Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
« Nés libres, nous
le resterons »
Rim al-Khatib
Jeudi 28 février
2013 Mars
2013 - N° 8
I - Abolir la
détention « administrative »
Le résistant Samer Issawi est
toujours en grève de la faim, depuis
plus de 230 jours. Sa sœur Shirine a
annoncé à la presse que les
autorités de l’occupation ont
proposé à Samer la libération à
condition d’être déporté vers la
bande de Gaza, proposition qu’il a
refusé net, considérant que
l’occupation procède à un nettoyage
ethnico-religieux de la ville
occupée d’al-Quds, pour en faire une
ville juive et sioniste. Il a jugé
que sa vie n’était pas plus chère
que la capitale palestinienne
occupée.
Samer Issawi a purgé la peine pour
laquelle il a été arrêté et détenu,
à la date du 6 mars, celle de s’être
déplacé vers les territoires occupés
de Cisjordanie. Il avait été
condamné à 6 mois de prison.
Aujourd’hui, il est maintenu en
prison pour un autre motif concocté
par les services sécuritaires de
l’occupation. Il risque, comme Ayman
Sharawneh, tous les deux prisonniers
libérés lors de l’accord d’octobre
2011, à être condamné à purger le
reste de la peine pour laquelle il
avait été arrêté auparavant et dont
il a accompli 10 ans de prison. En
effet, l’occupation se venge des
prisonniers libérés lors de cet
accord, profitant du silence
international sur ses violations et
crimes, et profitant surtout de la
complicité criminelle de
l’impérialisme.
Ayman Sharawneh poursuit également
la grève de la faim, qu’il a reprise
il y a plus de 80 jours, malgré son
état de santé critique. L’occupation
lui a également proposé la
déportation à Gaza, il y a une
semaine. Il n’a toujours pas
répondu, sa famille souhaitant qu’il
reste en vie, mais respectant toute
décision prise par Ayman.
Trois détenus « administratifs » du
Jihad islamique sont toujours en
grève de la faim depuis 12 jours, il
s’agit de Mohammad Najjar, du camp
d’al-Fawwar, de Zakaria Al-Hih, de
Sourif, et de Ibrahim Ibrahim, du
camp Aqaba, dans la province
d’Ariha, arrêtés puis détenus sans
aucune charge. Ils réclament leur
libération immédiate et l’abolition
de la détention administrative.
Plusieurs détenus « administratifs »
ont subi le renouvellement de leur
détention : Ayman Hamdane, 6 mois,
Ayman Zaaqiq, 4 mois et Issa
Awawdeh, 2 mois. Tous avaient été
arrêtés en 2011 en tant que membres
du Jihad islamique.
Tareq Qaadane et Jaafar Izzidine,
détenus « administratifs », avaient
suspendu leur grève de la faim, en
attendant la décision du tribunal de
l’occupation. Celui-ci n’a pas pris
de décision, puisque la séance a été
reportée, mais le juge avait déclaré
qu’ils seraient libérés à la fin de
la durée à laquelle ils ont été
condamnés, et qu’elle ne serait plus
renouvelée après le 21 mai 2013.
Transférés à un hôpital à
l’intérieur de l’Etat sioniste pour
quelques jours, ils ont été remis en
prison.
Le mouvement de solidarité avec les
prisonniers en lutte déclenché il y
a plusieurs semaines dans les
territoires occupés a son premier
martyr, Mohammad Asfour, qui a
succombé à ses blessures le mercredi
6 mars. Le martyr Mohammad Asfour
est tombé en défense de la dignité
du peuple palestinien et des
prisonniers. Il avait été gravement
blessé par les forces de
l’occupation lors d’une
manifestation de soutien aux
prisonniers en lutte. Les sionistes
avaient alors « offert » de le
soigner dans leurs hôpitaux pour
éviter son martyre, par crainte de
susciter de nouvelles révoltes.
Mohammad Asfour (22 ans) était
étudiant à l’université d’Abu Dis,
dans la banlieue d’al-Quds. Nombreux
sont les dirigeants de la résistance
palestinienne à appeler à une
révolte généralisée contre
l’occupation, à partir du vendredi 8
mars, date de ses funérailles. Mais
l’Autorité Palestinienne de Ramallah
veille : pas question de révolte
avant la venue du président
américain Obama. L’occupant sioniste
craint également ces « troubles » en
Cisjordanie.
