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Salon
Jews
on ice [Juifs sur glace]
Sarah Goldstein
Michael Chabon chez lui, à Berkeley, en
Californie, le 10 avril 2007.
Photo: AP/Marcio Jose Sanchez
in Salon, 4 mai 2007
http://www.salon.com/books/int/2007/05/04/chabon/
Michael Chabon nous parle d’identité juive, de
hassids perçus comme des hobbits , de son amour pour Barack Obama
et du caractère jouissif de l’écriture d’un roman policier
yiddisho-alaskien…
Dans un
article publié par la revue Civilization, et consacré à un
guide de voyage, « Say It in Yiddish » [Dites-le en
yiddish !], datant de 1958, Michael Chabon imaginait un pays
où « je ferais bien d’avoir mon exemplaire de « Say
It in Yiddish » en poche ». Bien entendu, non
seulement Chabon n’a pas trouvé un endroit tel que ce pays-là,
mais il a, de surcroît, fait observer : « Je ne pense
pas qui quiconque en ait trouvé un… »
Apparemment,
Chabon n’a pas pu s’extraire de ce pays yiddishophone fantôme
de l’esprit, et voilà qu’il a décidé de créer ce pays
lui-même, de toute pièce. Bienvenue à Sitka (Alaska), décor de
son nouveau roman, « The Yiddish Policemen’s Union »
[Le syndicat des flics yiddish], dans lequel le seul « américain »
qui soit parlé, ce sont les jurons. Dans son monde imaginaire
exempt de tout Etat d’Israël, Sitka sert de résidence
temporaire aux grands magasins Big Macher, une mafia hassidique
florissante, ainsi qu’à trois millions de juifs extrêmement
froids.
Même
s’il est moins épique que son roman « The Amazing
Adventures of Kavalier and Clay », qui valut à Chabon le
Prix Pulitzer en 2001, « The Yiddish Policemen’s Union »
est non moins ambitieux. En plus de son caractère de mystère
autour d’un meurtre à la Chandler, ce roman nous parle du
Messie, d’une cabale secrète qui n’est pas sans rappeler les
apocryphes Sages de Sion, de relations judéo-américaines et de
la question – éternelle – de savoir ce que signifie le fait
d’être juif. Si cela vous semble ‘too much’, vous avez
peut-être raison. Mais, comme dans la plupart des romans de
Chabon, ce sont ses personnages, à la fois absurdes et totalement
familiers, qui font que l’histoire se tient. Dans le cas d’espèce,
nous avons Meyer Landsman, un policier laïque atteint de delirium
tremens et dont le rêve éveillé favori consiste à imaginer les
innombrables manières d’attenter à sa propre vie ; et son
partenaire à demi-indien, Berko Shemets, un détective privé
manieur de marteau plus dévot que la plupart des Yids de Sitka.
« Nous vivons des temps où il ne fait pas bon être juif »
est le refrain de ceux qui vivent à Sitka, et on a comme
l’impression que ça a toujours été le cas. Venant de Chabon,
il est peut-être sans surprise qu’une fiction campée dans un
lien fantasmatique, racontée dans une langue en voie de
disparition, pose certaines des questions les plus poignantes et
des plus embarrassantes au sujet du foyer national juif…
Nous
avons rencontré Chabon à New York, une ville qu’il imagine
encore comme « le pays de ‘Kavalier and Clay’, où il
nous a parlé des raisons qui font qu’il aime bien qu’on le
traite d’antisémite, de ce que cela veut dire, que d’être
marié à une femme écrivain, et de ce qui fait qu’il est toqué
de Barack Obama.
Votre
roman est campé à Sitka, en Alaska, dont vous avez fait la
patrie temporaire de juifs yiddishophones, dans un monde ‘Israelrein’.
Pourquoi, par-dessus le marché, en avoir fait un roman policier ?
