Opinion
Pour la CIA, le
coup de grâce de la résistance...
Soraya Hélou
Mercredi 14 décembre
2011
Les
révélations sont hallucinantes et elles
sont faites pour la première fois dans
l’histoire du Liban moderne. Et ce n’est
même pas la trame d’un des fameux romans
d’espionnage qui sont publiés
régulièrement et qui ont pour théâtre le
Liban. Vendredi dernier, au cours d’une
émission sur la chaîne « Al Manar », le
député Hassan Fadlallah a démonté
entièrement le processus d’enrôlement
des espions pour le compte de la CIA
tout en divulguant, noms et documents à
l’appui, le noyau (10 officiers de la
Centrale d’espionnage américaine) qui
fait travailler les espions et qui est
installé à Aoukar.
Indépendamment des détails fournis au
cours de cette émission télévisée et qui
n’ont jamais été démentis par
l’ambassade des Etats-Unis au Liban, ces
révélations montrent d’abord l’ampleur
de l’infiltration de la CIA au Liban,
qui travaille avec un large réseau
d’espions sur l’ensemble du territoire
et plus particulièrement dans les zones
d’influence de la résistance. Elles
montrent ensuite -et ce qui est encore
plus grave- que la CIA et le Mossad ont
le même objectif au Liban et travaillent
main dans la main pour parvenir à
infiltrer le Hezbollah et les secrets
militaires et de défense libanais. Face
à ces données, l’Etat dans toutes ses
composantes devrait réagir dans deux
directions : d’abord démanteler les
réseaux d’espionnage pour le compte de
la CIA et de son allié le Mossad,
ensuite déposer des plaintes contre la
CIA et contre l’administration
américaine qui ne respecte aucune
souveraineté nationale et ne cherche
qu’à affaiblir le Liban pour le compte
d’"Israël". Quand on pense que pour bien
moins que cela, il y a eu un tapage
médiatique énorme lors de la découverte
d’un espion pour le compte d’"Israël" au
sein de l’administration américaine.
L’administration américaine sous Clinton
avait alors violemment protesté et
arrêté l’espion… avant de le remettre
quelques années plus tard à "Israël".
Mais cette même administration (même si
les têtes changent, la politique reste
la même) n’a pas jugé bon de présenter
des excuses au Liban et aux Libanais
pour violer ainsi leur souveraineté.
Elle avait violemment condamné
l’infiltration du Mossad sur son
territoire, mais elle ne considère pas
que c’est une faute d’agir de même au
Liban. Surtout qu’il s’agit pour elle de
découvrir « les secrets défense » du
Liban pour les remettre à son ennemi
"Israël"…
La leçon qu’il faut tirer de tout cela
c’est que la résistance a réussi un tour
de force historique en parvenant à
démonter les réseaux d’espionnage
américains, et elle aussi montré
clairement la coopération étroite entre
la CIA et le Mossad, au point que
travailler pour l’un signifie
automatiquement collaborer avec l’autre.
Mais c’est désormais à l’Etat libanais
de réagir et de prendre le relais :
poursuivre le dossier avec les autorités
américaines et condamner judiciairement
ceux qui coopèrent avec la CIA, car elle
implique leur collaboration indirecte
avec le Mossad, qui est un service
ennemi.
A l’instar de ses victoires militaires,
le Hezbollah est ainsi en train
d’enregistrer des victoires sécuritaires
encore plus spectaculaires que les
précédentes, car elles permettent pour
la première fois de montrer au grand
jour, les dessous d’un monde en général
secret. C’est un coup stratégique et la
preuve que chaque jour qui passe montre
de nouveaux exploits de la résistance au
Liban et démasque un peu plus le visage
véritable de ceux qui se déclarent des
amis et qui sont en fait des agents
nuisibles qui travaillent pour l’ennemi.
Reste encore un détail à relever : le
Hezbollah a fait ces révélations alors
que le secrétaire d’Etat adjoint
américain Jeffrey Feltman venait à peine
de quitter le Liban. Peut-être qu’il
comprendra enfin qu’il n’a plus vraiment
quelque chose à faire au pays du Cèdre.
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