Opinion
Quand le sort se
retourne contre le sorcier...
Soraya Hélou
Photo: RIA
Novosti
Mercredi 14 septembre
2011
Il a fallu
la campagne féroce lancée par le Courant
du Futur contre le président de la
Chambre Nabih Berry pour qu’une partie
de la vérité commence à apparaître. En
d’autres termes, on pourrait dire que le
sort est en train de se retourner contre
le sorcier. Le Courant du Futur croyait
en effet semer la discorde entre le
Hezbollah et le président de la Chambre,
dans une tentative d’isoler la
résistance et de la priver de son appui
chiite en publiant de prétendues
dépêches dans le cadre de Wikileaks qui
rapportent des propos désobligeants
contre le Hezbollah tenus par Berry.
Dans un premier temps, le secrétaire
général du Hezbollah sayed Nasrallah
avait répondu en réaffirmant sa
confiance totale en la personne de Nabih
Berry et en rappelant son rôle dans les
négociations avec les parties
occidentales pour aboutir en 2006 à un
cessez le feu dans des conditions
favorables à la résistance. Mais le
Courant du Futur qui n’en finit plus de
faire des paris perdants croyait avoir
trouvé un filon qui à la longue ne
pouvait que semer le doute dans les
esprits du Hezbollah.
La riposte de Berry a été magistrale. Il
a demandé à son adjoint le ministre Ali
Hassan Khalil qui avait pris des notes
pendant la guerre de 2006 en suivant
toutes les démarches et les contacts
entrepris par Nabih Berry de les publier
sans plus tarder. Ali Hassan Khalil
comptait en fait le faire mais dans un
livre de mémoire. Toutefois, en raison
de l’urgence du timing, il a été convenu
d’en publier une partie dans le
quotidien As Safir trois fois par
semaine. La première publication a
d’ailleurs été à la hauteur des
attentes. Elle couvre les réunions de la
conférence du dialogue qui avaient
commencé en mars 2006 et s’étaient
arrêtées en juillet, peu avant la
guerre, ainsi que les premiers jours de
celle-ci. On apprend que le chef
des Forces libanaises avait déclaré
devant les participants à la conférence
du dialogue au printemps 2006 qu’une
vaste opération militaire israélienne
contre le Liban est quasiment certaine
et le mieux, selon lui, serait de la
devancer en demandant le déploiement de
15 à 25 milliers de casques bleus le
long de la frontière. Autrement dit,
tout le tapage fait autour de la capture
des soldats israéliens le 12 juillet par
une unité du Hezbollah en lui faisant
assumer la responsabilité de la guerre
israélienne tombe de l’aveu même de ceux
qui lançaient les accusations. Puisque
Geagea savait que la guerre était
imminente, pourquoi lui et ses alliés
ont-ils accusé le Hezbollah d’avoir
provoqué la guerre, lançant le fameux
slogan largement utilisé dans les
échéances électorales internes sous la
question suivante : de quel droit le
Hezbollah détient-il le droit de faire
une guerre ?
Première révélation des « mémoires » de
Ali Hassan Khalil donc, Geagea savait
qu’"Israël" voulait lancer une agression
contre le Liban en 2006 et la capture
des soldats israéliens n’a donc été
qu’un prétexte. Seconde révélation,
Geagea et ses alliés cherchaient à tout
prix à déployer des forces de l’Onu à la
frontière dans le but de fermer le Sud à
la résistance avant de l’éliminer dans
son ensemble. Troisième révélation,
c’est la position du Premier ministre de
l’époque Fouad Siniora qui insistait
pour que les soldats israéliens lui
soient remis afin de les rendre aux
Israéliens sans la moindre contrepartie.
On se souvient tous de la fameuse
déclaration de Siniora à cette époque
sur l’ignorance du gouvernement et son
refus d’assumer la moindre
responsabilité dans l’opération du
Hezbollah, qui équivalait à une
condamnation déguisée. A cette époque,
il n’y avait pas encore eu les incidents
du 7 mai 2008 pour justifier le rejet
des armes du Hezbollah soi-disant
utilisées à l’intérieur. Pourtant, dès
cette époque, Siniora, Geagea et les
autres voulaient déjà s’en débarrasser.
Il s’agit donc pour eux d’un choix
stratégique anti-résistance qui n’a rien
à voir avec les développements internes
au Liban, puisqu’il s’inscrit d’un
alignement total sur la politique
occidentale pro-israélienne dans la
région.
Si la première publication a permis
toutes ces révélations, que réservent
encore celles qui vont suivre ?
L’ampleur du complot interne contre la
résistance semble aussi immense que la
détermination occidentale à détruire la
résistance pour protéger "Israël". Mais
elle reste moins grande que celle de la
résistance et de ses alliés à contrer
les projets de reddition. Affaire à
suivre.
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