L'enquête sur les
armes chimiques par deux reporters du
Monde en Syrie : Une nouvelle
manipulation Silvia
Cattori
Vendredi 31 mai
2013
En ce qui
concerne la Syrie, comme lors des
interventions menées contre la Serbie en
1999 et contre la Libye en 2011, la
presse et les médias occidentaux se sont
complètement alignés sur les positions
bellicistes de leurs gouvernements
respectifs et « l’information » qu’ils
nous délivrent est une propagande de
guerre (*).
«
Les rapports sur
l’utilisation d’armes chimiques par le
régime Assad font partie d’un récit à
répétition rempli de manipulations. (…)
Et les titres [des médias] sont tous les
mêmes : la Syrie utilise des armes
chimiques. Voilà comment fonctionne le
théâtre » [1]
écrivait le journaliste Robert Fisk il y
a un mois.
On vient
d’en avoir une nouvelle illustration
avec les « révélations » de deux
reporters, Laurent Van der Stockt et
Jean-Philippe Rémy - parues le 27 mai
dans le quotidien Le
Monde - sur «
l’utilisation de gaz chimiques par le
régime syrien ». Une accusation qui
incrimine Damas et qui coïncide avec la
réunion des ministres des affaires
étrangères de l’UE où la France et la
Grande Bretagne escomptaient obtenir ce
qui leur avait été refusé par trois fois
: la levée de l’embargo sur la livraison
d’armes aux « rebelles ». Tout ceci sans
se soucier aucunement des souffrances
engendrées pour les populations civiles.
Qui pourrait croire que la succession de
ces deux épisodes est fortuite et croire
encore à la neutralité du
Monde et de ses
reporters ? Pourquoi leur enquête
unilatérale datant de mi-avril
n’a-t-elle pas été publiée plus tôt ?
Le Monde a publié ce
brûlot le jour où à Bruxelles et à l’ONU
la Syrie allait être mise sur le gril.
Cela devant concourir à mettre sous
pression les acteurs
politico-médiatiques, peser sur les
gouvernements qui rechignaient à une
levée de l’embargo sur les armes voulue
par la France et la Grande Bretagne.
Pari réussi ? Les rebelles ont obtenu ce
jour là d’être approvisionnés en armes
et la prolongation des sanctions qui
font tant souffrir la population
syrienne ; des souffrances qui sont le
dernier des soucis de la diplomatie
française et de sa presse aux ordres. [2]
En clair. Cette enquête s’avère n’être
qu’un montage, qu’une manipulation ; une
nouvelle escroquerie médiatique. Son
objectif : venir en aide aux groupes
terroristes à un moment où le vent
médiatique et politique est en train de
tourner et où la diplomatie belliciste
de Laurent Fabius est en pleine déroute.
Le Monde a été et
reste très en pointe dans la
manipulation des faits destinée à
incriminer le président syrien Bachar
al-Assad, l’ennemi juré d’Israël.
Offrant abondamment ses colonnes à des
journalistes asservis à Tel Aviv, comme
Christophe Ayad, ou à des « reporters »
qui, comme Jonathan Little et Florence
Aubenas, se sont fait embarquer par de «
gentils rebelles » qui se faisaient un
malin plaisir de leur raconter tout ce
qu’ils voulaient entendre sur le «
régime sanguinaire » d’Assad ; alors
qu’au même moment leurs frères d’armes
enlevaient des civils, coupaient des
têtes, égorgeaient des chrétiens et des
alaouites.
Depuis le début de la crise en Syrie
tout était faux ou presque dans la
présentation des médias occidentaux : le
combat entre de valeureux «
rebelles luttant pour la
démocratie » et un «
dictateur sanguinaire ».
Les journalistes ont relayé la
propagande des groupes armés en
s’appuyant sur une unique source :
l’Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDH). Une fausse ONG attachée
aux Frères musulmans, à cette pseudo
opposition financée par le Qatar et
l’Arabie Saoudite. Cela alors qu’ils ne
pouvaient ignorer que cette officine
partisane se résumait à un opposant au
gouvernment syrien fournissant des
bilans statistiques truqués des victimes
de la violence en disant s’appuyer sur
les données de « militants » présents
sur les lieux. Ainsi nombre de massacres
que les médias ont attribués à l’armée
gouvernementale ont été perpétrés par
les « rebelles » [3].
Des énormes manifestations qui ont eu
lieu en 2011 et début 2012, avec des
millions de Syriens qui manifestaient
pacifiquement en faveur du gouvernement
Assad, disant leur hostilité à de pseudo
« opposants » violents qui sortaient le
vendredi des mosquées [4],
les médias n’en ont quasiment jamais
parlé.
En revanche,
des fausses manifestations populaires
contre le gouvernement ont fait la une.
Ainsi, durant l’année 2011 les chaines
télévisées ont passé et repassé quasi
quotidiennement des clips montrant
d’immenses foules de gens que l’on
disait en colère contre Assad, le «
sanguinaire ». En juillet 2011 un écho
planétaire à été donné à ce clip
manipulé émanant d’ONG suspectes faisant
croire qu’à Hama, une petite ville d’à
peine cinq cent mille habitants, il y
avait eu une manifestation « monstre »
de 650’000 personnes !
