Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
« Nés libres, nous
le resterons » (12)
Rim al-Khatib
Lundi 29 avril
2013 Avril
2013 - N° 12
Victoire éclatante
du prisonnier résistant Samer Issawi,
qui a mis fin à sa longue lutte de
grève de la faim : 275 jours avec la
menace, au cours des derniers jours,
de refuser tous les supports le
maintenant en vie. Samer Issawi a
vaincu les oppresseurs et les
bourreaux, en refusant tout
bannissement. Dans 8 mois, Samer
Issawi sera libéré des prisons de
l’occupation, et retournera dans sa
ville, al-Quds, et dans sa famille.
Les pressions exercées par
l’occupation sur le résistant Samer,
notamment au cours des dernières
semaines, furent insupportables,
pour lui faire accepter des accords
mitigés qui incluent son
bannissement vers Gaza ou vers un
pays européen. Samer a tenu bon et a
refusé. Les mauvais traitements à
son encontre, de la part des
geôliers, du Shabak, et des médecins
et infirmiers de l’occupation, ainsi
que les mauvais traitements infligés
aux membres de sa famille ne l’ont
pas fait fléchir, ni lui ni sa
famille. Samer Issawi a dû également
affronter tous les esprits faibles,
tous ceux qui ont douté de sa lutte
et de la lutte des prisonniers,
comme ils doutent de la lutte de
leur peuple, comme il a fait face à
tous les comploteurs qui
souhaitaient qu’il cesse sa lutte et
essayaient de trouver des issues
sans gêner l’occupation. Samer
Issawi a fait face aussi à tous les
mensonges diffusés par la presse
sioniste, porte-voix des services
sécuritaires de l’occupation. La
victoire de Samer Issawi est celle
de la victoire de la volonté de
résistance contre la voie des
règlements.
Comme l’exprime si
bien le mouvement du Jihad
islamique, la fermeté de Samer
Issawi renoue avec la fermeté
inébranlable du peuple palestinien,
elle exprime la volonté de lutte du
peuple palestinien, qui refuse de
plier et de se soumettre. La lutte
du résistant Samer Issawi, cadre du
FDLP, est une lutte exemplaire et
indique la voie de la libération :
ne pas fléchir, être prêt au
martyre. Alors que les prisonniers
n’ont pour seule arme que leur «
ventre creux », ils parviennent à
arracher leur liberté par leur
persévérance, leur volonté, leur
sacrifice, leur conscience
politique, leur humanité, et par la
solidarité de leur famille et de
leur peuple. La lutte de Samer
Issawi et sa victoire sont une école
pour tous les peuples en lutte pour
la liberté et la dignité. Par la
lutte et la victoire de Samer Issawi,
le peuple palestinien vient de
prouver une nouvelle fois sa
détermination à vaincre l’occupation
et à vivre libre et digne.
De nombreux articles
parus dans la presse arabe saluent
la victoire du prisonnier Issawi et
de sa famille et insistent sur
l’efficacité de la lutte contre
l’occupation et le sens de
l’abnégation dont jouit le peuple
palestinien. Ils soulignent par
ailleurs que les sionistes ont
reculé par crainte d’un nouveau
soulèvement du peuple palestinien,
en Cisjordanie notamment, alors que
leur entité vit de plus en plus dans
une instabilité stratégique et que
l’AP est devenue incapable d’assurer
« l’ordre sioniste » dans les
territoires occupés. D’autres ont
mis en avant la signification
profonde de cette victoire sur
l’occupant, d’autant plus que le
peuple palestinien fut uni sur le
terrain, comme il le fut lors de la
lutte de sheikh Khodr Adnan, il y a
plus d’un an. Les luttes menées par
les prisonniers rassemblent le
peuple palestinien, et autour de
lui, les peuples arabes et les
peuples libres.
I - Abolir la détention «
administrative »
Le prisonnier Ayman Abu Daoud
poursuit la grève illimité de la
faim, pour protester contre son
arrestation et sa condamnation dans
les mêmes termes qu’avant sa
libération, dans l’opération
d’échange d’octobre 2011. Il avait
été arrêté pour la première fois en
2004, et condamné à 36 ans de
prison. Libéré dans le cadre de
l’échange avec le soldat Shalit, il
a été de nouveau arrêté le
13/2/2012. Les associations
militantes qui ont développé la
solidarité avec Samer Issawi, dont
le cas est semblable, réclament une
mobilisation populaire vaste et
sérieuse de soutien au prisonnier
Ayman Abu Daoud.
