Opinion
La réalité
sanglante d'une guerre peu civile en
Syrie
Robert Fisk
Robert
Fisk
Dimanche 26 août
2012 Réalités de la guerre en Syrie
Le journaliste Anglais Robert Fisk
va sans doute à son tour être classé
dans la catégorie des nazillons
salafisto-révisionnistes par les
Red Skins (qui se disent
militants prolétariens) qui ont déjà
taillé ce costar à Michel Collon, un
auteur bien connu qui nous vient
d’Outre Quiévrain.
C’est sûr, les gens comme Michel
Collon gênent ceux qui pensent qu’il
est temps d’avoir un gouvernement
mondial qui ne peut être assumé,
soyons réalistes, que par l’OTAN,
cette organisation constituée de
pays exemplaires à tous points de
vue. C’est vrai, dans les pays OTAN,
tu peux tout dire (quoique), te
mettre une plume dans le derrière un
jour de gay pride. Que des gentils
quoi.
Dommage, il y a tous ces méchants :
le dictateur Syrien (qui est
carrément Hitler pour ce pitoyable
François Hollande qui pense
cependant que les FFI ont libéré
Paris d’un autocrate Français), le
Guide Libyen (quoique ce denier a
succombé devant la gentillesse de
l’OTAN), Mugabe au Zimbabwe qui veut
garder pour lui tout son or, Hugo
Chavez au Venezuela et, comble de
l’horreur le Hezbollah libanais et
le président Iranien Mahmoud
Ahmadinejad dont on dit depuis 20
ans que son pays va avoir la bombe
dans six mois.
Et comme c’est l’OTAN qui dit qui
est méchant et qui ne l’est pas, on
a eu Benali qui était gentil
(demandez à Bertrand Delanoe) avant
de devenir méchant, et Moubarak qui
était très très gentil avant lui
aussi de devenir méchant.
Et si on repense à
Kadhafi, c’était
le meilleur lui : il était très très
méchant, avant de devenir gentil
puis de redevenir horriblement
méchant.
Et les barbus djihadistes qui
étaient gentils au moment où les
Soviétiques étaient en Afghanistan
(on en avait trouvé un de
présentable, Ahmed Shah Massoud),
étaient ensuite devenus maléfiques
avec Ben Laden mais redeviennent
gentils aujourd’hui (quelqu’un a
même trouvé un article sur ce
djihadiste tunisien qui fume pendant
le jeune de Ramadan, et est branché
musique. Parce que le djihad selon
l’OTAN, c’est cool maintenant.
J’en reviens à Fisk qui s’attache à
rétablir ou à établir quelques
vérités non dites ; oui, il y a un
complot contre la Syrie qui a
commencé à être exécuté dès le début
des revendications légitimes de la
population. Et oui, il faut une
solution politique pour arrêter
morts et destructions mais chacun
peut voir qui, comme en Libye
précédemment, fait obstruction à
toute discussion.
Mais dans le monde des bisounours,
il suffit que Mme Clinton, David
Cameron et Laurent Fabius disent
«Bachar dégage » pour que tout soit
réglé.
Misère de la pensée.
Mais il est vrai que dans le monde
de bisounours de certains il n’y a
jamais de complot, parce qu’il y a
seulement des gentils et des
méchants, et le méchant on le
reconnaît au premier coup d’œil
puisque c’est pratiquement toujours
un Arabe ou un Africain ou les deux
comme Kadhafi, en tout cas quelqu’un
que les Américains n’aiment pas.
PS: je ne suis que très
partiellement voire pas d’accord sur
le parallèle qu’il fait entre la
situation syrienne et la guerre
civile en Algérie, non plus que sur
le parallèle historique mais ce
n’est pas vraiment l’objet du post.
De même, ni le régime syrien, ni le
régime algérien ne peuvent être
qualifiés de laïques, ce sont des
régimes sécularisés (en anglais on
dit secular).
