Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
« Nés libres, nous
le resterons »
Rim al-Khatib
Dimanche 13 janvier
2013 Janvier
2013 - N° 2
I - Abolir la détention
« administrative »
Plusieurs prisonniers mènent la grève de
la faim illimitée pour réclamer
l’abolition de la détention
« administrative », forme de détention
arbitraire qui menace l’ensemble du
peuple palestinien. La détention dite
administrative est une forme de torture
psychologique puisque son renouvellement
est souvent prononcé quelques heures
seulement avant le moment de la
libération prévue.
Pour la deuxième fois consécutive, Ayman
Sharawneh a momentanément arrêté sa
grève, suite à la promesse reçue de
revoir son dossier. Sa famille juge son
état de santé très préoccupant, puisque
Ayman a persisté dans sa grève de la
faim pendant 6 mois consécutifs. Après
avoir brutalisé Samer Issawi et sa
famille dans les locaux du tribunal
militaire, la famille de Samer Issawi,
qui poursuit sa grève de la faim depuis
165 jours, est placée en état de siège.
Les forces de l’occupation ont même
démoli la maison de son frère Ra’fat,
située dans le quartier Issawiya dans
al-Qods, et coupé l’eau qui alimente la
maison familiale. L’occupation croit
ainsi faire pression sur le gréviste de
la faim. Sheikh Khodr Adnan a commenté :
« l’occupant se venge parce qu’il est
devenu impuissant. Il a donné ordre à la
municipalité sioniste d’al-Qods de
détruire la maison et de couper l’eau. »
L’épouse de Jaafar Izzidine poursuit la
grève de la faim, en solidarité avec le
mouvement lancé par les prisonniers
détenus administratifs, Jaafar Izzidine,
Tareq Qaadan et Youssef Shaabane, qui
réclament leur libération immédiate et
mènent la grève de la faim depuis 47
jours. Les trois prisonniers résistants
(appartenant au mouvement du Jihad
islamique) ont été emmenés à la prison
Ramleh, où se trouve une sorte
d’hôpital, à cause de la détérioration
de leur état de santé. C’est la bataille
« pour la dignité des Palestiniens » qui
se poursuit. Les prisonniers grévistes
ont décidé de poursuivre le mouvement
juqu’à leur libération. Vendredi 11
janvier, les trois prisonniers ont été
placés en isolement. Tareq Q
aadan a déclaré : « nous refusons
la soumission à l’arbitraire des hommes
du Shabak (services de renseignements de
l’occupation), ces arrestations ne
fixent pas notre destinée, nous ne
plierons pas, nous refuserons la
détention administrative, de toutes nos
forces ».
La campagne pour l’abolition de la
« détention administrative » doit
s’élargir. La pression internationale,
le boycott des institutions sionistes,
la campagne médiatique pour la
libération des prisonniers, doivent
s’intensifier. Ne laissez pas les
prisonniers mourir ! Participez à la
bataille pour leur libération !
2 – Statistiques
Le centre d’études consacré aux
prisonniers palestiniens vient
d’annoncer que les prisonniers
palestiniens détenus depuis plus de 20
ans dans les prisons sionistes s’élève à
72. Le prisonnier Ahmad Ali Arida de
Arraba, Jénine (42 ans) détenu depuis le
4/1/1993 et condamné à 20 ans de prison,
et le prisonnier Mahmoud Jamil Abou
Srour (41 ans) du camp Aïda au nord de
Beit-Lahem, arrêté depuis le 5/1/1993,
et condamné à la prison à vie, ont
rejoint la liste des prisonniers détenus
depuis plus 20 ans et plus. Deux frères
du prisonnier Ahmad Arida sont également
prisonniers, dont Mahmoud Arida,
condamné à perpétuité. Le prisonnier
Abou Srour a obtenu sa licence et son
diplôme d’études supérieures en études
politiques. Il est interdit, soi-disant
pour raisons sécuritaires, des visites
familiales.
Le nombre de prisonniers détenus depuis
25 ans et plus s’est élevé à 23
prisonniers. Le prisonnier appartenant
au FPLP, Yassin Abou Khdeir, de la ville
d’al-Qods, est prisonnier depuis le
27/12/1987. Il est condamné à 28 ans de
prison pour résistance à l’occupation.
