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Opinion
Les plans
diaboliques de M. Feltman
Soraya Hélou
Jeffrey Feltman
Lundi 23 mai 2011
Il y a quelque chose de bizarre dans la situation en Syrie et
l’attitude de la communauté occidentale à son égard. Moins il y
a d’événements et de manifestants et plus les réactions sont
violentes. C’est un peu comme si, au lieu d’accompagner les
informations, les positions occidentales à l’égard du régime
syrien cherchaient à les créer ou à les provoquer. Avec
malheureusement la complicité de certaines parties libanaises.
Par exemple, en voyant que les appels aux manifestations ne
parviennent plus à mobiliser grand monde, les médias ont
commencé à amplifier les affrontements à Tell Kalakh, relayant
les « confidences » des réfugiés syriens au Akkar.
Les responsables occidentaux, américains et européens en
particulier ont profité de l’occasion pour durcir leur ton à
l’égard du régime. De même, en voyant que le ton des
responsables occidentaux ne montait pas suffisamment, l’ancien
vice-président syrien Abdel Halim Khaddam est monté au créneau,
allant jusqu’à donner une interview à une chaîne de télévision
israélienne dans laquelle il a quasiment supplié les Turcs et
l’Otan d’envahir la Syrie « pour sauver le peuple de
l’oppression de ses dirigeants ». Khaddam est bien entendu
l’exemple-même du dirigeant démocrate et non corrompu. Mais non
content d’avoir accompli un tel acte de bravoure, il a donné
deux jours plus tard, une interview fleuve au quotidien saoudien
« Al Chark al Awsat » dans laquelle il a repris les mêmes
thèmes.
Vendredi, les manifestations étaient réduites, le flux de
réfugiés vers le Liban a considérablement baissé et le calme a
régné dans la plupart des villes et des localités. Malgré cela,
le président américain a trouvé moyen d’exiger « la fin de la
répression et les réformes », alors que le secrétaire d’Etat
adjoint Jeffrey Feltman, ancien patron virtuel du 14 mars est
arrivé au Liban, pour redonner du punch et relever le moral de
ses alliés déçus de voir le régime syrien tenir le cap et se
lancer dans un véritable processus de réformes.
Que faut-il conclure à partir de toutes ces données ? Il semble
de plus en plus clair que les émeutes en Syrie sont le fruit
d’un véritable plan concocté par certaines parties occidentales
et arabes pour affaiblir ou même renverser le régime syrien qui
serait ainsi remplacé par un autre plus malléable et plus ouvert
aux plans américano-israéliens dans la région.
Ceux qui ont préparé le plan pensaient qu’effrayé après avoir vu
ce qui s’est passé dans d’autres pays, le président syrien
serait prêt à négocier et donc à accepter les conditions
américano-israéliennes, celles-là même qui lui avaient été
remises par Colin Powell en 2003, après l’invasion américaine de
l’Irak.
Mais contrairement aux pronostics occidentaux, le régime syrien
a tenu bon, démontrant à son peuple l’existence d’un complot
fomenté contre lui pour le faire céder sur les questions
nationales arabes. Les comploteurs ont tenté de multiplier les
actes de violence pour faire basculer l’opinion publique, alors
que les responsables occidentaux alternaient menaces de
sanctions et sanctions réelle.
En dépit de toutes ces manœuvres, le calme était en train de
revenir dans la plus grande partie des régions syriennes. C’est
alors que la carte libanaise a été jouée à fond avec l’ouverture
en grand « du front libanais », à partir du Nord, relayé par des
déclarations enflammées de députés du Courant du Futur,
notamment Okab Sakr, Khaled Daher et Mohammed Kabbara, alors que
le 14 mars se préparait à organiser un rassemblement « de
solidarité avec la population syrienne ».
En réalité, il faut surtout, aux yeux des initiateurs du
complot, empêcher le régime syrien de s’en tirer sans faire la
moindre concession. Il ne faut donc pas le lâcher à n’importe
quel prix. Car lui permettre de remporter cette partie, alors
que toute la communauté occidentale et de nombreux pays arabes,
ainsi que tous les médias du monde sont mobilisés contre lui
signifierait non seulement que le régime a réussi à vaincre
toutes ces forces, mais aussi qu’il a réussi à entraver les
plans américano-israéliens, alors que le président Obama est en
train d’annoncer et de mettre au point sa nouvelle stratégie
pour le Moyen Orient. Toute sa crédibilité serait ainsi mise en
cause et dans une période aussi mouvementée les régimes qui sont
en train d’émerger pourraient décider que les Etats-Unis ne
sont plus aussi puissants qu’auparavant et qu’il vaudrait mieux
revoir les alliances et les calculs.
Le Liban restant la base arrière des Américains (une partie de
la classe politique libanaise en tout cas), il a fallu envoyer
le grand stratège à la rescousse, Jeffrey Feltman est donc
arrivé à Beyrouth pour rallier les troupes et donner les
nouvelles directives : encercler le régime syrien, augmenter la
pression, mobiliser les médias, multiplier les déclarations,
empêcher la formation d’un gouvernement issu des rangs du 8 mars
au Liban et les Etats-Unis feront le reste en augmentant la dose
de pression internationale avec les sanctions et la menace de la
publication de l’acte d’accusation. D’ailleurs, une
recrudescence des violences ( au moins dans les médias) en Syrie
a accompagné l’arrivée de Feltman à Beyrouth. Les manœuvres sont
claires et elles ne trompent plus personne. Elles sont claires,
comme sera clair le nouvel échec de la « diplomatie » de
M.Feltman, qui tout au long des 5 dernières années n’a pas
réussi à affaiblir le Hezbollah en dépit de toutes ses
tentatives et de tous ses plans diaboliques.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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