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Gaza : le massacre de Zeitoun
Tom Eley
© Photo PCHR
Mardi 13 janvier 2009 Dans
les annales des crimes de guerre, le nom de « Zeitoun » prendra
place aux côtés de noms comme « My Lai », « Fallouja », « Sabra
et Chatila », « Guernica », « Nankin », « Lidice » et « Wounded
Knee ».
Ces deux derniers jours, le
massacre qui s'est déroulé à Zeitoun, un quartier au Sud de Gaza
City, a commencé à sortir de l'ombre. Des groupes d'aide
humanitaire, dont la Croix-Rouge, ont utilisé depuis mercredi
les pauses de trois heures dans les bombardements israéliens
pour tenter tant bien que mal d'évacuer les blessés, il semble
que certains d'entre eux y soient encore. La plupart des morts
ont été abandonnés sur place.
Ce qui est particulièrement
abominable dans le massacre de Zeitoun — dont les détails
continuent à faire surface — c'est le comportement sadique des
Forces de défense israéliennes (FDI). C'est une exécution en
masse qui s'est poursuivie plusieurs jours durant.
Les FDI ont trompé les
résidents, leur promettant qu'ils seraient saufs s'ils se
rassemblaient en grand nombre dans des bâtiments précis, puis
ils les ont bombardés. Durant quatre jours, les Israéliens ont
ensuite laissé les malades et les mourants — tous des civils,
dont une majorité de jeunes enfants — sans assistance médicale,
sans eau ni nourriture, alors qu'ils jouissaient d'un contrôle
total sur cette zone. De plus, ils ont repoussé les demandes
répétées des travailleurs humanitaires d'accéder au quartier.
Le nombre de morts à
Zeitoun n'est pas connu avec certitude. Pour le moment, il
semble qu'il se situe entre 70 et 85. Mais ce nombre pourrait
augmenter significativement, les blessés laissés sans assistance
continuant à mourir, et les travailleurs humanitaires découvrant
les corps des victimes dans les bâtiments bombardés.
Israël a bombardé Zeitoun
le dimanche, en prenant rapidement le contrôle. La cité occupe
une position stratégique au Sud de la ville de Gaza, qui
pourrait être utilisée par les FDI pour lancer une attaque sur
la ville de Gaza proprement dite.
Selon des survivants, après
avoir envahi la ville, les FDI ont poussé les familles
nombreuses à se regrouper dans des bâtiments situés au centre de
la ville, les faisant avancer sous la menace des armes d'un
bâtiment à l'autre. Les FDI ont déclaré aux résidents de Zeitoun
qu'ils les emmenaient dans des bâtiments qui n'allaient pas être
bombardés.
Mais dans un cas au moins,
il a été révélé que les FDI ont enfermé 110 Palestiniens dans un
bâtiment qui a été bombardé moins de 24 heures plus tard, tuant
peut-être 70 personnes, tous civils. Les travailleurs
humanitaires n'ont découvert les corps qu'après avoir été tenus
durant quatre jours à l'écart de ce quartier de Zeitoun.
Ceux qui étaient dans le
bâtiment, qui a été décrit comme un « entrepôt » par un
survivant, ont été abandonnés à l'intérieur sans eau ni
nourriture. Au bout d'une journée, trois hommes ont tenté de
s'aventurer à l'extérieur pour trouver de la nourriture. Ils ont
immédiatement été touchés par un tir de barrage des FDI. À ce
moment, un missile a frappé le toit de l'entrepôt.
Meysa Samouni, 19 ans, a
survécu à l'attaque avec sa petite sœur de deux ans, qui a été
blessée, elle a décrit la scène : « Lorsque le missile est
tombé, je me suis plaquée au sol avec ma sœur en dessous de moi.
Tout s'est rempli de fumée et de poussière, et j'ai entendu des
cris et des pleurs. Une fois que la fumée et la poussière sont
un peu retombées, j'ai regardé autour de moi et j'ai vu 20 à 30
personnes qui étaient mortes, et environ 20 qui étaient
blessées.
« Les personnes qui ont été
tuées autour de moi étaient mon mari, qui a été touché dans le
dos, mon beau-frère qui a été touché à la tête et dont le
cerveau était sur le sol, ma belle-mère Rabab, le frère de mon
beau-père Talal, et sa femme Rhama Muhammad a-Samouni, 45 ans,
la femme du fils de Talal, Maha Muhammad a-Samouni, 19 ans, et
son fils, Mohammed Hamli a-Samouni, cinq mois, dont tout le
cerveau était sorti du corps, Razqa Mohammed a-Samouni, 50 ans,
Hanan Khamis a-Samouni, 30 ans, et Hamdi Majid a-Samouni, 22
ans. »
Un médecin de la
Croix-Rouge qui a visité Zeitoun a décrit une scène horrible au
Telegraph. « Dans la maison Samouni, j'ai vu environ 10
corps et à l'extérieur 60 autres. Je n'étais pas capable de les
compter précisément parce que nous n'avions pas beaucoup de
temps et que nous cherchions les blessés… J'ai pu voir un
bulldozer de l'armée israélienne abattre des maisons à
proximité, mais nous manquions de temps et les soldats
israéliens ont commencé à nous tirer dessus. »
« Nous avons dû abandonner
environ huit blessés derrière nous parce que nous ne pouvions
pas les atteindre et qu'il n'était plus sûr pour nous de
rester. »
Dans un autre bâtiment de
Zeitoun, les Israéliens ont rassemblé 80 personnes. Des
survivants racontent que des soldats israéliens ont abattu des
gens de sang-froid lorsqu'ils ont tenté de s'enfuir. D'après un
autre survivant, un homme, Atiyeh Samouni, a été abattu par les
Israéliens après avoir ouvert sa porte pour les accueillir. Puis
son fils de deux ans a été abattu aussi.