Je voulais trouver une façon, narrativement,
d’évoluer aussi librement que possible dans l’ensemble de ce
lieu et dans tous les niveaux de cette société. J’ai tout
simplement eu l’impression, intuitivement, qu’un détective,
un policier avec sa carte, serait en mesure d’aller partout, de
tout voir. Il serait informé, il comprendrait comment fonctionne
le monde – les règles écrites, et les règles non écrites. A
peu près au moment où j’étais en train de concevoir ce
bouquin, j’ai relu les nouvelles brèves d’Isaac Babel, et
j’ai eu l’impression qu’il y avait un lien stylistique,
quelque part, entre Babel et [Raymond] Chandler. Isaac Babel était
un écrivain au plein sens du terme, il était dur et ce, de manière
délibérée. Il portait presque sa dureté comme une distinction
honorifique, d’une manière que j’avais le sentiment de
reconnaître également chez Chandler et chez [Dashiell]
Hammett. Et il écrivait à peu près à la même époque qu’Hammett
et Hemingway ; cela ne semblait donc pas totalement idiot de
faire la comparaison. J’étais aussi en train de lire beaucoup
de Ross Macdonald, quand j’écrivais ce bouquin, et j’avais
remarqué non seulement qu’il faisait des chapitres très
courts, mais aussi qu’il lui arrivait, parfois, de couper une même
scène au beau milieu, en deux chapitres, au beau milieu d’une réplique…
… ce
que vous ne vous privez pas de faire tout au long de votre polar,
et ce qui va drôlement bien avec le dialecte yiddish –
l’interruption, l’économie de mots… Quelle est votre
relation personnelle avec cette langue ? Vos grands-parents
parlaient-ils yiddish ?
Oui, j’ai grandi en entendant parler
yiddish. Mes grands-parents parlaient tous les deux cette langue,
du côté de ma mère, et leurs enfants la parlaient eux aussi,
les enfants de ma grand-mère, et ma grand-tante recevait le
journal Daily Forward en yiddish. J’ai entendu cette langue tout
le temps. J’étais supposé ne pas comprendre, et typiquement,
ils se mettaient à parler yiddish quand ils ne voulaient pas que
nous comprenions ce qu’ils disaient. C’était un peu comme
s’ils communiquaient en langage de fumée des Indiens Navajo !
[rires]. Aussi, il y a toujours eu cette atmosphère de mystère
et de secret, autour de cette langue…
Vous
appartenez sans doute à la dernière génération qui ait été
bercée dans cette langue-là ?
Je pense en effet que les gens dont la langue
maternelle est le yiddish et qui ne soient pas des
ultra-orthodoxes, qui utilisent cette langue tous les jours, sont
de moins en moins nombreux. Je veux dire : le yiddish avait déjà
cette qualité, à mes yeux, de quelque chose datant de deux à
trois générations dans le passé, et j’étais quasi saisi par
le simple fait qu’elle ait survécu. C’est un peu comme
lorsque, enfant, il y avait encore des livraisons par pneumatique
dans les grands magasins, avec ces tuyaux où l’air comprimé
acheminait du courrier et des choses comme ça… Ce sont là des
systèmes presque antiques, mais qui fonctionnent parfaitement
bien, qui sont toujours utilisés dans certaines petites poches
dans le monde, ici et là, et quand vous tombez dessus, vous êtes
à chaque fois frappé par la manière dont cela marche à
merveille, et vous vous demandez ce qui a bien pu arriver à ces
systèmes de pneumatiques et pourquoi nous ne les utilisons plus ?
Pour moi, le yiddish avait un peu cette même qualité.
Vous
abordez cette idée, du caractère d’autre-monde du yiddish,
dans l’essai original que vous avez écrit à propos de « Say
It in Yiddish ». Vous vous perdez en conjectures sur la
question de savoir où se trouve cet endroit fantastique, magique,
où quelqu’un pourrait bien parler le yiddish. Et maintenant,
cet endroit, vous le tenez, non ?
Oui, c’est vrai. Sitka est une sorte de
pays imaginaire, d’une certaine façon. Quand j’étais enfant,
écrire des livres, c’était surtout le prétexte pour dessiner
des cartes et créer des chronologies, et je me voyais vraiment
dans le « Seigneur des Anneaux », par exemple ; là,
il n’était question que de chronologies, de schémas et de
cartes, et ce roman a été, en quelque sorte, mon centre de
gravité.
