Opinion
La franchise,
l'autre face du courage
Soraya
Hélou
Jeudi 2 mai 2013 C'est un discours différent que
le secrétaire général du
Hezbollah sayed Hassan Nasrallah
a prononcé mardi 30 avril.
Différent à la fois par le ton
et par le contenu. Le ton était
ainsi plus direct qu'à
l'accoutumée et plus rapide. Le
sayed ne voulait certes pas
s'étendre, ayant de nombreux
points à développer en un
relatif court laps de temps.
Mais dans le contenu, il y avait
aussi moins d'explications et
plus de déclarations
catégoriques et claires comme si
quelque part, l'homme avec tout
ce qu'il représente avait décidé
de ne plus prendre des gants
pour s'exprimer, comme il le
fait d'habitude, non par crainte
des réactions du camp adverse,
mais par égard pour les
sentiments de ceux qui ne sont
pas forcément de son bord.
Sayed Nasrallah a donc parlé en
toute franchise, mais aussi
comme d'habitude, en toute
confiance dans la justesse de
choix de la résistance et dans
poids à la fois local, régional
et même international. Il est
vrai que son allocution
télévisée a eu lieu après la
diffusion de la photo dans
laquelle il apparaît debout aux
côtés du leader de la révolution
iranienne et après son long
entretien avec l'émissaire du
président russe Mikhaël
Bogdanov. Avec clarté et
précision, il a développé trois
grands thèmes : l'histoire du
prétendu drone qui aurait
survolé l'espace aérien
palestinien avant d'être
descendu par les Israéliens, les
combats de Koussayr et autour de
Sitt Zeinab et l'aide fournie
par le Hezbollah aux habitants
libanais des villages situés
dans cette région ainsi que
l'affaire des otages d'Aazaz. En
s'exprimant avec une telle
franchise, le sayed n'a voulu
laisser aucune place à
l'interprétation et aux théories
fumeuses lancées par
l'autre camp. Il a aussi montré
que contrairement au 14 mars
-qui continue à nier toute aide
en hommes et en armes à
l'opposition syrienne en dépit
des évidences-, le Hezbollah
assume ses actes et ne renie
aucun de ses martyrs qui tombent
toujours dans un combat noble au
service de l'axe de la
résistance dans la région. Il a
ainsi indirectement tourné en
ridicule les allégations du 14
mars sur le fait que Bogdanov
lui aurait demandé de retirer
ses hommes de Syrie. Ces rumeurs
ont été essentiellement
véhiculées par les sources des
Forces libanaises et du Courant
du Futur, comme si Bogdanov leur
avait fait cette confidence à
eux seuls, omettant de la dire
aux responsables qu'il a
rencontrés. Si ces rumeurs
avaient la moindre trace de
vérité et que le lendemain, le
sayed annonce clairement que le
Hezbollah n'a aucune intention
d'abandonner les Libanais pris
en otage des combats dans la
zone de Koussayr, il serait en
train de porter atteinte à un
grand pays, la Russie qui ne
ménage pas son aide au régime
syrien et à l'axe de la
résistance. Le sayed qui a
toujours une approche
stratégique des développements
n'agirait jamais ainsi. Sans
oublier le fait que selon son
explication, l'aide fournie aux
Libanais installés de l'autre
côté de la frontière n'est pas
seulement un acte utile et
humanitaire, c'est aussi un
devoir moral, d'autant qu'il est
impossible de demander, dans les
circonstances actuelles, à
l'Etat libanais d'envoyer des
forces pour protéger ces
Libanais. Au sujet des combats
autour de Sitt Zeinab, le sayed
a précisé que ceux qui défendent
ce lieu saint sont en train de
chercher à éteindre le feu de la
discorde entre sunnites et
chiites, non le contraire. Car
c'est bien la destruction de ce
site par les takfiristes qui
allumerait un tel feu. De plus,
les agissements des Takfiristes
sont connus. Ils ne se sont pas
privés de s'en prendre aux
symboles religieux et des
civilisations en Egypte, mais
aussi en Afghanistan et en Irak
et là où ils ont pu agir.
C'est donc en toute franchise
que le sayed a assumé les
actions de la résistance en
Syrie, autour de Koussayr et de
Sitt Zeinab, rendant hommage aux
martyrs du Hezbollah tombés dans
le cadre de ces combats tout en
précisant que les nombres
véhiculés par la presse sont
largement amplifiés, le
Hezbollah n'ayant pas l'habitude
de dissimuler ou d'avoir honte
de ses martyrs.
Sayed Nasrallah a aussi
clairement déclaré que la Syrie
a des amis qui ne la laisseront
jamais
tomber aux mains des takfiristes.
En dépit des promesses du chef
des Forces libanaises -qui s'est
empressé hier de remonter le
moral de ses partisans en
annonçant la chute inévitable du
régime (sans toutefois préciser
quand), sayed Nasrallah a parlé
avec confiance et assurance
expliquant ainsi qu'il n'y a
aucune chance que le régime
syrien tombe par le biais de la
force militaire. Il a aussi
sonné le glas de la fameuse
«bataille de Damas» annoncée à
cors et à cris depuis près de
deux mois.
En même temps, sayed Nasrallah a
déclaré que la résistance reste
en état d'alerte prête à
affronter toute agression
israélienne. Il a ainsi balayé
les espoirs de certains au Liban
et à l'étranger sur une
éventuelle faiblesse de la
résistance en raison de son
implication en Syrie. La
résistance est donc au meilleur
de sa forme, a déclaré en résumé
le secrétaire général du
Hezbollah et que nul ne songe à
tester sa force. Quant au drone
qui aurait été abattu récemment
par les forces israéliennes,
sayed Nasrallah a
catégoriquement démenti le fait
que le Hezbollah l'aurait lancé,
rappelant qu'un tel acte est une
fierté pour la résistance et que
les accusations portées contre
le Hezbollah ont été lancées le
premier jour avant de
disparaître... sauf au Liban où
certains veulent faire feu de
tout bois contre la résistance.
La franchise, la clarté du sayed
a visiblement déstabilisé le 14
mars qui a dénoncé, dans toutes
ses composantes, ce qu'il a
appelé «l'implication du
Hezbollah en Syrie». Parce que
le 14 mars, lui, reste
spectateur... de Ersal au Akkar
en passant par Tripoli et la
Békaa ouest. Voilà toute la
différence entre un leader sûr
de ses choix et courageux et
ceux qui agissent dans le secret
parce qu'ils n'ont pas de
justifications et ont honte
d'assumer leurs actes. La
franchise est l'autre face du
courage.
Source :
moqawama.org
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