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Opinion
Mobilisation tous
azimuts...
Soraya Hélou
Samedi 12 mars 2011
Voilà, c’est fait. Le camp du 14 mars a
obtenu la dernière bouffée d’encouragement qui lui manquait
encore pour compléter la mobilisation massive de ses partisans
pour la grande manifestation du 13 mars. Sans aucune honte, sans
même prendre la peine de tenter de cacher un timing plus que
suspect, le procureur Daniel Bellemare a remis au juge Fransen
vendredi peu avant la fermeture officielle des bureaux, une
nouvelle copie amendée et élargie de son acte d’accusation.
L’idée est claire : montrer à la veille du rassemblement du 13
mars que le tribunal poursuit son action et qu’il élargit son
champ d’accusation, comprendre vers la Syrie. Ce qui, sans nul
doute, devrait donner plus de matière aux discours attendus
dimanche. Quelle conclusion faut-il tirer de cette démarche à
laquelle on pourrait donner tous les qualificatifs, de
politique, à grossière manœuvre sauf celui de professionnelle ?
D’abord, que la première version de l’acte d’accusation, remise
on s’en souvient par le procureur au juge Fransen, le jour même
du début des consultations parlementaires pour la désignation
d’un nouveau Premier ministre (un autre timing on ne peut plus
suspect), n’a pas été jugée satisfaisante par le juge de la mise
en état qui a demandé au procureur de revoir sa copie. Ensuite,
que la mobilisation des partisans du 14 mars est considérée
insuffisante, en dépit de tous les moyens utilisés, au point
qu’il est nécessaire de recourir à l’arme ultime, le TSL et ses
accusations attendues, pour donner du courage et de la
détermination à ceux qui hésitent encore. Car comment comprendre
autrement l’urgence de la démarche du procureur un vendredi soir
qui risque de jeter encore plus de discrédit sur l’ensemble de
son action déjà sérieusement controversée ? On pourrait presque
dire qu’il y a désormais quelque chose de pitoyable dans le
comportement du procureur Bellemare et de l’ensemble du TSL qui
ne se soucient même plus de respecter les formes élémentaires
des règles judiciaires.
Le procureur Daniel Bellemare a remis au
juge Fransen vendredi peu avant la fermeture officielle
des bureaux, une nouvelle copie amendée et élargie de
son acte d’accusation. L’idée est claire : montrer à la
veille du rassemblement du 13 mars que le tribunal
poursuit son action et qu’il élargit son champ
d’accusation, comprendre vers la Syrie |
Mais le plus pitoyable est encore le 14 mars soucieux d’obtenir
une mobilisation maximale par tous les moyens possibles et
imaginables. Cela va du cartoon racontant l’histoire d’un lion
en principe effrayant , mais fatigué et malmené par un félin
intelligent, noble et fort qui s’appelle comme par hasard Saad
(alors que le lion s’appelle comme vous l’avez sûrement deviné
Hassan), aux panneaux publicitaires loués par centaines sur
l’ensemble du territoire, en passant par les campagnes dans les
médias et les tournées dans les régions pour finir par l’argent
qui coule à flots pour pousser les gens à participer à la
manifestation. Ces démarches sont couronnées par le document
politique du 14 mars (un de plus, car il y en a déjà eu trois
autres au cours des dernières années, un record pour un
mouvement qui n’a que six ans) divulgué en grande pompe au cours
d’une réunion élargie au Bristol. Pendant plus d’une demi heure,
Marwan Hamadé a lu le document aux journalistes ( le choix de
M.Hamadé n’est d’ailleurs pas innocent et il vise à narguer
Walid Joumblatt) qui étaient tellement épuisés qu’ils n’ont plus
posé la moindre la question. Et d’ailleurs quelle question poser
au sujet d’un document qui occulte la volonté d’au moins la
moitié des Libanais, qui multiplie les clichés pour cacher
l’alignement sur les revendications israélo-américaines de
désarmement du Hezbollah, qui annonce « le passage vers l’Etat »
sans préciser si c’est celui des onze milliards de dollars
dilapidés sans que l’on sache comment ou encore celui de
l’extension de Solidere au nouvel espace gagné sur la mer et qui
constitue en principe une propriété de l’Etat…Enfin un document
qui exprime son attachement au TSL sans se poser la moindre
question au sujet des irrégularités de forme, de fond et de
procédure commises aussi bien par les commissions d’enquête
successives que par le tribunal lui-même. Voilà, les grands
titres sont exposés et la foule n’a qu’à se précipiter sur la
Place pour faire revivre le 14 mars 2005, sans une partie de ses
composantes et alors que de nombreux compromis ont été conclus
entre-temps avec les armes du Hezbollah en 2005 d’abord pour
obtenir la majorité parlementaires aux élections de mai, et
ensuite dans les gouvernements successifs à travers les
déclarations ministérielles. La crédibilité est visiblement le
dernier souci du 14 mars. Ce qui compte pour lui, c’est de
mobiliser avec deux armes qu’il utilise sans compter : l’argent
et la fibre communautaire. Cela marchera encore sans doute
demain , mais ce n’est certes pas avec ces armes-là que l’on
pourra détruire une résistance qui a changé le cours de
l’histoire dans la région en 2006…
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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