C’est
une bonne façon de voir les choses – les Hassids de Verbover en
tant que hobbits, en quelque sorte... Une autre analogie, qui a été
faite, c’est celle avec « Complot contre l’Amérique »,
un exemple d’un autre écrivain juif américain – nous
pourrons parler de ce livre, dans une seconde – qui décrit une
histoire contrefactuelle des juifs. Y a-t-il quelque chose, chez
les juifs et dans la judéité, qui rendent le « quid, si ? »
tellement séduisant ?
Je ne sais pas. Il est certainement difficile
d’imaginer quoi que soit qui soit autant focalisé simultanément
sur le passé et sur l’avenir que le judaïsme, car le judaïsme
est entièrement une question d’histoire, de ce qui nous est
arrivé et des raisons pour lesquelles nous en sommes où nous en
sommes arrivés. Les patterns de notre histoire, avec ses moments
cruciaux – la destruction du temple, l’expulsion d’Espagne,
la Nuit de Cristal, ces moments clés, ces dates qui, à la fois,
semblent tout changer et qui ne faisaient que répéter, d’une
certaine façon, la fois précédente…
Et, pourtant, en même temps, le judaïsme, dans sa forme la plus
authentique, est extrêmement focalisé sur l’avenir, sur la
venue du Messie, sur la rédemption du monde. Pour avoir cette
sorte de sens de l’observation du passé et de l’exploration
de l’avenir – je pense que le judaïsme s’adonne absolument
au même genre de raisonnement spéculatif et hypothétique que le
roman fictionnel, contrefactuel. Vous examinez l’histoire… et
vous vous demandez : « Quels sont les moments où les
choses ont changé, où l’histoire a pris un embranchement, et où
elle a bien pu emprunter la voie menant jusqu’ici ? »
…
sans oublier le sempiternel refrain « L’an prochain, à Jérusalem »…
Absolument. Je veux dire, d’une certaine
manière, l’histoire du Messie est une sorte de science fiction
achevée ; c’est une sorte de prédiction de ce « brave
nouveau monde » qui n’arrive jamais…
Quand
le roman commence, les juifs de Sitka n’ont que deux mois à
vivre avant la Réversion – moment où les terres seront rendues
aux Alaskiens. C’est là la hantise permanente des juifs, non ?
Pourquoi cette Réversion était-elle nécessaire à votre roman
« The Yiddish Policemen’s Union », qui, cela mis à
part, est un roman policier se déroulant en province ?
Cette histoire, c’est mon avis, tourne
autour du statu quo des juifs, qui sont toujours à la veille d’être
rejetés, de se voir indiquer la porte. Je pense que cela a été
l’histoire des juifs, à toutes les époques, en remontant
jusqu’aux tout débuts, certainement jusqu’à Moïse et à la
venue de Joseph en Egypte et l’expulsion et la fuite d’Egypte.
C’est ça, l’histoire juive, et j’imagine que ce dont j’ai
pris conscience, en écrivant mon roman, c’est que c’est
encore ça, l’histoire juive, aujourd’hui. Nous pouvons
regarder Israël, nous pouvons regarder la position incroyablement
sure des juifs en Amérique, de nos jours, et penser :
« Eh bien, nous y voilà. C’est maintenant, c’était
alors, c’est la fin de l’histoire juive. Cette histoire est
achevée : nous avons Israël, c’est notre patrie. »
Je n’avais pas l’intention délibérée d’en arriver là
quand j’ai débuté l’écriture de mon roman, mais l’idée
avec laquelle j’ai fini par me débattre, en raison de
l’absence d’Israël dans le monde de mon roman, c’est que
les juifs sont dans cette position classique typique d’être des
hôtes, où qu’ils finissent par se trouver. C’était là le résultat
inévitable du fait d’avoir sorti exclu Israël du tableau. Et
c’est alors, ayant exclu Israël du tableau, que j’ai eu le
sentiment de devoir envisager de front, réellement, la possibilité
tout à fait réelle, omniprésente, d’une expulsion – de la Réversion,
comme elle est appelée dans ce roman. Et j’ai pris conscience,
ayant terminé le roman, que c’était là, en l’occurrence,
toujours le statu quo, en ce qui nous concerne, aujourd’hui.
Nous pouvons nous sentir en sécurité, tant que nous avons Israël,
la cinquième puissance militaire mondiale. Mais j’imagine que
ce sentiment de fragilité, d’être toujours à la veille d’être
expulsés – dans le meilleur des cas – est une chose, à mon
avis, avec laquelle nous vivons toujours, même si nous préférons
ne pas y penser.
