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Israël État voyou ?
Les soldats d'Israël ont fait de
Gaza un tombeau
Silvia Cattori
Destructions causées par des F16 israéliens dans le Camp de
Bureij
qui ont fait 9 morts et 50 blessés le 19 février 2008
(rafahtoday.org)
21 avril 2008
« Ce qu’Israël fait subir aux Palestiniens est une abomination »
a déclaré l’ancien Président des Etats-Unis, Jimmy Carter, lors
de sa récente tournée au Moyen Orient.
M. Carter a eu, de plus, le courage de braver le courroux des
gouvernements israélien et états-uniens en rencontrant, à Damas,
le chef du mouvement Hamas, M. Khaled Meshal, rompant ainsi
l’isolement et la diabolisation dans lesquels la diplomatie
« occidentale » s’obstine à maintenir cette force politique,
démocratiquement sortie des urnes en janvier 2006 [1].
Merveilleux Jimmy Carter !
Par son geste, de simple
diplomatie humaine, il a, à lui seul, effacé notre honte
d’appartenir à cette société « occidentale » qui continue de
soutenir aveuglément un État colonial qui a
effacé la Palestine de la carte et qui mène, depuis 60
ans contre un peuple sans défense, des opérations militaires à
caractère terroriste, une politique d’apartheid et des
assassinats ciblés dits « extrajudiciaires ».
Nous aurions apprécié que
d’autres chefs d’État aient le courage de dénoncer les crimes de
guerre d’Israël avec la même clarté que M. Carter.
Israël a mis le Moyen-Orient
à feu et à sang. Il s’est rendu coupable de crimes gravissimes,
en violation de toutes les règles du droit international. Et
l’Union européenne a encore l’indécence de demander aux
Palestiniens, et à leurs frères arabes, de reconnaître « le
droit d’Israël à exister » en tant qu’ « État juif », ce qui
reviendrait à légitimer l’apartheid et à dénier aux réfugiés
palestiniens leur droit inaliénable à retourner, comme tout
autre réfugié dans le monde, sur les terres et dans les maisons
dont ils ont été chassés !
Comme le relevait si
justement l’intellectuel palestinien Omar Barghouti, « aucun
État n’a le droit d’exister comme État raciste » [2].
Un Etat qui fait régner la terreur, en tuant quotidiennement des
femmes et des enfants, que leurs proches, au désespoir,
retrouvent déchiquetés ; un État qui peut massacrer, comme cela
s’est passé à Gaza, en l’espace de quelques jours, des centaines
de civils innocents, en lançant contre eux des bombes qui
dispersent des centaines de fléchettes acérées, pénètrent le
corps, mutilent, tuent, génèrent des souffrances atroces, -sans
que cela ne soulève , il faut bien le dire, l’indignation de nos
démocraties - devrait être mis au ban des nations.
Alors que nous avons droit
aux meilleurs soins, accès à des hôpitaux et des médicaments
pour soulager et guérir nos maladies et nos blessures, à Gaza,
les malades meurent car Israël ne laisse rien entrer et les
hôpitaux sont pris pour cible. L’armée israélienne a dévasté, le
16 avril, « El Wafa Medical Rehabilitation »,
mettant la vie des patients et soignants en danger, les privant
d’électricité et d’approvisionnement en eau, contraignant les
chirurgiens à cesser d’opérer.
A Gaza, depuis une année, des
blessés et des malades, qui auraient pu guérir, sont morts faute
de soins. Suhha Al Jumbass, 22 ans, malade de cancer, est
décédée, en ce mois d’avril effroyable, parce que l’armée
israélienne lui a refusé, comme à 133 autres personnes décédées
avant elle récemment, d’aller se faire soigner en Egypte.
Au lendemain du massacre de
Boureij [3],
le Premier ministre israélien, Ehud Olmert a eu l’arrogance de
dire qu’Israël fera « payer au Hamas le prix de
ce qui se passe à Gaza ».