Les prisonniers palestiniens détenus
dans les prisons sionistes lancent
un mouvement de protestation
progressif en soutien aux
prisonniers en lutte. Ils protestent
contre l’assassinat du prisonnier
Arafat Jaradat et réclament la fin
de l’isolement de Darrar Abou Sissi.
Ils réclament l’intervention des
autorités égyptiennes pour obliger
l’Etat sioniste à respecter l’accord
d’échange d’octobre 2010. Dans un
communiqué publié le 5 mars, les
prisonniers ont annoncé le début de
leur mouvement disant que « le
mouvement des prisonniers est
capable de prendre l’initiative et
d’affronter le geôlier sioniste ».
Ils ont appelé le peuple palestinien
à se soulever et à considérer la
journée du vendredi 8 mars «
vendredi de la colère, de soutien et
de fidélité aux prisonniers ».
Les Palestiniens sont de plus en
plus en colère contre les
organisations internationales dont
le mutisme envers la cause des
prisonniers grévistes de la faim n’a
jamais été aussi flagrant. De l’ONU
au CICR, c’est la même attitude qui
prouve qu’elles sont en réalité un
bras de l’occupation. De même, de
nombreuses associations de défense
des droits de l’homme que les Etats
européens ont financées depuis les
accords d’Oslo montrent à présent
leur vraie nature : leur financement
leur interdit d’être actifs dans le
soutien aux prisonniers palestiniens
et de mobiliser en leur faveur,
alors qu’elles multiplient depuis
des années des rapports sur les «
droits de l’homme » dans les
territoires occupés palestiniens.
Ils sont surtout en colère contre
les Etats occidentaux qui sont
considérés comme les principaux
partenaires de l’Etat sioniste dans
sa politique coloniale et
répressive. Les étudiants de
l’université de Bir Zeit ont chassé
le consul britannique et l’ont
empêché de tenir une conférence le 5
mars dernier. Sur sa voiture, fut
collée la photo du prisonnier en
lutte S amer Issawi. Sheikh Khodr
Adnane a rappelé la révolte des
étudiants de Bir Zeit contre la
visite de Jospin, en 2000. Il fut
arrêté par l’Autorité palestinienne
à cette époque. Il a déclaré que les
universités palestiniennes sont et
doivent rester un lieu de
protestation contre l’occupation et
ses alliés et que « la visite des
représentants de l’impérialisme à
nos universités est interdite ».
2 – Statistiques
Les autorités de l’occupation
sioniste ont arrêté 382 Palestiniens
au mois de février 2013. Parmi eux,
72 Palestiniens de la ville de Nablus, et 70 de la ville d’al-Quds.
Au cours de ce même mois, trois
députés du mouvement Hamas ont été
enlevés, dont Ahmad Attoun député de
la ville d’al-Quds et refoulé vers
Ramallah.
Entre 2009 et 2011, seuls 77 ont été
annulés par le tribunal militaire
sioniste sur les 2867 ordres de
détention administrative prononcés
par l’armée d’occupation sur avis du shabak, soit 2,6%. En 2011, 855
ordres de détention administrative
ont été prononcés, 539 ont été
approuvés, 21 annulés et 272 ont été
réduits, dont 26 réduits
fondamentalement. Une augmentation
de 64% a été enregistrée au cours de
2011 pour les ordres confirmés, par
rapport à l’année 2010.
L’Unicef (organisme international de
l’ONU) vient de publier un rapport
sur les enfants détenus dans les
prisons sionistes. Selon cet
organisme, 700 enfants palestiniens
sont arrêtés tous les ans. Mis à
part les rapports qu’ils publient de
temps à autre, à quoi servent ces
organismes qui ne prennent aucune
mesure concrète contre l’occupation
?
3 – Arrestations et condamnations
Le tribunal de l’occupation a
condamné Intissar Sayyad, de la
ville d’al-Quds, à 30 mois de prison
ferme, l’accusant d’avoir tenté de
poignarder un soldat sioniste.
Intissar Sayyad est mère de quatre
enfants. Elle a refusé d’avouer ce
dont elle est accusée, malgré
l’interrogatoire violent subi depuis
son arrestation.
Nader Jaffal, membre de la direction
centrale du FDLP, et prisonnier
libéré (40 ans) a été arrêté à Abou
Dis, dans la banlieue d’al-Quds.