Le 28 avril, le prisonnier «
administratif » Ayman Hamdane de la
ville d’al-Khalil a décidé d’entamer
une grève de la faim illimitée
réclamant sa libération. Il a décidé
de lutter contre la détention «
administrative » juste après avoir
reçu la décision de renouvellement
pour 6 mois de sa détention.
Le prisonnier « administratif »
Younes El-Hroub a suspendu la grève
de la faim, après avoir reçu
l’assurance qu’il serait libéré au
mois de juillet prochain et que sa
détention « administrative » ne
serait pas renouvelée. Après 65
jours de grève de la faim, Younes
El-Hroub dont l’état de santé
s’était dramatiquement détérioré, a
accepté la proposition de
l’occupation, comme l’a affirmé sa
famille. Younes El-Hroub, ancien
prisonnier libéré (il avait été
arrêté en 2002 et détenu pendant 6
ans et demi) et cadre du mouvement
du Jihad islamique dans la région
d’al-Khalil, fut arrêté en juillet
2012 et placé en détention «
administrative » à cause de son
activité militante dans la défense
des prisonniers.
Ahmad Qatamech, écrivain,
journaliste et militant, est placé
en détention « administrative »
depuis le mois d’avril 2011, sur
ordre du Shabak, qui l’accuse
d’appartenir au FPLP et de
représenter un danger contre
l’occupation. Amnesty International
a décidé de réclamer sa libération,
le considérant comme un « prisonnier
d’opinion ».
Le doyen des détenus «
administratifs » est Darrar Mohammad
Abu Manchar, 34 ans, de la ville
d’al-Khalil. Il est détenu sans
aucune charge retenue contre lui par
les forces de l’occupation depuis le
5 novembre 2010. Détenu dans la
prison du Naqab, sa détention a été
renouvelée 6 fois de suite, quelques
jours avant la fin de la période
fixée. Le renouvellement sans cesse
de la détention « administrative »
est en soi une forme de torture
morale, pour le détenu et pour sa
famille.
Au cours d’une journée d’étude sur
la détention « administrative », des
juristes ont considéré que les
détenus administratifs sont des
otages kidnappés dans leurs propres
maisons, sans aucune charge contre
eux. L’occupant doit libérer
immédiatement et leur verser des
compensations. Ils ont appelé à une
large mobilisation pour abolir cette
pratique inhumaine.
La pratique de la « détention
administrative » est un crime
perpétré par l’autorité coloniale
sioniste contre le peuple
palestinien. Il s’agit d’une arme
terrible utilisée par l’occupant
pour empêcher toute protestation et
révolte et pour maintenir sa
domination. Abolir cette forme de
torture reste une priorité pour les
Palestiniens et tous les peuples
libres dans le monde.
Les prisonniers jordaniens détenus
dans les prisons de l’occupation ont
décidé d’entamer la grève illimitée
de la faim à partir du 2 mai 2013
jusqu’à la satifaction de leurs
revendications qui sont, entre
autres : des visites régulières de
leurs familles, formation d’un
comité médical qui puisse suivre
leur état de santé, visites pour les
prisonniers arabes non jordaniens.
Les prisonniers jordaniens avaient
mené une grève de la faim en 2012,
pendant 31 jours, sans rien obtenir
que des promesses.
2 – Libérer les prisonniers malades
L’avocat de l’association
palestinienne « Mandela », Buthayna
Shaaban, tire la sonnette d’alarme :
15 prisonniers palestiniens, détenus
dans la prison Ramleh, dans la
section appelée « hôpital »,
risquent de tomber martyrs, si rien
n’est fait pour les libérer. Elle a
affirmé que les conditions de
détention dans ce pseudo hôpital
sont catastrophiques, et qu’ils ne
reçoivent aucun soin approprié. «
Les prisonniers se trouvent dans
quatre pièces fermées, ils se
déplacent à l’intérieur des pièces
en chaises roulantes… Un infirmier y
passe de temps à autre, notamment
lorsqu’un prisonnier élève la voix
ou crie. » Elle a également décrit
l’état de santé du prisonnier
Mansour Mawqidi, condamné à la
perpétuité, qui nécessite une
intervention chirurgicale urgente.