Le plus ancien prisonnier palestinien
détenu dans les prisons sioniste est le
prisonnier Karim Younes, des territoires
occupés en 1848, détenu depuis le
6/1/1983. A l’occasion du début de sa 30ème
année de détention, le doyen des
prisonniers Karim Younes a adressé une
lettre très amère au Fateh, auquel il
appartient.
3 – 12 députés palestiniens toujours
détenus
Parmi
eux, 7 députés en « détention
administrative », sans aucune charge,
uniquement par vengeance. Il s’agit des
députés Mahmoud Ramhi, Fathi Qar’awi,
Yasser Mansour, Bassem Za’arir, ‘Imad
Nofal, Hassan Youssef et Nayef Rajoub.
Pami les ministres toujours en
détention, Wasfi Qubbaha, ancien minisre
chargé des prisonniers, ‘Issa Ja’bari et
Khaled ‘Arfa, ministre chargé d’al-Qods.
L’Etat sioniste avait arrêté 51 députés
et ministres après les élections
législatives de l’Autorité palestinienne
en 2006. Ils furent accusés d’appartenir
au bloc du « changement et de la
réforme », lié au Hamas, que l’occupant
avait interdit. Le renouvellement de
leur détention « administrative »
a été maintes fois prononcé par
les tribunaux militaires sionistes. Les
députés Ahmad Saadate, Jamal Tirawi et
Marwan Barghouti furent « jugés » et
condamnés par les tribunaux militaires.
4 - Prisonnières palestiniennes en lutte
Lina Jarbouni, prisonnière originaire de
Palestine 48, qui devait être libérée
dans le cadre de l’accord d’échange en
octobre 2011, a refusé toute démarche en
direction des autorités carcérales, en
protestation au refus de
l’administration pénitentiaire sioniste
de réduire sa détention du tiers, ce qui
se fait en général pour les prisonniers
palestiniens de 48, après plusieurs
années d’incarcération. Lina Jarbouni,
accusée d’appartenir au mouvement du
Jihad islamique, a participé au
mouvement de la grève de la faim au
printemps dernier en soutien à la
campagne pour l’abolition de la
détention administrative. Lina Jarbouni
a été arrêtée en 2002 et subi un
interrogatoire sauvage pendant un mois.
Elle a été condamnée à 17 ans de prison.
Bien que malade, les autorités
carcérales refusent de la faire soigner.
Lina Jarbouni est représentante des
prisonnières auprès de l’administration
pénitentiaire. Dans la prison Hasharon
où elle est incarcérée, se trouvent
également : In’am Hasanat, du camp
Dheishé, Alaa Ju’bi, d’al-Khalil, Salwa
Hassan d’al-Khalil, Hadeel Abu Turki
d’al-Khalil, Asmaa Batrane, d’al-Khalil,
Noura Abou Wardé d’al-Khalil, Muna
Qaadan, sœur de Tareq Qaadan, en grève
de la faim, de Jénine, Nawal Saadi, de
Jénine et Manar Zahawra de Beit-Lahem.
Par ailleurs, l’état de santé de la
prisonnière Nawal Saadi (53 ans), épouse
de sheikh Bassam Saadi, tous les deux
cadres du mouvement du Jihad islamique
en Palestine, et détenus administratifs,
suscite la crainte de sa famille. Mère
de deux martyrs tombés au cours de la
bataille de Jénine en 2002, Nawal Saadi
souffre de tension élevée. Elle a été
arrêtée le 5 novembre 2012 et est
détenue dans la prison de Hasharon.
L’occupation a plusieurs fois ajourné la
séance de son « jugement ».
67 femmes ont été arrêtées au cours de
l’année 2012, plusieurs d’entre elles en
tant que « prisonnières
administratives ».
5 – Portrait
Le prisonnier Mohammad Abu Ara (Abu
Abada) est né à Aqaba, dans la province
de Jénine, en Cisjordanie, le 28 avril
1961. Il poursuit ses études secondaires
puis universitaires, à Toubas puis en
Jordanie, et obient son diplôme en
« Fondements de la religion » en 1985.
En 1996, son fils cadet tombe martyr.
Abu Abada a été emprisonné 6 fois, au
total 61 mois. Il est toujours en
« détention administrative » depuis le
29 juillet 2011. Sa première détention
fut du 14/12/1990 au 20/3/1991. Sa
troisième détention fut la plus pénible,
à cause de l’interrogatoire subi pendant
65 jours, où il fut sauvagement torturé,
gardant les séquelles jusqu’à présent
(cardiaque).
