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Questions Critiques

Que ceux qui ont gagné des milliards de dollars
avec la crise du crédit lèvent la main !

Stephen Foley


Les milliardaires de la finance. De gauche à droite : George Soros, Jim Simons, John Paulson
et Philip Falcone prêtent serment lors de l'audition parlementaire d'hier (GETTY)

The Independent, vendredi 14 novembre 2008

article original : "Hands up if you made billions of dollars out of the credit crisis"

Les ‘maîtres de l’univers’ des fonds spéculatifs confrontés à un interrogatoire parlementaire serré sur leur rôle dans la crise mondiale du crédit.

     Les cinq directeurs de fonds spéculatifs (Hedge Funds) les mieux payés – qui ont gagné à eux cinq, l’année dernière, 12,6 milliards de dollars, alors même que le monde financier commençait à se désagréger autour d’eux – ont été traînés, hier, devant le Congrès des Etats-Unis et attaqués sur leurs salaires colossaux, leur avantages fiscaux et leur contribution à la crise qui a submergé la planète.

     Dans un numéro théâtral public qui reflétait non seulement la crise actuelle, mais également une décennie ou plus d’inégalité salariale croissante, ces cinq hommes se sont déclarés innocents d’avoir provoqué le krach boursier et insisté sur le fait que leurs richesses reflétaient leur dur labeur et leur intuition en matière d’investissement.

Ainsi que l’un des parlementaires, Elijah Cummings, l’a formulé, "voici cinq citoyens qui ont plus d’argent que Dieu lui-même", et il a poursuivi en s’en prenant vertement aux réglementations qui leur ont permis de ne payer qu’une fraction des impôts qu’un professeur lambda, un pompier ou un plombier pourrait payer. Philip Falcone, dont la société Harbingder Capital est l’un des plus gros fonds spéculatifs du monde, a souligné ses débuts modestes dans une famille de neuf enfants vivant dans un quatre-pièces dans le Minnesota. "Mon père occupait un poste de contremaître dans un service public et ma mère travaillait dans un atelier local de confection", a-t-il déclaré. "Je suis très fier de mon éducation et il est important que les gens sachent que parmi les dirigeants de fonds spéculatif tous ne sont pas nés sur la cinquième avenue."

Bien que beaucoup de directeurs de fonds spéculatifs mènent des vies de consommation ostentatoire, ils accordent autant de valeur à leur vie privée qu’ils se cramponnent aux réglementatons – ou à leur absence – qui leur permettent de garder secrètes leurs stratégies d’investissement. Hier, leurs témoignages sous serment, dans la salle ovale géante de la commission à Capitol Hill, les a fait sortir de leur habitat naturel et, tout maîtres de l’univers qu’ils soient, plusieurs d’entre eux étaient intimidés.

John Paulson – qui a soudainement rejoint les rangs des milliardaires après avoir parié en 2005 que Wall Street était inondé d’investissements surévalués dans des crédits hypothécaires que des millions d’Américains seraient au bout du compte incapables de rembourser – a été invité plus d’une douzaine de fois à parler plus fort, afin que l’on puisse l’entendre. Jim Simons, le mathématicien de génie dont le groupe Renaissance Technologies fait partie des fonds d’investissement les plus respectés du monde, a été invité à cesser de "marmonner".

Cette audition était la dernière de ce que les farceurs de Wall Street appellent les "Procès en Sorcellerie de Waxman" [Waxman Witch Trials]. La commission parlementaire de surveillance, dont le président est Henry Waxman, a assigné à comparaître tous les principaux acteurs de cette crise, après avoir humilié, lors d’une audition précédente, Dick Fuld, le PDG de la banque Lehman Brothers qui s’est écroulée, et les patrons des agences de notation qui, selon M. Simons, "ont permis de vendre de vulgaires cailloux au prix des diamants".

Hier, M. Waxman a déclaré : "Nos quatre précédentes auditions ont examiné les échecs. L’audition d’aujourd’hui a un accent différent. Les cinq directeurs de fonds spéculatifs qui témoigneront aujourd’hui ont connu une réussite inouïe."

Dans le monde entier, les fonds spéculatifs ont été accusés pour leur rôle dans l’effondrement des banques, dont beaucoup ont souffert dans leurs phases terminales d’une crise de confiance, provoquée, selon certains directeurs, par la vente à découvert des actions de leurs sociétés. La commission d’hier n’a fait exception, en décrit les fonds spéculatifs qui pratiquent la vente à découvert (c’est-à-dire, qui placent des paris sur la baisse du cours d’une action)[1] comme d’une aide apportant de l’efficacité aux marchés boursiers, en mettant en lumière les mauvaises sociétés. Mais la plupart [des parlementaires] étaient d’accord sur le fait que plus de régulation dans cette industrie serait désirable, comme le serait une plus grande transparence sur les positions [que prennent ces spéculateurs].

