvoir
par volonté populaire via des élections
libres.
Alors que la
bataille de la communication semble
en passe d'être perdue par la
puissance instigatrice de des coups
d'Etats déguisés, il est plausible que
l'humanité connaisse un nouveau cycle de
révolutions de couleurs.
Apres la révolution
de couleur 1.0 (non violente), la
révolution de couleur 2.0 (non-violente
et via l'aide d'internet), nous
assistons actuellement à l'éclosion de
la version 3.0: des révolutions de
couleurs ultraviolentes, réalisées à
l'aide des nouvelles technologies.
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Publié le 18 avril 2015 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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