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UJFP
Une loi en Israël
pour interdire la commémoration de la Nakba
Lundi 1er juin 2009
Poursuivant sa politique d'épuration ethnique, l'Etat d'Israël
examine un projet de loi visant à interdire toute commémoration
du jour de la Naqba.
Nous vous communiquons ci-dessous les textes de 2 associations
réagissant à cette situation et réaffirmons notre double volonté
de soutenir le droit au retour des Palestiniens expulsés lors de
la création de l'Etat d'Israël et d'appeler au BDS (Boycott
Désinvestissement et Sanctions) face à la politique d'apartheid
et d'épuration ethnique d'Israël.
Les 2 associations sont l'Association Arabe pour les Droits
Humains et Zochrot.
*Le gouvernement soutient le projet de loi visant à
interdire la commémoration de la Nakba.* HRA
L'association arabe pour les droits humains se présentera au
Conseil d'association UE-Israël qui doit se réunir le 15 juin
2009, afin de demander l'inscription de cette question à l'ordre
du jour, étant donné que l'adoption de la loi est une violation
flagrante des termes de l'accord d'association entre les deux
parties –
- Mohammad Zeidan (directeur de l'association arabe pour les
droits humains, le 27 mai2009).
Au début de cette semaine, le comité ministériel législatif a
ratifié à la majorité absolue un projet de loi soumis par huit
membres du parti d'extrême droite Israël Beteinou, visant à
amender la Loi du jour de l'indépendance de manière à ce que
quiconque commémorerait la Nakba serait passible de trois ans
d'emprisonnement !!?
L'argumentaire était le suivant : « il est proposé que la loi
interdise toute action qui revient à faire du jour de
l'indépendance ou de l'établissement de l'Etat un jour de deuil
et que soient sévèrement pénalisés ceux qui exploitent le
caractère démocratique et éclairé de l'Etat d'Israël pour le
déstabiliser de l'intérieur ».
L'association arabe pour les droits humains, en même temps
qu'elle rejette sans équivoque ces lois, considère le soutien du
comité ministériel (gouvernemental) à cet amendement comme un
l'adoption de fait du programme des partis fascistes de droite
de ce gouvernement. Ces partis adoptent des programmes racistes
qui appellent à la restriction des droits fondamentaux de la
personne et du citoyen et aux libertés fondamentales de la
minorité palestinienne de ce pays, sous prétexte de déloyauté
envers l'Etat.
HRA voit cette décision comme l'adoption officielle par le
gouvernement des programmes des partis racistes. En effet, un
bon nombre de propositions de lois du même genre ont été faites
au cours des derniers mois, toujours avec le soutien de la
majorité des membres du gouvernement actuel et de la Knesset. Il
y a là une menace réelle contre les droits fondamentaux et les
libertés, en particulier le droit élémentaire de s'exprimer
librement, de s'associer et de manifester qui sera directement
et substantiellement affecté si ces lois passent.
A ce sujet, Mohammad Zeidan, directeur de HRA a déclaré:
"l'augmentation du racisme dans la partie juive et les appels
croissants, dans les dernières années, au rejet de la présence
palestinienne dans le pays tant au plan officiel que vécu,
expliquent la présence de programmes racistes aux niveaux légal
et législatif, lesquels sont un défi fondamental qui exige une
réponse ferme de la communauté internationale et, pour le moins,
l'adoption d'un rejet sans équivoque".
Zeidan a ajouté: "Continuer à tenir des réunions dans les
capitales du monde avec Lieberman (le ministre des affaires
étrangères) est absurde alors que lui et son parti sont les
leaders et le symbole de cette approche et de l'idéologie
fasciste et raciste qui produit, propose e adopte une
législation raciste contraire aux droits humains et aux
principes du droit international
Il est inconcevable que l'Union européenne continue à avoir des
liens aussi forts avec Israël et s'emploie à les rehausser et à
les développer en dépit de ces revers et des violations des
droits humains élémentaires.
Zeidan a affirmé que 'L'association arabe pour les droits
humains se présentera au Conseil d'association UE-Israël qui
doit se réunir le 15 juin 2009, afin de demander l'inscription
de cette question à l'ordre du jour, étant donné que l'adoption
de la loi est une violation flagrante des termes de l'accord
d'association entre les deux parties et des conventions
universelles sur les droits humains et, avant tout, de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et de la
Convention Internationale sur les droits civils et politiques."
" Zeidan a egalement declare: "L'association arabe pour les
droits humains appelle à poursuivre la commémoration de la Nakba,
afin que l'action populaire soit une réponse aux lois racistes,
parce que l'histoire et la mémoire humaine, individuelle comme
collective, ne se soumettent pas aux lois ni aux politiques
conçues dans un état d'esprit raciste ou dans une atmosphère
fasciste hostile."