Dans
votre roman, il est très fortement question d’identité juive
et de la façon dont les juifs s’identifient par rapport aux
lieux. Revendiquez-vous le titre d’ « écrivain juif
américain » ?
J’imagine que, par un certain côté,
c’est un titre que je cherchais inconsciemment, et que je suis
fier d’avoir aujourd’hui. Et, de fait, cette petite
controverse qui a été soulevée par ce livre, et ce qui a été
publié dans le New York Post le week-end dernier, ça ne fait
rien d’autre que me faire me sentir d’autant plus sûr de ma
crédibilité en tant qu’écrivain juif américain. Je ne pense
pas que vous ayez réussi, en tant qu’écrivain juif américain,
tant qu’on ne vous a pas encore accusé d’être haineux de
vous-même, de laver notre linge sale en-dehors de la famille et
de faire de nous une risée aux yeux des goyim !
Parlons
de cette allégation d’antisémitisme. Dans le roman, il y a
cette cabale de juifs puissants, secrets, et cela soulève, de
toute évidence, la question du stéréotype ?
Exact. Je veux dire, je ne sais pas, il était
difficile d’interpréter le truc publié dans le Post.
L’assertion a été faite que la chose la plus horrible dans mon
bouquin, c’est le fait que les juifs y sont dépeints comme
voulant massacrer d’autres juifs. Alors que dans mon bouquin, il
n’est nulle part question de ça !
Ce
sont des Indiens, qui se font massacrer par des juifs, non ?
Oui, exactement. Je pense qu’en dernière
analyse, l’accusation, c’est que dès lors que vous présentez
les juifs comme divisés, alors vous apportez de l’eau aux
ennemis des juifs. Ou bien vous apportez aide et réconfort à
l’ennemi. C’est là un argument qu’il est aussi ridicule
d’utiliser, pour les juifs, qu’il le serait pour des Républicains
à propos de ceux des Démocrates qui sont contre la guerre en
Irak…
Quand j’ai entendu parler du truc publié dans le Post, le
week-end passé, j’ai appelé ma mère, et elle est allée vérifier.
Et vous savez ce qu’elle m’a répondu ? « Bienvenue
au club, mon fils ! » Cela m’a fait penser à la
Complainte de Portnoy, de Philip Roth. Vous savez : Roth est
un des écrivains préférés de ma mère, et elle se souvient
parfaitement de tous les scandales qu’il a suscités à de très
nombreuses reprises durant sa carrière, à commencer par « Goodbye
Columbus ».
Vous
avez évoqué les Républicains… Je veux vous interroger sur
votre récent activisme politique. Vous et votre épouse, la
romancière Ayelet Waldman, vous collectez des fonds pour Barak
Obama, non ?
Oh oui ! Bien sûr ! Comment le
savez-vous ?
Cela a
été affiché sur un site ouèbe [gawker
]…
Ah bon ? Qu’est-ce qu’ils disent ?
Que révélons-nous, dans le e-mail ?
J’imagine
que vous avez le site ouèbe - mybarack
– et puis il y a votre photo. Et puis il y a aussi
l’inscription : « Aidez-nous à collecter 25 000
dollars pour Barack Obama ».
Oh, mon Dieu ! C’est incroyable [il
rit] Wow ! Nous avons envoyé un e-mail à à peu près tous
ceux dont nous avions l’adresse e-mail et dont nous avions le
sentiment que nous avions le droit de les tirer un peu par la
manche. Vous pouvez créer une page telle celle-là dans le cadre
de la campagne d’Obama ; vous y solliciter des dons, et les
gens qui le veulent n’ont plus qu’à cliquer sur le lien ad
hoc, et ils sont alors en mesure de faire don de sommes, y compris
les plus modestes. Je vote depuis 1984, et à chaque élection,
j’ai toujours dû me boucher le nez, ou bien alors, dans le
meilleur des cas, l’idée quant à savoir pour qui j’allais
bien pouvoir voter ne me posait pas de problème. Je veux dire…
je n’ai jamais été totalement sûr de mon candidat, totalement
passionné par un candidat, de toute ma vie, en tant qu’électeur…
Et puis, il y a eu Barack Obama, et c’est un sentiment tellement
étrange, tellement excitant…
Qu’y
a-t-il, chez lui, qui vous plaise tant ?
