Tunisie
Tunisie: La «Nuit
des bougies»,
une lueur d'espoir dans l'hiver
islamiste
Zohra Abid
Jeudi 13 décembre 2012
La
«Nuit des bougies» a drainé, mardi soir,
des centaines de personnes à la Place
Mohamed Ali, siège de l'Union générale
tunisienne du travail (Ugtt). Les
artistes et intellectuels se montrent
solidaires de la centrale syndicale.
Par Zohra
Abid
La nuit tombée, la Place symbolique
était noire de monde. Universitaires,
défenseurs des droits de l'homme,
avocats, médecins, artistes de tout bord
et autres représentants de la société
civile étaient au rendez-vous avec leurs
bougies allumées.
Ils sont venus le soir, pour exprimer
leur solidarité avec l'Ugtt, dont le
bureau exécutif était réuni, à
l'intérieur du bâtiment, pour discuter
des termes de l'accord obtenu avec le
gouvernement sur l'annulation de la
grève annoncée pour le jeudi 13
décembre. Les négociations, qui ont duré
toute la journée, au palais du
gouvernement, à la Kasbah, ont réuni 5
vice-présidents de l'Ugtt et 5
ministres.
Tout en essayant de s'informer de
l'évolution de la situation, les
manifestants faisaient de la musique,
chantaient et alternaient pour faire des
discours politiques...
Dans un autre coin, des hommes de
théâtre déclamaient des poèmes; d'autres
laissaient leurs empreintes sur les murs
avec des graffitis; d'autres discutaient
sagement de la situation dans le pays,
des ratés du gouvernement et des
pratiques autoritaires du parti Ennahdha
(au pouvoir). D'autres sujets ont été
imposés par l'actualité de ces derniers
jours: les éléments d'Al-Qaïda déployés
dans les régions frontalières avec
l'Algérie et préparant (déjà) le jihad
dans un pays, la Tunisie, qui était
longtemps prémuni contre ce genre
d'extrémisme!
De temps en temps, on entend des
slogans hostiles au gouvernement, des
appels à sa chute, et des rappels des
récents évènements, notamment des
affrontements à Siliana, et, surtout,
des appels à la dissolution des
«ligues de la protection de la
révolution» considérées comme le
bras armé du parti Ennahdha.
Un air de fête certes, mais
l'inquiétude se lisait dans le regard
grave de tous les présents.
Ici, la nuit est froide et longue.
Après le «printemps de la révolution
de la liberté et de la dignité», la
crainte de «l'hiver islamiste»
est bien réelle.
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Publié le 13 décembre 2012 avec
l'aimable autorisation de Kapitalis
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