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Parti antisioniste
Sécurité des urnes
ou agents de la paix ?
Yahia Gouasmi
Photo : P.A.S.
Mardi 24 août 2010
Dans un contexte de
démantèlement des camps de Roms, d’expulsions, de stigmatisation
des gens du voyage et de graves incidents dans certaines
banlieues entre des jeunes et les forces de police, M. Sarkozy
et son gouvernement tentent de rebondir en enfourchant le vieux
cheval « sécuritaire », sur fond de xénophobie et de racisme.
Après les échecs économiques et sociaux et les scandales
politico-financiers, M. Sarkozy a réactivé la campagne
sécuritaire dans un discours prononcé à Grenoble le vendredi 30
juillet, à l’occasion de l’installation du nouveau préfet de
l’Isère (un haut fonctionnaire de police, comme c’est maintenant
le cas dans le département de la Seine-Saint-Denis). Lors de son
intervention, le Président a marqué sa volonté de déchoir de la
nationalité française certains Français, et a ouvertement
associé délinquance et immigration. Il a annoncé des
interpellations à grand spectacle dans les cités dites
sensibles, et s’en est pris aux maires et aux élus municipaux
jugés laxistes en matière de sécurité. Cette véritable offensive
lancée par le gouvernement a créé, même dans son propre camp, un
fort malaise : certains élus UMP n’ont pas manqué de prendre
leurs distances avec les propositions et les déclarations
tonitruantes du gouvernement.
On connaît les problèmes constitutionnels que poserait la
déchéance de la nationalité française. On a pu voir le peu de
résultats que les opérations de police et les interpellations
ont donnés ces dernières semaines. On sait que la plupart des
Roms expulsés de leurs campements s’installeront plus loin, ou
alors expulsés de France vers leur pays d’origine – souvent la
Roumanie membre de l’Union européenne – ils ne tarderont pas à
revenir en France. Quel est alors le véritable but de cette
offensive sécuritaire et xénophobe de M. Sarkozy ? Il y a
bien-sûr l’optique électorale pour 2012 : conserver voire
augmenter le nombre de voix racistes et xénophobes. Mais à ce
jeu M. Sarkozy ne sera pas nécessairement gagnant, vu l’échec de
sa politique depuis 2007. De nombreux électeurs sécuritaires ou
xénophobes risquent fort de retourner à leur parti d’origine ou
de s’abstenir.
Indépendamment des calculs politiciens pour l’élection
présidentielle de 2012, ce gouvernement a largement banalisé la
xénophobie et la recherche du bouc émissaire. Depuis qu’Eric
Besson, ministre de l’Immigration, a ouvert le 2 novembre 2009
un grand débat sur l’identité nationale, et avec les dérapages
racistes du ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, qui lui ont
valu une condamnation en justice pour laquelle il a fait appel,
on sent très bien qu’un nouveau climat a été instauré en France.
On cherche volontairement à opposer les communautés, à désigner
des coupables, en un mot, à créer un véritable climat de
pré-guerre civile !
Il est intéressant d’observer les réactions des fonctionnaires
de police à travers leurs syndicats, ainsi que celles de la
gendarmerie, interdite de syndicalisme mais dont les états d’âme
sont malgré tout perceptibles. Ces fonctionnaires ont à faire à
une réduction drastique de leur budget, donc des effectifs et
des moyens. Ils sont au premier rang pour comprendre l’absurdité
de la politique sécuritaire de M. Sarkozy : on leur demande
toujours plus de « sécurité », avec moins de moyens sur le
terrain. Ajoutons à cela la politique du chiffre dans le but
d’obtenir une baisse des statistiques de la délinquance, et on
comprendra aisément que le moral de la police ne soit pas au
plus haut. Cela s’est d’ailleurs manifesté le 23 mars dernier à
Melun, lorsque des policiers de la BAC (Brigade Anti
Criminalité) ont tourné le dos au Président de la République,
alors que celui-ci rendait hommage à un policier tué pendant son
service par un membre de l’ETA (Le Monde, le 18 août 2010).
Le malaise est moins perceptible au sein de la gendarmerie, mais
le mécontentement s’y fait tout autant sentir.
On est alors en droit de se poser une question : qui souhaite
une escalade de la violence prenant à partie les forces de
l’ordre ? Une aggravation de la situation donnerait à M.
Sarkozy l'occasion d’apparaître alors comme un « sauveur ». Lors
de l’élection présidentielle de 2007, nous avons en effet
compris à qui avaient profité les émeutes de 2005. Est-ce cette
politique du pire, de la peur et de la discorde qui a été
programmée ? Il est à craindre qu’un drame ne se produise
dans un quartier dit sensible, autant la mort d’un jeune que
d’un fonctionnaire de police. Il pourrait s’en suivre alors une
série d’émeutes, permettant au pouvoir de durcir la législation
et les mesures sécuritaires en cette période de crise.
Tout le monde sent, confusément, que la France est en train de
glisser vers un climat politique malsain, qu’elle n’a pas connu
depuis au moins la guerre d’Algérie. Souhaitons que les jeunes
aussi bien que les fonctionnaires de police sauront éviter le
piège que leur tend M. Sarkozy, et qu’ils refuseront de devenir
de fait ses agents électoraux.
Le Président,
Yahia Gouasmi.
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