Opinion
Economie: l'exemple qui nous est donné
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Vendredi 5 juin 2015
Nous ne pouvons préjuger des
connaissances de Abdelmalek Sellal en
histoire des modes de production et de
système de gestion de l’économie, mais
force est de constater qu’il devrait
prendre garde de ne pas se laisser
emporter par la fougue quand il
s’exprime sur des sujets aussi
complexes. Les mots ont un poids, dont
il faut tenir compte. Le premier
ministre a affirmé que «l'économie
administrée fait partie du Moyen âge »,
en faisant référence à la planification,
voulant certainement dire que l’économie
qui lui est enseignée par le Fonds
monétaire, la Banque mondiale, l’Union
européenne et leurs commis, fait partie
de l’avenir. Ceci pour plaire au
parterre de patrons qui l’écoutaient.
Une mission de l’UE va venir en Algérie
pour élaborer un programme, qui fournira
au pays quelques recettes dans ce sens,
en application des orientations en
vigueur qui visent à offrir le plus
d’espace possible aux forces du marché,
très pointilleuse quand il s’agit de
risquer leur argent. A la clé, ce qui
importe, c’est que les hommes d’affaires
ne trouvent plus à redire des conditions
dans lesquels ils doivent évoluer. Sur
ce plan, il est devenu très difficile de
faire passer une opinion contraire,
malgré tout ce que démontre la nuisance
des politiques prônées et que Sellal
défend, sans regarder leurs effets de
l’autre côté de la Méditerranée. Le
régime français a fait mieux dans le
domaine et mis du zèle à faire. Il a vu
le chômage augmenter, alors qu’il a
financé 450.000 emplois « aidés », à
raison de 3 milliards d’euros par an,
et, envers et contre tout, il va en
lancer 100.000 autres. Il a aussi
consenti, aux entreprises privées, 40
milliards d’euros de baisse des
prélèvements, en s’attendant qu’elles
recrutent, elles ne l’ont pas fait. Le
résultat en est que le chômage a, quand
même, connu une hausse de 75%, depuis
2008 et continue de laisser sur le pavé
des vagues de Français désemparés et de
plus en plus pessimistes sur leur
devenir. Ils sont déjà 6 millions à ne
pas trouver de travail ou à accepter une
« activité réduite » et tout présage
qu’ils seront plus nombreux. Face à
cela, face à la faillite criante du
néolibéralisme à la sauce du Traité de
Lisbonne, comment croire qu’en Algérie
la même démarche va booster les
investissements et la création
d’emploi ? Pourquoi se mettre sous la
houlette théorique de conseillers dont
les préceptes ont semé la désolation au
sein des sociétés européennes ? Ce sont
là des questions que ne se posent pas
notre « opposition démocratique », ni la
presse dite « anti-pouvoir », lesquelles
sont pour et voudraient plus de
concessions en matière de
libéralisation. Le peuple, lui, loin des
discours fastidieux, sait que l’Algérie
a besoin d’un Etat qui s’occupe d’abord
et avant tout de ses citoyens, au mieux
de leurs intérêts. Ce qui signifie que,
pour ce faire, l’Etat ne doit s’en
remettre à personne et surtout pas aux
affairistes, dont personne n’est assez
dupe, encore moins un premier ministre,
au point de considérer qu’ils peuvent se
préoccuper du bien être des gens, en
même temps qu’ils doivent s’atteler à
fructifier leurs capitaux.
Ahmed Halfaoui
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