Opinion
L'offensive de
Fabius pour
une intervention militaire en Syrie
Silvia
Cattori
Jeudi 6 juin
2013 Après la
publication par Le Monde
d’un « reportage » censé apporter la
« quasi preuve » que Bachar el-Assad
utilise des armes chimiques, et dont
tout indique qu’il a été « monté » en
collusion avec le gouvernement français
(*), l’offensive diplomatique de ce
dernier pour tenter à toute force
d’obtenir une intervention militaire en
Syrie vient de franchir un nouveau pas.
« La France a
désormais la certitude que le gaz
sarin a été utilisé en Syrie à
plusieurs reprises et de façon
localisée » a déclaré le 4 juin
le ministre des affaires étrangères
Laurent Fabius dans un communiqué,
en précisant par la suite sur France
2 qu’il ne faisait
« aucun doute » que ce gaz avait
été utilisé par « le
régime et ses complices ». La
stratégie du mensonge qui a déjà
permis aux puissances de l’OTAN de
bombarder la Serbie, l’Afghanistan,
l’Irak, la Libye, va-t-elle cette
fois encore permettre de frapper la
Syrie ?
Après avoir qualifié les mercenaires
qui depuis deux ans terrorisent et
martyrisent le peuple syrien de
« résistants, révolutionnaires »,
après avoir répété « Bachar doit
partir », au mépris de la volonté de
son peuple qui soutient à 70% son
gouvernement [1],
après avoir appelé l’Union
européenne à armer ces mercenaires,
Laurent Fabius prétend maintenant
détenir des analyses de laboratoire
« prouvant l’usage de gaz sarin »
par l’armée régulière syrienne.
Quelle crédibilité peut-on accorder
aux « preuves » que Laurent Fabius
tient de deux journalistes revenus
de Syrie avec des échantillons dont
la « provenance » ne peut pas être
établie avec certitude, et dont les
analyses ont été confiées au
« centre de
recherche du Bouchet, qui dépend de
la Délégation générale de l’armement
(DGA) » [2] ?
L’ « enquête » réalisée en Syrie par
Le Monde, cela
saute aux yeux, est un coup monté de
toute pièce. Un coup qui a impliqué
des agents secrets français. Les
fameuses fioles remises par la
France à l’ONU constituent un enjeu
capital pour la France dont la
lamentable diplomatie a reçu gifle
après gifle. N’importe quel État ou
groupe peut en fabriquer, comme cela
s’est déjà vu avec l’Irak quand
Powell a brandi une fiole à l’ONU en
2003 pour justifier la guerre qui
devait renverser Saddam Hussein,
présenté lui aussi sous les traits
du Grand Satan.
Pourquoi M. Fabius et les
journalistes du
Monde n’ont-ils fait aucun
tapage médiatique quand, le 29 mai,
la police turque avait découvert
quatre kilos de gaz sarin à Adana,
en Turquie, en possession de membres
du front Al Nosra qui auraient avoué
vouloir acheminer ce gaz sarin vers
les zones de combat en Syrie ? [3]
Pourquoi quand le 2 mai l’armée
régulière syrienne a saisi deux kilo
de gaz sarin dans la ville de Hama,
lors d’une opération contre les
« combattants armés » [4],
cela n’a-t-il pas non plus été
rapporté par Le
Monde ?
Les États-Unis ont réagi avec une
grande prudence aux « révélations »
de M. Fabius :
« Nous devons augmenter le faisceau
des preuves en notre possession
(...) avant de prendre une décision
(…) Il nous faut enquêter
davantage », a déclaré le
porte-parole de Barack Obama.
Même prudence du côté de l’ONU qui
par le passé avait couvert les
mensonges et les abus des puissances
qui ont conduit l’Irak et la Libye à
leur perte : « Il
n’est pas sûr que ces renseignements
soient valides, en l’absence
d’indications suffisantes sur la
traçabilité des données
recueillies » a prévenu Ake
Sellström, chef de la mission
d’enquête chargée par Ban Ki-Moon de
vérifier les accusations d’emploi
d’armes chimiques en Syrie. [5]
Combien de temps M. Fabius va-t-il
encore pouvoir répéter sa
« certitude » que Bachar el-Assad
« a utilisé du gaz sarin » ? Combien
de temps les médias français comme
Le Monde et
Libération
vont-ils pouvoir continuer de mentir
avec lui ?
Combien de temps faudra-t-il à
l’opinion publique pour comprendre
que les objectifs de leur
gouvernement -la France et la Grande
Bretagne en tête- sont criminels et
que les reporters de guerre, envoyés
spéciaux, correspondants -de France
télévision, Radio France, Arte,
France 25 notamment- qui couvrent
leur crimes sont généralement liés
aux renseignements militaire et font
partie d’un tout, de la machine de
guerre ?
Silvia Cattori
[1]
Voir : « OTAN : 70% des Syriens
soutiennent Assad », 2 juin 2013.
http://www.silviacattori.net/article4508.html
Et, selon un rapport de l’agence
centrale du renseignement américain
(CIA) « un ensemble de
rapports et de sondages collectés au
sujet des élections présidentielles de
2014 vient le confirmer : si Bachar al-Assad
est à nouveau candidat, il l’emportera
avec 75% des voix ».
[2]
Voir : « Syrie : comment les
échantillons de gaz sarin ont été
rapportés », par Jean-Philippe Rémy,
Le Monde, 5 juin
2013.
http://www.lemonde.fr/international/article/2013/06/05/la-france-confirme-deux-cas-d-utilisation-de-gaz-sarin-en-syrie_3424378_3210.html
[3]
Voir :
http://www.silviacattori.net/article4495.html
[4]
Voir :
http://www.silviacattori.net/article4511.html
[5]
Voir : « Prudence à l’ONU après les
annonces sur le gaz sarin en Syrie »,
Reuters, 6 juin
2013.
http://fr.news.yahoo.com/prudence-%C3%A0-lonu-apr%C3%A8s-les-annonces-sur-le-084446304.html
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