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Parti antisioniste
Le canal de Suez
appartient-il à Israël ?
Yahia Gouasmi
La frégate iranienne Alvand pendant sa
traversée du canal de Suez ce mardi 22 février 2011
Photo: P.A.S.
Mercredi 23 février 2011
Deux navires de
guerre iraniens ont, dans la matinée de ce mardi 22 février
2011, franchi le canal de Suez en direction de la Méditerranée.
Il s’agit de la frégate Alvand et du navire
ravitailleur Kharg. La destination finale de ces deux
bateaux est la Syrie, où ils effectueront selon des sources
diplomatiques iraniennes « une visite de routine ».
Depuis plusieurs jours, les informations les plus
contradictoires ont circulé au sujet de l’utilisation du canal
de Suez par ces navires iraniens. La grande question était de
savoir si le nouveau pouvoir égyptien allait, oui ou non, donner
son autorisation à l'Iran, alors que depuis 1979 aucun bâtiment
iranien n’avait été autorisé à emprunter le canal. Israël, par
la voix du Premier ministre Benyamin Netanyahou et de son
ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, a tout de
suite crié à la provocation !
En réalité, cette affaire est le premier test sérieux en matière
de politique étrangère qu’a eu à affronter le nouveau pouvoir
militaire en Égypte. La question est simple : le gouvernement du
Caire, en charge du canal de Suez, doit-il appliquer le droit
international vis-à-vis de l’Iran, ou plutôt obéir à Tel Aviv ?
C’est, semble-t-il, la première option qui a été choisie par le
Caire. Selon des informations en provenance du Conseil militaire
suprême égyptien, l’autorisation de passage a été donnée en
application de la Convention de Constantinople (1888),
laquelle stipule que « Le Canal Maritime de Suez sera
toujours libre et ouvert, en temps de guerre comme en temps de
paix, à tout navire de commerce ou de guerre, sans distinction
de pavillon » (Article 1er de la Convention).
C’est une grande victoire pour la République islamique d’Iran et
tout le Front de la Résistance antisioniste. Cette victoire est
d’autant plus importante lorsqu'on connaît le rôle stratégique
et symbolique du Canal de Suez.
Stratégique car il est le lieu de passage de la plupart du
commerce entre le Golfe, l’Asie et l’Europe. Il représente 8% du
commerce maritime mondial, soit environ 3 milliards de
dollars de revenus annuels pour l’État égyptien. La grève des
1500 employés du canal, qui dure depuis le 16 février, constitue
un manque à gagner de 200 millions d’euros par jour !
Mais, le canal de Suez a aussi une valeur hautement symbolique
pour tous les Égyptiens et tous les peuples arabes. Sa
nationalisation en 1956, par le Colonel Nasser, avait marqué à
l’époque le réveil du nationalisme arabe. Cette nationalisation
fut immédiatement suivie d’une agression conjointe de la part
d’Israël, de la Grande-Bretagne et de la France. Les agresseurs
seront repoussés avec l’aide des deux nouveaux impérialistes du
moment, les États-Unis et la Russie soviétique. Malgré ce
contexte, la récupération par l’Égypte de son canal avait été
ressentie par tous les peuples en lutte pour leur indépendance
comme une victoire. Un nouveau chapitre de l’histoire venait de
s’ouvrir : il était possible de tenir tête aux arrogants, qui en
étaient restés à la « politique de la canonnière » du siècle
passé. Notons enfin que, à l’occasion de cette agression,
l’entité sioniste obtint de la France (dirigée par le socialiste
Guy Mollet) l’accès à l’arme nucléaire à l’insu du peuple
français et de sa représentation parlementaire. Le lobby
sioniste était alors déjà très influent en France !
Le canal de Suez confère à la révolution égyptienne une
dimension économique, stratégique et symbolique souvent occultée
par les médias. Comme nous l’avons déjà écrit (voir notre
article intitulé «
Traité de paix israélo-égyptien : L'humiliation du
peuple égyptien ! »), le Conseil militaire
suprême qui a succédé à Hosni Moubarak est, pour l’instant,
condamné au grand écart. Il doit à la fois canaliser la volonté
révolutionnaire du peuple, et éviter un bain de sang. Or,
interdire le passage du canal aux navires iraniens
aurait signifié un retour à la situation d’avant la
nationalisation de 1956, ou à l'acceptation – comme c'était le
cas sous Moubarak – que le vrai propriétaire de ce canal est
Israël ! Le peuple égyptien, encore mobilisé, ne
l’aurait certainement pas accepté. Cependant, autoriser le
passage à l'Iran crée un précédent inacceptable pour Tel Aviv,
qui a réagi avec la violence (pour l’instant verbale) que l’on
sait.
Que va faire l’USraël ? Tout est possible. Cela peut aller
de la simple pression sur l'armée égyptienne, à l’agression
contre les navires iraniens avec des conséquences incalculables,
non seulement militaires, mais également politiques comme la
radicalisation des révolutions arabes en cours.
Nous assistons à une nouvelle situation en Égypte. Les
dirigeants de ce pays ont désobéi à Israël (de bon gré ou
contraints par la pression de leur peuple, peu importe). Et le
temps où un État islamique et souverain, l’Iran, était interdit
de circulation sur le canal de Suez, semble pour le moment
révolu. Une autre étape est à présent en vue : interdire aux
navires de guerre américains et israéliens d’emprunter ce canal
pour rejoindre le Golfe Persique, et y menacer tous les États
riverains. Un rêve ? En ce moment, l’accélération de
l’Histoire dans cette région du monde nous permet de rêver…
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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