La ficelle était
grosse ! Et pourtant aucun journaliste
ne s’est soucié d’en vérifier la
véracité. Les « grands » quotidiens de
l’establishment -Le
Monde, Le Figaro, Libération n’ont
pas été en reste, cette fois non plus :
Le 22 juillet 2011 le quotidien
Le Monde dans un
article intitulé : «
Syrie : 1,2 million de manifestants à
Hama et Deir Ezzor », affirmait : «
Comme chaque vendredi
depuis le début de la révolte, mi-mars,
les Syriens étaient appelés à manifester
à la sortie des mosquées, après la
prière hebdomadaire. Selon Rami Abdel
Rahmane, chef de l’Observatoire syrien
des droits de l’homme (OSDH), plus de
1,2 million de personnes ont répondu à
l’appel à Hama et à Deir Ezzor, près de
la frontière irakienne, mais huit civils
ont été tués dans la dispersion de
rassemblements (…) A Deir Ezzor, ils
étaient plus de cinq cent cinquante
mille à la fin de la manifestation, et à
Hama, ils étaient plus de six cent
cinquante mille", a-t-il assuré,
précisant que les forces de sécurité
étaient absentes dans ces deux villes.
»
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/07/22/les-forces-de-securite-syriennes-isolent-un-quartier-de-damas_1551574_3218.html
Le 8 juillet 2011 le quotidien
Le Figaro dans un
article intitulé « Syrie
: un demi-million de personnes
manifestent à Hama » Georges
Malbrunot et Caroline Bruneau,
affirmaient : « Pour la deuxième
semaine consécutive, près d’un
demi-million de personnes sont
descendues manifester vendredi sur la
place al-Assi, selon les militants des
droits de l’homme. (…) Vendredi dernier
déjà, 500.000 manifestants s’étaient
réunis au centre-ville »
http://www.lefigaro.fr/international/2011/07/08/01003-20110708ARTFIG00518-syrie-un-demi-million-de-personnes-manifestent-a-hama.php
Le 8 juillet le quotidien
Libération dans un
article intitulé : «
Syrie : nouvelle manifestation monstre à
Hama, assiégé par l’armée »,
affirmait : « Plus de
150.000 personnes défilent sur la place
al-Assi en affirmant le refus du
dialogue avec le pouvoir et en appelant
à la chute du régime », a d’abord
indiqué le chef de l’OSDH Rami Abdel-Rahmane.
Une estimation revue à la hausse
quelques minutes plus tard : ils étaient
en fait quelque 450.000, selon Abdel
Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne
des droits de l’Homme. Vendredi dernier,
des militants affirment qu’ils étaient
un demi-million. »
http://www.liberation.fr/monde/01012347922-syrie-nouvelle-manifestation-monstre-a-hama-assiege-par-l-armee
L’escroquerie des manifestions massives
réprimées par le « sanguinaire » Assad
n’est qu’un des innombrables mensonges
qui ont servi à faire subir un véritable
lavage de cerveau à l’opinion publique.
Les auditeurs qui, le 11 juillet, ont
entendu, par la grâce d’un imprévu, le
témoignage d’un Syrien sur RMC ont eu
droit à un moment de vérité inespérée
leur permettant de comprendre comment
fonctionne la machine à multiplier les
mensonges :
Pourquoi la presse et les médias ne
mettent-ils pas en évidence les
vrais tenants et aboutissants de la
déstabilisation horrible parraînée
par quelques puissances en Syrie ?
Parce qu’à l’arrière plan il s’agit
des intérêts d’Israël. On ne touche
pas à l’impunité d’Israël qui est le
véritable fauteur de guerre dans la
région ; Israël est à la manœuvre
dans cette guerre livrée contre la
Syrie. Il est fort des appuis de la
France, de la Grande Bretagne, des
Etats Unis et de ses nouveaux alliés
du Golfe.
Depuis les années 60 Tel Aviv met
toute son énergie à fédérer les
forces hostiles au président syrien
Bachar al-Assad.
Bachar « doit tomber », l’Iran «
doit tomber », le Hezbollah « doit
tomber ». Pourquoi ? Parce que cet
axe de résistance fait obstacle à la
domination de la région par l’Etat
juif. Raison pour laquelle le
ministre des Affaires étrangères
Laurent Fabius qui place, tout comme
Bernard Kouchner avant lui, les
intérêts d’Israël au dessus de ceux
la France, n’a eu de cesse de
répéter « Bachar doit tomber ». [5]
Faute de pouvoir stopper
l’information mensongère des
journalistes aux manettes n’est-il
pas urgent d’alerter l’opinion
publique, qui la subit, sur leur
véritable rôle dans la guerre ? Et
de montrer le vrai visage de
prétendus « grands » reporters,
envoyés spéciaux, « spécialistes »
du Moyen Orient, dont le manquement
au devoir d’informer correctement
contribue à faire couler des fleuves
de sang ?
Les lecteurs qui ont été frappés par
des abus particulièrement graves
sont invités à nous les signaler.
Silvia Cattori
(*) Voir : « Les Syriens sont une
majorité à soutenir le président
Assad, mais ce n’est pas des médias
occidentaux que vous pourriez
l’apprendre », par Jonathan Steele,
17 janvier 2012.
http://www.silviacattori.net/article2718.html
[5]
Les Syriens qui vont manifester devant
l’ambassade d’Israël le 2 juin pour
dénoncer le rôle d’Israël « dans la
destruction programmée de la Syrie aux
côtés des groupes djihadistes » ne sont
pas dupes.
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