Opinion
La chasse aux voix
: la nouvelle donne de la présidentielle
française
Soraya Hélou
Mardi 24 avril 2012
Sans surprise, le
premier tour de l’élection
présidentielle française a montré qu’une
grande partie des Français ont un rejet
du chef de l’Etat actuel Nicolas
Sarkozy, tout en restant favorables aux
thèses qu’il n’a cessé de piquer au
Front national, dirigé par Marine Le
Pen. Toute la stratégie sarkozienne de
se placer à la droite du Front national
a ainsi montré ses limites, une bonne
partie des électeurs de droite préférant
la version originale à la copie.
Après le
premier tour, le paysage électoral reste
en tout cas un peu confus, donnant un
avantage au candidat socialiste François
Hollande au détriment du président
sortant. Il est vrai que l’écart entre
eux reste limité (un peu moins que 2%),
mais ce qui est le plus important, c’est
que toutes les voix des autres candidats
de gauche iront à Hollande, alors que
les autres voix de la droite n’iront pas
forcément à Sarkozy.
Forte de ses presque 20%, Marine Le
Pen qui annoncera sa position officielle
le 1er mai se laisse pour l’instant
courtiser par les deux camps et ses
exigences sont claires: elle veut un
plan clair pour combattre l’immigration
et donc en quelque sorte le ministère de
l’Intérieur dans tout prochain
gouvernement. S’il est difficile à
Hollande de répondre à une telle
exigence, Sarkozy peut la satisfaire
mais à quel prix ? De toute façon,
l’ensemble des voix du Front national
n’iront pas à Sarkozy, le fondateur de
ce Front, Jean Marie Le Pen ayant
déclaré le 22 avril au soir, juste après
le premier tour qu’il n’appellera pas à
voter Sarkozy.
Le véritable problème pour les deux
candidats du second tour, c’est qu’avec
le taux élevé de la participation au
premier tour, il est difficile de
trouver de nouvelles voix. C’est
pourquoi ils doivent piocher dans les
réserves déjà existantes, en d’autres
termes dans les voix du candidat du
centre François Bayrou (à peu près 9%)
et dans les voix du front national. Or,
dans les deux partis, Sarkozy n’est pas
populaire. Ce qui permet aisément de
croire qu’il n’aura pas l’ensemble de
ces voix même si les deux chefs de file
donnent des instructions claires en ce
sens. Ce qui d’ailleurs n’arrivera pas
forcément. Dans ces conditions, François
Hollande apparaît comme le candidat
favori du second tour. Mais on ne peut
pas pour autant dire que la partie est
terminée.
Car le président Sarkozy s’est imposé
comme un excellent candidat, un
véritable orateur agressif et capable de
mettre en difficulté son adversaire.
C’est d’ailleurs pourquoi Hollande a
refusé de mener dans l’entre-deux tours
trois débats télévisés avec son
adversaire, comme le réclamait ce
dernier, se contentant d’un seul car il
sait que Sarkozy est un excellent
communicateur.
Voilà en gros le tableau électoral
qui passionne actuellement une partie du
monde arabe. Même si en réalité, il y a
peu de chances d’un grand changement
dans la politique étrangère de la France
quel que soit le nouveau président. La
gauche française es traditionnellement
connue pour ses liens étroits avec
"Israël" alors que Sarkozy a montré au
cours de son quinquennat qu’il
s’inscrivait totalement dans le sillage
de la politique américaine et
israélienne dans la région. Ce n’est
donc pas un nouveau président en France
qui va changer la donne au Moyen orient,
mais bien la force de la ligne de la
résistance et le rapport de forces
internationales…
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