Djazaïri
La réalité sanglante d’une guerre
peu civile en Syrie
Ceux qui essayent de renverser Assad
ont surpris l’armée par leur
puissance de feu et leurs tactiques
brutales
Par Robert Fisk, The Independent
(UK) 26 août 2012 traduit de
l’anglais par Djazaïri
Quelques heurs après le commencement
des attaques féroces conduites le
mois dernier à Damas par l’Armée
Syrienne Libre (ASL), le nouveau
ministre Syrien de l’information,
Omran Zouhbi, s’adressait aux
journalistes présents dans la
capitale. «Que faites-vous ici à
Damas ? » avait-il rugi. Vous
devriez être à l’extérieur avec nos
soldats !»
Et en l’espace d’une journée, les
images usées d’un président Bachar
al-Assad au sourire pincé et de
soldats Syriens embrassant
joyeusement des enfants avaient été
remplacées par des séquences
d’actualités brutes – et
authentiques – montrant des
commandos forçant le passage dans la
rue de Bagdad sous le le feu des
opposants au régime au visage sale,
courant d’un coin de rue à un autre,
tirant en se couvrant derrière des
murs ou des terrasses. « Nous avons
nettoyé par ici, » déclare un
militaire fatigué mais très en
colère. «Alors maintenant, nous
allons avoir le reste de ces
salauds.» Jamais auparavant – pas
même pendant la guerre de 1973 quand
l’armée syrienne avait pris d’assaut
la crête de l’Observatoire sur le
plateau du Golan – le public syrien
n’avait pu assister à quelque chose
d’aussi réel sur ses écrans de
télévision [bon, il a ça dans ses
rues ou chez lui, note de Djazaïri].
Et – malgré des histoires
fantaisistes sur sa présence dans
chaque village ravagé – la bataille
pour Damas a réellement été conduite
par l’impitoyable 4ème
division de Maher al-Assad. Les
soldats fidèles au plus jeune frère
de Bachar n’ont pas fait de
quartier. «Ce fut un massacre, un
massacre,» m’a dit un Syrien qui a
une excellente connaissance de
l’armée. Beaucoup de cadavres
avaient déjà gonflé au bout de
quelques heures, mais on pouvait
dire que certains d’entre eux
n’étaient pas Syriens ; il y avait
des Jordaniens, des Palestiniens,
des Egyptiens, un Turc, des
Soudanais… » Il a compté 70 cadavres
à un endroit, dont 42 non arabes.
L’ASL a signalé avoir perdu
seulement 20 hommes et a affirmé que
le gouvernement syrien avait insisté
sur le nombre de «combattants
étrangers» découvert au milieu des
tués. «les soldats Syriens n’aiment
pas l’idée qu’ils tirent sur leurs
compatriotes – ils se sentent plus à
l’aise s’ils croient qu’ils son en
train de tirer sur des étrangers,»
explique le jeune homme.
Les statistiques de la guerre en
Syrie seront toujours l’objet de
disputes – chaque camp minimisera
ses pertes tant que dureront les
combats et exagèrera le nombre de
ses «martyrs» une fois le conflit
terminé ; nous ne saurons pas non
plus le véritable nombre de civils
tués, pas plus que l’identité de
ceux qui les auront tués. Malgré
l’accès inédit que nous avons eu la
semaine dernière à des généraux et à
des majors que l’Occident accuse de
crimes de guerre, je n’ai trouvé
qu’un officier qui a reconnu
partiellement l’existence des shabiha, cette milice meurtrière à
laquelle on impute des atrocités
dans des villes et villages en
majorité sunnites. «Les shabiha
n’existent pas,» m’a-t-il dit.
«C’est un produit de l’imagination.
