ALAHED
Les rivalités entre Saoudiens et Qataris
et l’investissement US dans les «vaches
laitières» du Golfe
Akil Cheikh Hussein
Samedi 10 juin 2017
Du premier abord, l’observateur peut
penser que les causes des altercations
qui frappent les relations entre le
royaume saoudien et le Qatar sont,
seulement, du genre des égoïsmes, des
convoitises et de la concurrence dont il
n’est pas rare de les voir provoquer des
inimitiés entre deux pays voisins qui se
trouvent, tous les deux, au bord d’une
crise ouverte à un profond abime.
Le problème dans cette manière de voir
est qu’elle ne prend pas en
considération la réalité représentée par
le fait que les doigts étasuniens et
israéliens ne peuvent cesser de troubler
les eaux dans la région dans le but
d’obtenir une pêche toujours plus
abondante.
En effet, Washington joue un rôle
important dans l’escalade en cours entre
Saoudiens et Qataris. Et lorsqu’on parle
d’un rôle que joue Washington, on
n’oublie pas que l’agencement de ce rôle
se fait avec la participation sioniste
ou même sous l’inspiration sioniste.
Certes, le fait que le camp
«israélo-étasunien» tienne à susciter
des désaccords -même entre des parties
alliées qui n’ont d’autres soucis que la
satisfaction des Etats-Unis et l’entité
sioniste- s’inscrit dans le cadre du
projet hégémonique qui n’accepte, à long
terme, la présence d’aucun partenaire
local même si ce dernier est
inconditionnellement prêt à servir le
projet en question.
Mais à court terme, rien n’empêche
Washington d’utiliser les rivalités
comme moyens de chantage destinés à
faire des gains financiers. C’est ainsi
qu’après le butin que Trump a apporté de
sa vache laitière saoudienne et qui a
atteint un demi-trillion de dollars, il
parait que le Qatar -dont le poids
financier n’est pas moins important que
celui du royaume saoudien- est
maintenant ciblé pour être le deuxième
membre dans le troupeau de vaches
golfiques. Il est certain qu’il y aura
un troisième membre dans la personne de
l’Etat des Emirats arabes unis. Et ainsi
de suite jusqu’à la fin du cycle avec
laquelle le processus de chantage et de
récolte de trillions recommence sous des
titres nouveaux mais avec les mêmes
vaches.
A la lumière de cette considération, il
n’est pas du tout important de
s’interroger sur la véracité ou la non
véracité des déclarations attribuées à
l’émir du Qatar dans lesquelles il
aurait salué l’Iran, le Hezbollah et le
Hamas, tout en exprimant son
mécontentement vis-à-vis de la visite
saoudienne de Trump et toute l’aménité
avec laquelle il a été reçu à Riyad.
Toute l’importance est à donner ici aux
significations de la véhémente campagne
lancée, contre le Qatar, depuis
plusieurs semaines dans les grands
médias étasuniens.
Il va de soi qu’il n’est pas possible de
négliger le fait que cette campagne soit
couverte financièrement, et avec toute
la fameuse générosité arabe, par les
Saoudiens et les Emiratis et ce pour des
raisons comme la sympathie du Qatar
envers les Frères musulmans et la
Turquie, aussi bien que l’ambition
affichée du Qatar de concurrencer avec
les Saoudiens pour le leadership du
monde sunnite.
Tout cela reste pourtant marginal en
comparaison avec l’offensive menée
contre le Qatar par les médias aux
Etats-Unis des semaines avant
l’éclatement de la crise actuelle.
Le but de cette offensive est
l’attisement des désaccords entre les
pays du Golfe et la provocation de la
peur des uns contre les autres pour
ainsi pousser toutes les parties à
concurrencer entre elle afin de gagner
les faveurs des Etats-Unis et de
l’entité sioniste grâce aux juteuses
libéralités financières.
Dès son retour à Washington, Trump a dit
: «Je suis rentré avec des Milliards».
Il a apporté ces milliards du royaume
Saoudien en excitant sa peur vis-à-vis
de l’Iran. Et on ne manquera peut-être
pas de l’entendre dire : «Je suis rentré
avec des milliards» du Qatar en excitant
sa peur vis-à-vis du royaume saoudien ou
des Emirats.
Faire main basse sur les richesses du
Golfe est essentiel pour Washington qui
est aux prises avec sa crise économique
et sa dette qui avoisine maintenant les
20 trillions de dollars. Pour s’acquérir
de ces richesses Washington n’hésite pas
de provoquer, dans la région, des
guerres qui garantissent le bon
fonctionnement de l’industrie militaire
aux Etats-Unis.
Des guerres que l’alliance des
Israéliens, des Etasuniens et des
faux-Arabes aimerait bien diriger contre
l’Iran et l’axe de la Résistance. Mais
la hantise chronique d’affronter l’Iran
et le désir de le faire pour la raison
mentionnée plus haut poussent vers des
guerres entre les parties les plus
faibles de l’alliance: Etre le royaume
saoudien et autres pays du Golfe et le
Qatar, puis contre les Emirats, Oman ou
le Koweït. C’est ainsi que les guerres
du royaume saoudien enveloppent, en plus
de sa guerre contre le Yémen, tous les
coins de la péninsule arabique, avant de
déborder, si le royaume saoudien
continue d’exister, et de dégringoler
vers des alliés comme la Jordanie,
l’Egypte ou le Soudan.
Comble de l’ironie: La plus importante
leçon à tirer des événements de ces
dernières années est l’entrée des
membres de l’alliance dans des
désaccords qu’imposent les défaites
encaissées par l’alliance dans ses
guerres contre l’Iran et l’axe de la
Résistance au Liban, en Palestine, en
Irak et au Yémen.
Des désaccords entre les Etats-Unis et
le royaume saoudien, entre la Turquie et
les Etats-Unis, entre le royaume
saoudien et la Turquie, entre le royaume
saoudien et le Qatar… Le tout sur le
chemin du chaos destructeur non dans les
pays de l’axe de la Résistance, mais
dans tous les pays hostiles à cet axe.
Source: french.alahednews
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