En plus du fait qu’il est de ma génération,
nous sommes exactement du même âge, et j’ai l’impression
qu’il parle comme je le ferais moi-même, d’une certaine manière.
Pas en
yiddish, tout de même ?
Non, pas en yiddish, enfin, pas à ce que je
sache... D’abord, ce type sait écrire. C’est réellement un
bon écrivain, et cela est très important, à mes yeux, et il
cela n’est pas vrai de pratiquement tous les autres candidats à
la présidence, depuis que je vote. Je sais que cela peut paraître
stupide, mais cela signifie quelque chose, pour moi… Mais ce
n’est pas seulement ça – qu’il sache écrire – c’est le
fait que ses écrits, en particulier quand il traite de l’Amérique
et de l’histoire américaine. Les tares, les maux, les
massacres, les injustices qui ont été causés, et, en même
temps, un sentiment de fierté, de foi et d’optimisme, couplé
avec un sentiment totalement lucide de la noirceur qui est là, et
bien là.
Changeons
de sujet. Je vous vous demander ce que vous ressentez quand votre
épouse écrit [ writes
]sur vous, parfois de manière très intime ?
Payback est une chienne. J’ai écrit sur
mes parents, j’ai écrit sur mon ex-épouse, sur mes
beaux-parents, sur mes enfants. J’ai utilisé, tant dans mes
fictions que dans mes non-fictions de choses qui me sont vraiment
arrivées. J’avais le sentiment que j’avais dû le faire, et
que si j’allais blesser quelqu’un avec ce que j’étais en
train d’écrire, alors je me sentirais très mal, mais j’avais
aussi l’impression que je ne pouvais m’en empêcher, que je
devais absolument écrire ce dont je ressentais le besoin de l’écrire.
Mais
ce qu’elle a écrit sur vous n’a jamais été négatif, ni même
critique ?? Tout au contraire…
Non, c’est vrai. Mais c’est simplement le
fait qu’elle l’ait fait. J’ai écrit quelque chose sur mon père,
il y a longtemps, sur mon père m’offrant de vieilles cartes de
baseball [il s’agit de photos des vedettes de ce sport, aux
Etats-Unis, ndt] – j’ai écrit quelque chose qui, à mes yeux,
c’est comme ça que je l’ai ressenti, était un ‘merci’
plein d’amour et d’affection pour ce cadeau, de ces anciennes
cartes de baseball. Il le prit mal, et cela l’avait ennuyé, et
je ne sais toujours pas vraiment pourquoi ? C’était il y a
longtemps ; nous avons tous dépassé cela, mais on ne sait
jamais ? Il a dû penser que je me moquais de lui, peut-être.
Vous ne savez jamais de quelle façon les gens vont prendre les
choses ; vous le faites quand même, que vous pensiez que
cela se passera bien, ou non. Parfois, les choses dont vous pensez
qu’elles vont parfaitement bien se dérouler clochent… Mais
vous ne pouvez pas vous emmerder avec ça avant même de commencer
à écrire. C’est le problème, quand vous avez un écrivain,
dans votre famille… Ce sont des vipères !
Avant
de nous quitter, pouvez-vous me dire si la version filmique de
« Kavalier and Clay » va sortir un jour ?
Apparemment, le film a eu le feu vert, et des
membres clés de l’équipe de tournage étaient déjà sur le départ
pour Londres, où devait se dérouler le tournage, et cela vient
juste de totalement tomber à l’eau, à cause d’une question
de financement d’un studio !...
« Policemen’s
union » pourrait, en réalité, mieux fonctionner, au cinéma
que « Kavalier and Clay », qui est tellement énorme,
et se déroule tellement à travers toutes sortes d’époques, de
médias, de distances…
Vous avez raison. Je pense qu’en raison de sa structure de roman
policier, ce dernier roman ferait un bon film. Quoi que… l’idée
d’essayer d’obtenir d’un studio de production qu’il paie
pour un film qui se passe dans un territoire… juif… (?)
alaskien… (?) de… langue yiddish… ?
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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