Ce sont des ‘défenseurs’ villageois
qui gardent certains secteurs… »
Et c’est bien sûr exactement ce que
le shabiha prétendent être, des
civils Syriens qui protègent leurs
maisons contre les ennemis du
gouvernement. Il en a existé en
Algérie pendant le conflit barbare
entre la dictature d’Alger et les
rebelles islamistes dans les années
1990, protégeant leurs familles tout
en commettant des atrocités dans les
villes et villages considérés comme
étant utilisés par – ou
sympathisants avec – leurs ennemis «
terroristes» musulmans. En Algérie
aussi, les opposants au régime
étaient appelés des combattants
étrangers, des hommes qui avaient
combattu contre les Russes en
Afghanistan et qui étaient rentrés
pour continuer leur guerre sainte
contre le régime «laïque» de
l’ancienne colonie française.
Maintenant, c’est une autre ancienne
colonie française «laïque» – quoique
dominée par les Alaouites - dont le
pouvoir dit qu’il combat des hommes
venus d’Afghanistan, ne faisant
aucune distinction entre les
brigades de l’Unité des Frères
Musulmans, les salafistes ou tout
simplement l’ASL. Personne ne sera
surpris d’apprendre qu’il y a
toujours eu des relations très
étroites entre les renseignements
militaires syriens et algériens.
Mais la bataille de l’armée
gouvernementale contre ses
antagonistes Syriens et étrangers
n’a pas toujours été sans anicroches
comme le régime voudrait le faire
croire au monde. En dépit du récit
des évènements en vigueur
aujourd’hui en Occident, des hommes
armés étaient présents dans les rues
des villes et des villages dès les
tout premiers jours de la
mobilisation en Syrie il y a 18
mois. Certes, le printemps arabe a
d’abord pris la forme de défilés
pacifiques de dizaines de milliers
de manifestants non armés dans les
grandes villes de Syrie, mais une
équipe de tournage d’al Jazeera
avait pu filmer des hommes armés
attaquant des soldats Syriens près
du village de Wadi Khallak en mai
2011. Le même mois, lé télévision
syrienne avait obtenu une séquence
filmée avec des hommes armés de
Kalashnikovs près d’une foule de
manifestants Syriens non armés à
Deraa, où la révolte avait commencé
après que des agents de la police
secrète eurent torturé à mort un
garçon âgé de 13 ans.
Pourtant, il semble que quand les
officiers Syriens et leurs soldats
ont pénétré pour la première fois à
Deraa, ils ne pensaient pas se
retrouver face à des opposants
armés. «Nous avions sécurisé 60 % de
la ville en un seul jour,» affirme
un Syrien bien au courant de cette
opération. «Nous n’avions envoyé sur
place que 1100 soldats – ça
n’arriverait pas maintenant – parce
qu’on ne pensait pas qu’il y avait
des groupes armés là-bas. Mais après
les cinq jours qu’il nous avait
fallu pour reprendre le reste de la
ville, nous avions perdu 17 de nos
hommes victimes de tireurs
embusqués». Ce ne fut pas la seule
surprise : avec le début des
batailles rangées plus tard dans
l’année, l’armé syriennesera étonnée
par la puissance de feu de ses
opposants.
«A Homs, l’armée se trouvait dans un
immeuble qui a reçu des centaines –
littéralement des centaines – de
roquettes RPG, » déclare un Syrien
bien au courant des opérations [à
Homs]. «Il y au des milliers
d’explosions et finalement nous
avions dû évacuer l’ensemble du
bâtiment parce qu’il allait
s’écrouler. Quand les soldats en
sont sortis, ils on dû faire sauter
toute la structure avant qu’lle
s’effondre.» Et, pour une armée
stigmatisée pour sa propre cruauté
au combat, les soldats Syriens ont
été surpris par la brutalité de ceux
qu’ils affrontaient.