Cependant, le pugnace Ken Griffin, du groupe Citadel basé à Chicago, a tenu bon devant la marée. Plus de transparence "équivaudrait à demander à Coca-Cola de dévoiler leur formule secrète." Et il a dit aux parlementaires de ne pas répéter les erreurs du passé, lorsque les débats politiques sur une plus grande régulation ont poussé en grande partie vers l’étranger le marché des produits dérivés. "Cela me brise le cœur", a dit M. Griffin, "lorsque je me rends à Canary Wharf [le "quai des canaris", dans la City de Londres], et que je vois ces milliers d’emplois hautement rémunérés du marché londonien des dérivés, des emplois qui appartiennent à l’Amérique."

George Soros, l’une des plus hautes autorités de l’industrie des fonds spéculatifs, a déclaré qu’il était sorti de sa retraite pour gérer son fonds, face au tsunami financier qui menaçait sa fortune personnelle de pertes importantes.

Le philosophe, le petit malin, l’homme tranquille, le joueur et l’acheteur :
Les hommes qui se trouvent derrière les fonds spéculatifs


George Soros - Getty images

Soros Fund Management

Rémunération en 2007 : 2,9 milliards de dollars

Célèbre pour avoir été celui “qui a mis à terre la Banque d’Angleterre ”, après avoir fait plus d’1 milliard de dollars nets en pariant que la livre sterling chuterait après sa sortie du Système Monétaire Européen en 1992, cet homme de 78 ans s’en est pris au capitalisme du libre échange débridé comme étant à la racine de crise d’aujourd’hui.


James Simons - Getty images

Renaissance Technologies

Rémunération en 2007 : 2,9 milliards de dollars

A 70 ans, le directeur de fonds spéculatif le plus cher du monde, charge 5% par an à ses clients, plus un pourcentage monstrueux de 44% sur les retours sur investissement au-delà d’un certain seuil. Son fonds fait tourner des programmes "black box" [boite noire] qui récoltent des profits minuscules sur des millions d’opérations boursières automatisées.


John Paulson - Getty images

Paulson & Company

Rémunération en 2007 : 3,7 milliards de dollars

Après avoir un géré un obscur fonds spéculatif pendant 14 ans, cet homme de 52 ans a construit ce que ses rivaux appellent "le plus formidable fonds spéculatif de tous les temps". En conséquence, il est parti mener ses opérations boursières dans les Hamptons, le terrain de jeu des new-yorkais sur la pointe orientale de l’Etat de New-York, où il s’est offert une propriété fortifiée au bord d’un lac pour la modique somme de 41 millions de dollars.


Philip Falcone - Getty images

Harbinger Capital Partners

Rémunération en 2007 : 1,7 milliards de dollars

Cet homme de 47 ans a fait sa fortune en échangeant des obligations pourries dans les années 80. Sa firme a été fondée en 2001 et il a fait fortune l’année dernière en pariant contre les obligations hypothécaires subprime. Ses deux fonds ont réalisé en 2007 d’obèses retours sur investissement, respectivement de 114 et 176%.


Kenneth Griffin - Getty images

Citadel Investment Group

Rémunération de l’année dernière : 1,5 milliards de dollars

L’année dernière, on a cru que ce tout juste quadragénaire aurait pu devenir l’un des plus gros joueurs mondiaux de la finance après avoir acheté un si grand nombre de fonds, de banques et de courtiers dans la détresse. A présent, il lutte pour sauver son propre fonds qui a fondu cette année de 35%.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques] - Photos : (Getty images)

Note :

[1] La vente à découvert consiste à vendre au règlement mensuel une action que l’on ne possède pas et de la racheter lorsqu’elle a atteint un cours plus bas. Sur ce marché, où son cotées les plus grosses entreprises, il n’est pas nécessaire de livrer les actions ou d’en prendre possession. En fin du mois, on fait les comptes et les spéculateurs empochent leurs bénéfices ou règlent leurs pertes. En cas de pertes il est possible de demander un "report", moyennant un modique pourcentage sur les sommes en jeu. Grâce à cette technique, les fonds spéculatifs peuvent vendre en masse sur le marché des actions (qu’ils ne possèdent pas) et créer ainsi des paniques sur tel ou tel titre. C’est ainsi qu’au prétexte de jouer le rôle d’arbitre ("arbitragist"), ces fonds parviennent parfois à massacrer certaines actions, à tel point que la capitalisation boursière d’une société peut se retrouver en dessous de ses fonds propres. Une fois l’objectif atteint, les fonds rachètent en masse les titres bradés par les petits porteurs paniqués, faisant ainsi remonter les cours et empochant d’énormes bénéfices. Parfois, ils prennent le contrôle de l’entreprise. Une fois ce deuxième objectif atteint, l’entreprise peut être démembrée en se débarrassant de ses départements ou filiales les moins rentables et des plans de réduction d’effectifs sont exigés pour maximiser les profits. Voilà comment on plonge des régions entières dans le chômage en les excluant de l’activité économique et comment l’on plume les petits porteurs.

Publié le 15 novembre 2008 avec l'aimable autorisation de Questions Critiques
Crédits photos : Getty images



Source : Questions Critiques
http://questionscritiques.free.fr/...


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