Opinion
Les va-t-en-guerre
du Liban et leur courte vision
Soraya Hélou
Photo:
Sana
Samedi 19 novembre
2011
En
l’espace de quelques heures, plusieurs
avertissements ont été émis sur la
possibilité d’éclatement d’une guerre
civile en Syrie. Le premier est venu du
ministre des AE russe, le second de son
homologue turc, et le plus récent de la
secrétaire d’Etat américaine Hillary
Clinton.
Voilà qui devrait faire taire les
va-t-en guerre libanais qui ne cessent
de prôner le changement de régime en
Syrie, comme s’il ne s’agissait que
d’une petite promenade sans grande
conséquence sur l’ensemble de la région.
Inconscience, courte vue ou haine à
l’état pur, les partisans de la thèse du
changement font croire à leurs ouailles
que le départ du régime de Bachar Assad
sera dans l’intérêt des Arabes et de la
région en général, occultant les actes
de violence commis par les opposants
syriens et reconnus même par
l’administration américaine, ainsi que
les attaques annoncées par leurs médias
des soldats déserteurs contre des
positions de l’armée syrienne.
Ils
occultent aussi les appels émis à partir
de la Turquie des Frères musulmans à une
action militaire étrangère contre la
Syrie. Pour des nationalistes soucieux
de souveraineté, d’indépendance et de
démocratie, c’est un peu fort. Mais rien
ne semble devoir entamer l’enthousiasme
fervent des va-t-en guerre libanais à
l’égard de l’opposition syrienne. Tous
les appels à la raison les laissent
indifférents, comme si, une guerre
civile en Syrie n’aura aucune
répercussion sur le Liban.
Et pourtant ! Les groupuscules «
islamistes » au nord, à Tripoli et au
Akkar plus précisément, ne cachent pas
qu’ils se préparent activement à prendre
le pouvoir dans les régions sous leur
contrôle et à attaquer enfin ces «
mécréants » que sont les chiites et en
particulier la résistance. Les
agressions contre un hôtel et un débit
de boissons à Tyr, il y a quelques jours
sont l’indice que certains groupes
préparent déjà des incidents pour monter
les communautés les unes contre les
autres et notamment les chrétiens contre
les chiites, pour semer le chaos au
Liban, en parallèle au chaos en Syrie.
Les
faits sont là, les préparatifs aussi,
notamment -selon des informations
sécuritaires- dans certains camps
palestiniens, et les ténors du Courant
du Futur continuent de clamer haut et
fort avec une belle inconscience qu’il
n’y a rien à craindre et que toutes ces
théories visent à faire peur aux
Libanais, pour maintenir « la dictature
au pouvoir » en Syrie.
Ils font semblant de ne pas voir combien
la tension est en train de monter dans
certaines régions du pays et comment le
clivage politique ne cesse d’augmenter
au point de pousser les représentants de
chaque camp à ne plus s’adresser la
parole que par le biais d’invectives.
Ce qu’ils font surtout semblant de ne
pas voir c’est qu’en cas de chaos en
Syrie, ils seront les premiers à être
balayés au Liban par les groupes «
salafistes » incontrôlables et tous les
groupuscules qui se préparent à semer le
désordre sur fond de tensions
confessionnelles.
En dépit de ce scénario alarmiste, il y
a encore de grandes possibilités pour
qu’il ne se produise pas. D’abord parce
que le régime syrien tient le coup et
qu’il n’est pas sur le point de
s’effondrer pour céder la place au chaos
ou à la guerre civile et aussi parce
qu’au Liban, il existe des forces
positives, conscientes des dangers et
soucieuses de l’intérêt général. Ces
forces-là feront tout pour éviter que le
Liban ne sombre dans la guerre civile et
le chaos et pour qu’il ne soit pas
détourné de sa lutte initiale contre
l’ennemi israélien. Le Liban et la Syrie
sortiront grandis de cette épreuve, mais
ce ne sera pas à cause des excités qui
sous couvert de volonté démocratique ne
cherchent que des vengeances
personnelles ou ne font qu’exécuter les
plans ourdis à l’étranger et qui ne
servent que les intérêts d’"Israël".
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