A Andan, un checkpoint de l’armée
lourdement défendu avait été balayé
à la fin de l’an dernier quand la
Liwa Tawhid, la Brigade de l’Unité,
avait attaqué la position et tué
jusqu’au dernier les 75 soldats et
les 4 officiers. Dans une embuscade
ultérieure à Shughour, 120 soldats
avaient été tués. Les registre de
l’armée notent l’assassinat de neuf
agents de police au poste de polide
d’al-Hadr dans la province de Hama,
de huit policiers dans un autre
poste de la même province. A Salkin,
une autre ville de la province de
hama, un ancien employé civil de
l’armée qui conduisait des camions
pour le service de transport de
l’armée avait été agressé par une
foule de civils. Cet homme, Abdul
Fatah Omar Abdul Fatah était accusé
d’être un membre des shabiha, dénudé
et pendu, puis son cadavre avait été
bombardé de chaussures et décapité.
A Duma, un responsable de mosquée
[imam ?] avait dit aux fidèles : «
Parmi nous, il y a un Awaini,» un
traître. L’homme avait été battu à
mort. Il est enregistré sous le nom
d’Abu Ahmed Akera.
Quand l’ASL a fait suivre son
attaque contre Damas d’une offensive
sur Alep, les autorités ont constaté
que le premier objectif de leurs
ennemis était l’école d’artillerie.
Plus de 70 cadets ont réussi à
résister jusqu’à l’arrivée de
renforts. Il se dit que toutes les
équipes chargées des batteries de
missiles sol-air avaient été
évacuées à la hâte d’Alep pour
éviter le risque de capture et
préserver les capacités de défense
tactique en cas de possible attaque
par Israël ou l’OTAN.
Les soldats Syriens qui ont forcé
leur passage à travers les ruelles
sinueuses de la vieille ville d’Alep
cette semaine choisiront peut-être
de se souvenir d’un jeune étudiant
Egyptien qui avait passé des mois à
Alep dans les années 1990 pour
travailler sur une thèse en
urbanisme qui portait précisément
sur le champ de bataille où combat
l’armée en ce moment : c’était
Mohamed Atta, le chef des pirates de
l’air du 11 septembre aux Etats
Unis. Certains attaques sur des
officiels Syriens ont été planifiées
tès soigneusement ; des
scientifiques du Centre de Recherche
Scientifique près de Damas ont été
assassinés. Bien avant le premier
recours à l’aviation dans les
combats – l’armé affirme que c’était
en juin – sept pilotes avait été
tués l’an dernier par des rebelles.
L’armée affirme n’avoir commencé à
utiliser l’artillerie – face aux
mortiers – qu’en février.
Pour le gouvernement, les temps à
venir s’annoncent difficiles.
L’armée pense qu’Idlib – signalée
comme étant un bastion d’al Qaïda –
sera une des batailles les plus
décisives pour la guerre. On a les
témoignages de conscrits effrayés
capturé ans un autobus civile en
Syrie centrale et à qui on a donné
le choix suivant : soit leurs
parents donnent 450 000 livres
syriennes (8 000 €)à l’ASL, soit les
jeunes hommes doivent rejoindre les
rebelles. Dans le village de Rableh,
près d’al Qusayr, une population en
majorité chrétienne de 12 000 âmes
serait retenue comme boucliers
humais par les rebelles, quoique
l’armée semble avoir décidé qu’il
serait trop coûteux de pendre le
village.
Le régime de Bachar al-Assad est
devant un ennemi brutal et plein de
ressources dont les soutiens
islamistes reçoivent de l’aide de
l’Occident – exactement comme les
moudjahidine étaient financés et
armés par l’Occident quand ils
combattaient les Russes dans les
années 1980. Avec environ 50 000
hommes en armes et peut-être 4 000
chars de combat, l’armée syrienne en
tant que telle ne peut pas perdre.
Mais peut-elle gagner ?
Original :
http://www.independent.co.uk/opinion/commentators/fisk/robert-fisk-the-bloody-truth-about-syrias-uncivil-war-8081386.html
Traduit de
l'anglais par Djazaïri
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