Mais qui paye le prix des
souffrances ? L’agresseur ou l’agressé qu’il met à mort ? Que
peut encore faire « payer » Israël à ces enfants qu’il affame,
qui souffrent de la malnutrition et dont l’état psychologique
est inquiétant, et à ces milliers de malades apeurés, laissé à
l’abandon faute de soins, qui vont continuer de mourir faute de
médicaments ?
Comment nos sociétés
peuvent-elles tolérer autant d’horreurs et d’injustices ?
Pourquoi nos gouvernements se bornent-ils à appeler « les
deux parties à la retenue », comme si l’on pouvait établir
une symétrie entre l’occupant et l’occupé, entre le bourreau et
sa victime !
Nous n’en pouvons plus de
cette attitude biaisée qui ménage Israël et méprise les victimes
arabes. Une résidente de Rafah nous disait récemment avec
amertume : « Ils nous liquident en tirant des
missiles remplis d’explosifs lourds de 3’000 pounds. Une tonne
de ces explosifs ZNT est capable de raser tout un quartier.
C’est un missile de ce type que l’armée israélienne a lancé
contre une mosquée à Rafah et qui a détruit également quinze
autres maisons. Ils nous condamnent à mourir, ils nous
empoisonnent, ils nous enferment, ils nous coupent les vivres,
ils nous bombardent, ils nous privent de tout accès aux
médicaments, ils nous privent des produits vitaux comme le
chlore pour assainir l’eau et ensuite ils nous vendent leurs
laitues empoisonnées par les insecticides, à un prix exorbitant ».
Les Palestiniens ont droit à
la vie et à être protégés, comme tout peuple opprimé par plus
fort que lui. Jamais une guerre menée par un État colonial n’a
été aussi durablement couverte par le mensonge, la
désinformation, l’hypocrisie.
Même les soit disant « amis
de la Palestine », les pacifistes israéliens que l’on idéalise,
ne sont pas sans reproches. Car, se contenter de condamner
l’occupation israélienne et ses crimes ne suffit pas à régler
les torts causés. Il faut avoir l’honnêteté d’aller à la racine
du problème en exigeant, non seulement la fin de l’occupation,
mais également le droit au retour des réfugiés, et la fin du
racisme institutionnalisé contre les Palestiniens, et cela dans
un État qui garantisse des droits égaux à tous ses habitants.
Les gens de confession juive
qui s’identifient à Israël ne peuvent continuer à se prévaloir
des crimes commis par les nazis pour justifier l’existence d’un
État raciste sur des terres volées aux Arabes.
Tout cela est inacceptable.
Gaza est, pour ses habitants, une prison d’où personne ne peut
sortir, hormis les Palestiniens munis d’un laisser passer VIP
délivré à la « tête du client » et d’entente avec l’occupant,
par l’Autorité palestinienne de Ramallah. Une Autorité
corrompue, qui participe à la liquidation du Hamas et va à
l’encontre des aspirations de son peuple.
Les Palestiniens, déjà
brutalisés par l’armée d’occupation, ne méritaient pas cette
suprême trahison.
Reste à augurer que le temps
viendra où ceux qui ont commis des crimes ou qui ont servi,
d’une manière ou d’une autre, les intérêts de l’occupant
israélien, seront appelés à répondre devant l’histoire.
[1]
M. Carter avait déjà suscité une tempête en énonçant des vérités
qui dérangent Israël dans son livre « Palestine :
Peace Not Apartheid ».
[2]
Voir : « Omar
Barghouti : Aucun État n’a le droit d’exister comme État raciste »,
Réseau Voltaire, 6 décembre 2007.
[3]
Le 16 avril, des missiles lancés par des avions et des chars sur
le camp de réfugiés miséreux de Boureij, ont massacré 18 civils
palestiniens, dont cinq enfants. Le même jour Fadel Chanaa, 23
ans, caméraman palestinien de l’agence Reuters, a été
délibérément pris pour cible, tué avec une bombe à
sous-munitions par le soldat israélien posté en face de lui dans
un char.
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