Le prisonnier Mu’tassem Raddad de
Tulkarm est gravement malade depuis
quatre ans. Deux fois de suite, les
sionistes l’ont transféré à
l’hôpital pour l’opérer, mais sans
suite. Le club des prisonniers lance
un cri d’alarme réclamant sa
libération immédiate et accuse
l’occupation de négliger les soins
pour le laisser mourir.
Ameer et Muhammad Farid Ass’ad sont
de Kfar Kanna, en Palestine occupée
en 48. Arrêtés en 2011, et condamnés
à 6 ans et demi de prison, les deux
frères sont gravement malades,
d’après le centre Ahrar de
solidarité avec les prisonniers.
Ameer est paralysé avant son
arrestation et son état se dégrade,
par manque de soins et Muhammad est
gravement atteint à la jambe, mais
les autorités de l’occupation
refusent de le soigner.
3 – Mémoires
A l’occasion de la journée des
prisonniers (17 avril), les femmes
anciennement détenues dans les
prisons sionistes ont raconté aux
nouvelles générations leurs
sacrifices et leurs luttes car
l’histoire du mouvement national des
prisonniers palestiniens et arabes
dans les geôles de l’occupation
reste une histoire à écrire, à
raconter, à diffuser et à en tirer
les leçons de bravoure, d’abnégation
et d’espoir.
Fatmé Halabi, 62 ans, a été arrêté
au début de 1971 : « je travaillais
avec mon père Omar Halabi, qui
faisait partie des forces populaires
de la libération dans la bande de
Gaza et au nord du Sinaï. J’ai été
arrêtée prè de l’hôpital des enfants
et détenue dans la prison « as-Saraya
». Elle avait 16 ans. « Notre
fermeté alimentait le courage des
prisonniers. Nous entendions leurs
cris, qui nous ébranlaient… Ils (les
soldats sionistes) nous prenaient
pour assister aux séances de
torture, ils voulaient nous faire
peur et nous arracher des aveux.
Nous étions nous-mêmes torturées :
nous devions porter sur nos têtes
des chaises pendant des heures, ils
plaçaient des sortes de chauffage
près de jambes, ils nous brûlaient
avec des cigarettes (je porte encore
les traces de brûlures). Fatmé a été
condamnée à 20 ans de prison, alors
qu’elle n’avait rien avoué. Elle fut
détenue pendant 14 ans. Elle se
rappelle les séances de torture et
spécialement lorsqu’un enfant de 14
ans, de la famille al-Ghoul, fut
torturé devant elle.
4 – Arrestations et condamnations
Les forces de l’occupation ont
arrêté trois jeunes Palestiniens
dans la ville d’al-Abu Mayale et Yazan Derbas, qui se
trouvaient dans la tente de
solidarité avec le prisonnier Samer
Issawi. La tente de solidarité a été
démolie pour la trentième fois.
Même si les médias refusent
sciemment de couvrir la situation
dans la ville d’al-Quds, les
maqdisis poursuivent les
protestations et les rassemblements
: en solidarité avec Samer Issawi et
les prisonniers en lutte, en défense
de la mosquée al-Aqsa, contre les
démolitions de maisons et pour
stopper la judaïsation rampante de
la ville. Tous les jours, les forces
de l’occupation arrêtent des jeunes
et des enfants, qui affrontent les
soldats et les colons.
Mahmoud Zahran, 34 ans, du mouvement
Fateh, est le nouvel héros
palestinien qui a osé affronter les
soldats de l’occupation dans la
prison de Ascalan. Condamné à 18 ans
de détention, Mahmoud Zahran a
frappé un officier sioniste, il y a
quelques jours, lors d’une fouille
provocatrice menée par les forces
sécuritaires dans les cellules.
