Liban
Dans l'univers
des fantômes
Soraya Hélou
Saad
Hariri
Vendredi 26 août
2011
Le paysage tient du pur délire : Une
personne fantôme est interviewée par un
journaliste dont on ignore le nom et le
tout est publié dans un hebdomadaire
prestigieux, le Times Magazine des
Etats-Unis. Même un petit journal de
province dans un pays du Tiers-monde
aurait refusé de publier une interview
avec une personne non identifiée
réalisée par un correspondant dont le
nom est tenu secret. Mais non, le
prestigieux Times saute sur l’occasion.
En fait c’est son site internet qui
publie le texte car dans la version
papier, il n’y a rien de tel.
Qu’importe, les vigilants piliers du 14
mars qui lisent chaque soir avant de
dormir et chaque matin à leur réveil les
médias internationaux, Times et der
Spiegel en tête ont tout de suite décelé
l’importance de cette entrevue fantôme
et l’usage qu’ils peuvent en faire pour
déstabiliser le gouvernement Mikati. Car
au fond, c’est tout ce qui compte pour
eux : se venger de Mikati et reprendre
la place qui revient selon eux à Saad
Hariri. Tous leurs slogans de vérité et
de justice ne vont pas plus loin. Le
fait que le gouvernement Hariri s’il
était resté en place n’aurait pas pu
arrêter les quatre personnes recherchées
par le TSL ne les dérange pas outre
mesure, ainsi que la faiblesse des
indices présentés dans l’acte
d’accusation. Non, leur monde s’arrête à
un fauteuil et ce fauteuil, tous les
moyens sont bons pour le retrouver, même
l’utilisation ridicule d’un article de
presse qui ne correspond à aucun critère
déontologique et professionnel. Le
correspondant du Times à Beyrouth a
d’ailleurs bien du mal à tenter de tirer
son épingle du jeu. Alors comme cela, on
aurait rajouté à son article analytique
l’interview réalisée par quelqu’un
d’autre et il n’aurait pas protesté
puisque le tout est signé de son nom ?
Il n’aurait même pas cherché à savoir
qui a réussi à le doubler pour réaliser
un tel scoop alors qu’il se vante de
bonnes relations avec le Hezbollah lui
qui est installé au Liban depuis bientôt
11 ans ? Et c’est cette mascarade
médiatique que les chansonniers les plus
inventifs n’auraient pas pu imaginer qui
sert de base à la campagne menée par le
14 mars contre le gouvernement ?
Décidément, le débat politique au Liban
tombe bien bas. Et en faisant feu de
tout bois, même celui qui est pourri par
l’humidité et les mensonges, le 14 mars
montre plus que jamais combien il est
pitoyable, n’ayant ni arguments, ni
projet global, obsédé par le pouvoir et
mû par la haine. C’est une bien belle
alternative qu’il propose ainsi aux
Libanais, dont ses partisans. Dans cet
univers de fantômes et d’ombres, le plus
triste est encore de voir qu’un scénario
aussi gros et peu crédible fait quand
même l’objet d’un débat…
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