Toujours d'après les
survivants, la plupart des hommes de Zeitoun ont été arrêtés,
cagoulés, et emmenés ailleurs. Certains ont été utilisés comme
boucliers humains.
La déclaration publique du
Bureau des Nations unies pour la Coordination des affaires
humanitaires concernant ce bombardement s'appuyait sur les
récits des survivants, il venait confirmer un reportage de
l'agence Associated Press et des témoignages réunis par
un groupe israélien de défense des droits de l'Homme.
C'est dans le même quartier
que la veille la Croix-Rouge avait trouvé quatre enfants presque
morts près des corps de leurs mères. La Croix-Rouge a découvert
les corps de 15 autres personnes dans un bâtiment bombardé, qui
ont probablement eu des morts lentes et très douloureuses dues à
l'absence d'assistance médicale. Des soldats israéliens étaient
stationnés à moins de 90 mètres de cette famille.
Les agences humanitaires
ont appris le massacre de Zeitoun lorsque des survivants du clan
Samouni sont arrivés à la ville de Gaza au début de la semaine.
Selon le Telegraph, « Une poignée de survivants, certains
blessés, d'autres portant des enfants morts ou mourants, ont
rejoint à pied la principale route nord-sud de Gaza avant d'être
emmenés à l'hôpital sur des brancards. Trois jeunes enfants ont
été enterrés dans la ville de Gaza ce soir-là. »
Mais Israël a refusé à la
Croix-Rouge la permission de se rendre dans le quartier jusqu'à
mercredi.
Une centaine d'autres
personnes qui avaient besoin d'un traitement médical ont été
évacuées de Zeitoun, non en raison de blessures, mais à cause de
la déshydratation et de la famine. La ville est restée sans eau
ni nourriture depuis qu'Israël l'a occupée dimanche.
À Genève, le
Haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l'Homme, Navi
Pillay, a condamné les atrocités commises à Gaza. Israël affirme
que toutes ses actions sont justifiées par les tirs de roquettes
dérisoires des Palestiniens. Mais Pillay a déclaré que cela ne
dispensait pas Israël de se conformer aux lois internationales.
Dans un entretien accordé à la BBC, Pillay a déclaré que les
actions d'Israël semblaient réunir « tous les éléments des
crimes de guerre ».
L'ONU et le Programme
mondial contre la faim ont interrompu leurs apports d'aide
alimentaire à Gaza en raison des attaques commises régulièrement
par les FDI contre des organisations humanitaires. Depuis
mercredi, Israël affirme avoir observé un cessez-le-feu de trois
heures par jour pour permettre aux travailleurs humanitaires de
se rendre dans les zones sous contrôle des FDI. Cependant, en
plusieurs occasions, les FDI ont tiré sur les travailleurs
humanitaires durant la prétendue pause de trois heures.
Selon la convention de
Genève, une armée qui envahit un pays est responsable de la
prise en charge des malades, des blessés et de
l'approvisionnement en nourriture dans les territoires qu'elle
contrôle. Israël enfreint manifestement ces conventions,
bloquant complètement la livraison de nourriture et de
médicaments, tirant sur les ambulances et les empêchant de
parvenir jusqu'aux blessés, et laissant mourir les malades et
les blessés sous son contrôle.
Certains éléments indiquent
que Zeitoun a été spécifiquement désignée par les FDI pour faire
un exemple. Le Telegraph mentionne que c'était un lieu
connu pour l'activité du Hamas.
Le massacre de Zeitoun est
un crime de guerre abominable dont les FDI et le gouvernement
israélien portent la responsabilité. Mais le déchaînement de
violence des FDI ne serait pas possible sans le soutien plein et
entier des États-Unis et la complicité des Nations unies, des
puissances européennes et des régimes arabes du Moyen-orient.
Si Israël entre dans la
ville de Gaza, qui abrite plus de 400 000 habitants, les
méthodes employées à Zeitoun seront réemployées à une échelle
bien plus grande.
(Article original anglais
publié le 9 janvier)
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Publié le 14 janvier 2009 avec l'aimable autorisation du WSWS
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