L’officier fut blessé. Plus de dix
colons armés se sont jetés sur
Mahmoud Zahran, qui gît à présent à
l’hôpital. Le tribunal de l’occupant
vient de l’accuser de « tentative
d’assassinat ».
Sheikh Khodr Adnan avait appelé à
manifester dans Ramallah en soutien
au prisonnier Mahmoud Zahran.
Assassinat d’un prisonnier libéré :
l’Etat de l’occupation a tiré de
sang-froid sur le prisonnier libéré
et banni en Jordanie, Saleh Jahhalin,
54 ans, qui essayait de revenir au
pays en traversant la Mer morte. Le
martyr Saleh Jahhalin est originaire
d’al-Khodr, où il a été enterré,
après un cortège funèbre militaire
solennel. Saleh Jahhalin fut l’un
des membres les plus actifs des «
Martyrs d’al-Aqsa » (Fateh) pour
faire passer les armes en Palestine.
L’Etat de l’occupation a arrêté
Mahmoud Abu Hash-hash à Doura,
province d’al-Khalil, pour la
troisième fois. Mahmoud Abu
Hash-hash est un cadre du Jihad
islamique, et militant actif dans le
soutien aux prisonniers et à leur
lutte. Il a participé, aux côtés de
Thaer Halahla, arrêté lui aussi, à
tous les rassemblements de soutien à
la lutte des prisonniers.
5 – Solidarité
Dans la ville d’al-Quds et ailleurs
en Cisjordanie occupée, les
militants poursuivent leur
mobilisation pour soutenir les
prisonniers en lutte, mettre fin à
la détention administrative et
libérer les prisonniers malades. De
son côté, l’association
palestinienne Addameer poursuit sa
campagne pour l’abolition de la
détention administrative. Elle a mis
en place un site d’information sur
cette forme barbare de détention
pratiquée par l’occupant :
http://stopadcampaign.com/
Au moment où les
Palestiniens poursuivent leur
mobilisation en soutien aux
prisonniers en lutte, et réclament
la libération des prisonniers
gravement malades, des
parlementaires européens sont
arrivés à Ramallah pour participer
au congrès de solidarité avec les
prisonniers organisé par le comité
de soutien à Marwan Barghouty, le
prisonnier dirigeant du Fateh,
parlementaire condamné à la
perpétuité. Les parlementaires
socio-démocrates européens ont
réclamé la libération des «
prisonniers politiques palestiniens
», tout en affirmant soutenir la
voie non-violente du président
Abbas. Il reste à savoir si les
paroles prononcées à Ramallah seront
suivies d’actes et si les
parlementaires agiront en faveur des
prisonniers, lorsqu’ils retourneront
en Europe.
Une campagne de
solidarité avec les prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
sera lancée début mai jusqu’au mois
d’octobre prochain, à partir de la
bande de Gaza. Cette campagne sera
suivie dans plusieurs pays
musulmans, comme l’affirme les
responsables palestiniens.
Au moment où les
forces de l’occupation poursuivent
les militants et résistants en
Cisjordanie, tentant d’empêcher
toute révolte populaire, les forces
sécuritaires de l’AP poursuivent et
arrêtent les journalistes. Khaldoun
Mazloum, de l’agence Qudspress, a
été arrêté le 28 avril. De même, une
dizaine de membres du parti
islamique Hizb at-Tahrir ont été
arrêtés par les services
sécuritaires de l’AP de Ramallah, au
cours d’un meeting organisé par ce
parti. L’AP semble avoir déclaré la
lutte contre les membres de ce parti
islamique, qui avait proclamé depuis
sa fondation(1947) que sa lutte
politique est pacifique, et elle a
remis 25 de ses militants aux
autorités sionistes.
D’autres part, les
forces sécuritaires de l’AP en
veulent au camp de Jénine et à ses
combattants et résistants : une
tentative d’arrêter le frère du
prisonnier libéré sheikh Bassam
Saadi, dirigeant au Jihad islamique,
dont l’épouse est toujours détenue
par les forces de l’occupation, et
l’arrestation de deux fils du sheikh
dirigeant au Hamas, Mahmoud Abul-Hayja,
détenu dans les prisons de
l’occupation.
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