Il fut arrêté le 29/7/2011 par
les forces de l’occupation alors qu’il
se trouvait dans sa maison, à Aqaba. Son
père décède, le cœur meurtri de n’avoir
pas vu son fils, à son chevet. Dans une
lettre adressée à sa famille, Abu Abada
décrit les traitements « sadiques » des
gôliers et les maux qui rongent son
corps et les corps de centaines de
prisonniers, livrés au froid et à
l’humidité des cellules de la prison de
Meggido. Il y décrit son transfert à
l’hôpital de Afoula, lorsque son état de
santé empire, les pieds et les mains
liés, et enchaîné. Dans l’hôpital, les
chaînes relient ses pieds au lit, trois
policiers le surveillent. Il est
tansféré en salle d’opérations toujours
enchaîné, où il subit une intervention
chirurgicale au cœur. Dans la salle de
repos, il est de nouveau enchaîné au
lit, sans pouvoir bouger. Ce sont les
conditions dans lesquelles les occupants
sionistes soignent les prisonniers
palestiniens.
6 – le poète Tahrir Barghouty : 12 ans
de prison
Le poète Tahrir Khalil Isma’il Barghouty
(44 ans) du village de Qobar, dans la
province de Ramallah, entame sa douzième
année de détention. Autour de plusieurs
recueils de poèmes, il a été accusé par
l’occupant d’acitvités hostiles à
l’occupation. Son poème « Malgré les
chaînes, ils ont échoué » a été offert à
tous les prisonniers dans les prisons
sionistes. Des centaines
d’intellectuels, poètes, romanciers,
professeurs, écrivains et journalistes
palestiniens font partie de cette élite
résistante, emprisonnée par
l’occupation.
7 – Solidarité
Bien que de nombreux commentateurs aient
signalé la faible mobilisation de la
population palestinienne avec les
prisonniers en grève de la faim, et
trouvé des explications à cela (division
inter-palestinienne, problèmes
quotidiens, absence de perspectives,
entre autres), la solidarité avec les
prisonniers grévistes de la faim se
poursuit en Palestine : dans le village
de ‘Arraba, province de Jénine, une
manifestation hebdomadaire mobilise la
population qui réclame l’abolition de la
détention administrative : sheikh Khodr
Adnane et Bilal Diab (anciens détenus
administratifs appartenant au mouvement
du Jihad islamique, ayant réussi à
recouvrer leur liberté grâce à la grève
de la faim) en sont les principaux
acteurs. A Gaza, un rassemblement
hebdomadaire des familles de prisonniers
et des forces politiques et associations
de solidarité se tient devant les locaux
de la Croix-Rouge Internationale pour
rappeler à cette institution
internationale le sort réservé aux
prisonniers, et surtout son inaction et
soumission aux autorités de
l’occupation. A Londres
(Grande-Bretagne), un rassemblement a
été organisé en soutien aux prisonniers
grévistes de la faim. Les participants
ont réclamé à la chaîne BBC de couvrir
médiatiquement la situation des
prisonniers et leurs luttes.
Une délégation des associations
des Palestiniens de 48 s’est récemment
rendue en Irlande et Grande-Bretagne
pour expliquer la situation des
prisonniers palestiniens de 48 et
réclamer le soutien le plus large à leur
cause.
8 - Mahmoud Abbas refuse de rencontrer
la mère de Samer Issawi
Ayant considéré qu’un président a la
charge de protéger et de défendre son
peuple, la mère de Samer Issawi,
prisonnier administratif en grève de la
faim depuis plus de 160 jours, a décidé
de se rendre chez Mahmoud Abbas, pour
lui demander de réclamer la libération
de son fils, puisque le nouveau statut
international de l’Autorité
Palestinienne, lui aurait ouvert les
portes de la « communauté
internationale ». Après avoir passé
plusieurs heures aux barrages et après
être finalement arrivée à la Mouqataa de
la présidence de l’Autorité, Mahmoud
Abbas a refusé de recevoir la mère de
Samer Issawi, lui faisant juste passer
ce message : « demande à ton fils
d’arrêter la grève de la faim ! » Sans
commentaire !!!
Janvier 2013 - N° 1
Le sommaire de Rim al-Khatib
Le dossier des prisonniers palestiniens
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