L'association arabe pour les droits humains
Nazareth - - 25 mai 2009
Une réponse à la proposition d'interdiction de la
commémoration de la naqba le Jour de l'indépendance -Eitan
Bronstein - Zochrot-
La proposition d'une loi interdisant la commémoration de la
Naqba le jour de l'indépendance d'Israël montre la nervosité
grandissante en Israël devant l'inévitable confrontation avec la
Naqba palestinienne et la compréhension de la part que la Naqba
tient dans l'identité israélienne. Il y a peu encore, on ne
craignait pas la mention la Naqba. Pas besoin de combattre ce
démon réprimé, qui pouvait faire une apparition soudaine et
rompre le calme apparent de l'harmonieuse démocratie juive. Mais
la Naqba n'est pas un démon, ni le fruit d'une imagination
malade, et l'on ne peut alors sous-estimer le défi que doit
affronter la société israélienne : reconnaître le rôle d'Israël
dans l'expulsion en 1948 de la majorité des habitants
palestiniens du pays, la destruction de la plupart des localités
palestiniennes (plus de 500), la destruction de la civilisation
palestinienne dans les villes, et les dizaines de massacres,
viols, incidents violents, et expropriation. Se regarder dans un
miroir aussi sombre apporte courage et maturité, comme le
prouvent les travaux de chercheurs comme Morris, Gelber,
Milstein, Khalidi, Pappe, et autres, tout autant que les
journaux de Netiva Ben Yehuda et Yosef Nahmani.
On ne s'étonnera pas que la " réponse sioniste adéquate", soit
d’inscrire cette oblitération d'une horreur humaine par une loi,
soit l'œuvre des milieux d'extrême droite. Ils ont toujours eu
la franchise de leur racisme contre les arabes d'Israël, si on
les compare avec la gauche qui marchande devant le monde et
devant nous son honnête (et illusoire ) désir de paix.
Voici quatre vingt ans, Jabotinsky, le leader historique de la
droite, sans doute le penseur sioniste le plus réaliste, disait
clairement qu'un état juif demanderait que ses citoyens soient à
jamais des soldats protégés par un "Mur d'acier". Jabotinsky
comprenait qu'une existence juive dépendait de l'usage d'un
force violente, être tué ou tuer dans une région où les Arabes
prédominaient et ne voudraient pas les accepter. Il y a
un an, Tzipi Livni, sa disciple, a suggéré, dans le cadre d'un
accord de paix général, que les Palestiniens bannissent le mot
Naqba de leur vocabulaire.
Le philosophe grec Thrasymaque nous a enseigné que « la loi est
ce qui est bon pour le plus fort », mais aucune loi, pas même
celle de la démocratique Knesset juive, ne peut gommer les
horreurs de l'histoire. Les traces de ces horreurs sont toujours
visibles, dans les mémoires collectives et individuelles, et
dans l'oubli. En Israël, les "sabras", ces buissons épineux de
cactus, sont devenus les monuments vivaces et torturés de la
Naqba palestinienne. Les Palestiniens avaient fait venir du
Mexique cette plante obstinée pour borner et défendre leurs
terres. Le sabra n'a pas fait que persévérer dans le paysage
bien après qu'Israël ait chassé ceux qui l'avaient plantée, il
est devenu sauvage en dépit de tous les efforts pour
l'éradiquer. Peut-être, en réponse, le gouvernement israélien
pourrait-il rendre illégale la consommation de ses fruits.
Pendant ce temps le souvenir de la Naqba grandit et a s’enracine
dans les fissures du Mur d'acier. Les réfugiés palestiniens – la
majorité des Palestiniens sont de fait des réfugiés - portent le
deuil depuis le premier jour de la Naqba, et demandent justice.
Après les accords d'Oslo, quand ils ont réalisés que leurs
demandes seraient renvoyées aux calendes grecques, ils sont
entrés en lutte contre l'indifférence du monde envers leur
tragédie; Quoi qu'il en soit, la proposition d'une loi d'oubli
de la Naqba est de fait une réponse aux changements culturels et
politiques à l'intérieur de la société israélienne juive pour
tenir compte de ce désastre. Ce qui menace vraiment le Mur
d'acier colonialiste est qu'une majorité de ses soldats refuse
d'obéir au commandement de ne pas se souvenir. Ces dernières
années, des milliers de juifs en Israël ( et dans le monde), ont
participé à la commémoration de la Naqba au moment de la
commémoration de l'indépendance d'Israël. Ces dernières années,
des centaines d'Israéliens se sont adressés à Zochrot - une
organisation qui travaille à inscrire la mémoire de la Naqba
dans la conscience des Juifs israéliens - pour s'informer. Des
journalistes, des écrivains, des architectes, ainsi que des gens
venus du cinéma, de la télévision et du théâtre qui ont été
nourris des bonnes vieilles histoires d'Israël veulent découvrir
leur passé refoulé. Des enseignants ont acquis le matériel
éducatif sur la Naqba que propose Zochrot. Des anciens soldats
du Palmach se sont adressés à Zochrot pour raconter, avant que
leur vie ne finisse, ce qu'ils ont fait et vu en 1948.
Qui sait, peut-être que le jour n'est pas loin où le choix
central du débat politique sera Israël tel qu'il est
aujourd'hui, contre la reconnaissance de la Naqba et le droit au
retour des réfugiés palestiniens. Quand nous en serons là, les
citoyens d'Israël pourront choisir entre deux perspectives
claires : la séparation et la violence perpétuelle, ou la vie en
égalité avec les autres habitants du pays et les réfugiés. Pour
faire advenir ce jour, nous devrions créer un nouveau mot en
hébreux :" dé-colonisation".
Eitan Bronstein
Zochrot
Translation: Yuval Orr (and Talia Fried) et en français ujfp
(JJ)
Tel Aviv, May 2009
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