Nader Jaffal avait été détenu dans
les prisons de l’occupation pendant
15 ans, et fut libéré en 2009.
14 prisonnières sont détenues dans
les geôles de l’occupation, la
doyenne étant Lina Jarbouni, des
territoires occupés en 1948. La plus
jeune est Hadeel Abou Turki, 17 ans.
Les forces de l’occupation ont
arrêté le prisonnier libéré, blessé
et paralysé, Mu’tazz Ubayd, de la
ville d’al-Khalil au début du mois
de mars. Il a été libéré une semaine
plus tard.
Thamer Sabaana, frère du
caricaturiste palestinien Mohammad
Sabaana, arrêté et détenu depuis le
mois de février, a été arrêté par
les forces de l’occupation. Son
crime ? Son soutien actif aux
prisonniers en lutte, puisque Thamer
a lancé depuis plusieurs mois un
mouvement populaire de solidarité
avec les prisonniers. Il avait déjà
été arrêté plusieurs fois.
Le prisonnier
Mukhles Sawafta de Toubas entame la
23ème
année de sa détention dans les
prisons sionistes. Il avait été
arrêté le 9 mars 1991 et condamné à
la prison à perpétuité après avoir
été accusé d’avoir tué un soldat
sioniste. Il n’avait que 17 ans à
l’époque. Le résistant Sawafta est
privé de visites familiales depuis
11 ans, pour des motifs soi-disant
sécuritaires. Lors de son
arrestation, il a été isolé pendant
7 mois dans la prison de Junayd,
pour interrogatoire. Puis tansféré à
la prison de Telmond, il y a été
isolé pendant 8 mois où il fut
victime de traitements inhumains.
Depuis plusieurs mois, les forces
spéciales de l’occupation mènent des
raids contre les diverses prisons où
sont détenus les Palestiniens, et
notamment dans la prison du Naqab.
Les sections 6 et 7 sont
particulièrement visées. Les
prisonniers palestiniens y sont
battus, comme au cours du dernier
raid où le prisonnier Sami Usayleh a
été violemment battu avant d’être
mis en isolement.
4 – Libération
Shadi Issawi, frère de Samer Issawi,
a été libéré après 14 jours. Il a
subi un interrogatoire dur et
pénible et a été contraint à payer
8000 shekels. Une récente étude a
montré que les Palestiniens non
seulement subisssent l’occupation,
mais la financent et financent les
tribunaux et les prisons en étant
obligés de payer des amendes, aux
tribunaux et prisons sionistes.
5 – Ils ont perdu la dépouille d’un
martyr
Le tribunal suprême sioniste vient
d’annoncer que les autorités de
l’occupation ont égaré la dépouille
d’un prisonnier tombé martyr, il y a
trente ans, dans la prison de Mahmoud Dawla. D’après Qaddoura
Farès, président du Club des
prisonniers, l’occupant aurait vendu
les organes du martyr ou procédé à
des expériences sur son corps. Que
les sionistes soient aussi
criminels, n’est pas étonnant, les
massacres commis en Palestine depuis
leur arrivée en Palestine au début
du siècle dernier le prouvent. Mais
c’est l’attitude du CICR qui est
étrange, puisqu’il est normalement
chargé de suivre les dossiers des
prisonniers. Si le CICR et les
organismes internationaux sont
incapables de protéger les
prisonniers, à quoi servent-ils donc
?
Mahmoud Dawla avait été arrêté le 30
juin 1968 lors d’une bataille contre
l’occupation dans la région d’al-Aghwar
(Jourdain). Le tribunal militaire
l’avait condamné à la perpétuité. Il
mourut en martyr dans la prison de
Ascalan, le 31 août 1980, suite à la
détérioration de sa santé, des
suites des conditions de détention.
Sa dépouille mortelle n’a jamais été
rendue à la famille. Des centaines
de martyrs palestiniens ont subi le
même sort. Leurs familles réclament
leurs corps. Et parmi eux, le
prisonnier d’origine libanaise Yahia
Skaf, combattant au Fateh qui a
participé le 11 mars 1978 à
l’opération Kamal Adouane. Aucune
nouvelle de lui n’est parvenue
depuis son arrestation et son corps
n’a jamais été remis à sa famille.
6 – Solidarité
Les prisonnières libérées vivant
dans la bande de Gaza ont décidé
d’entamer une grève de la faim
devant les locaux du CICR. Elles
protestent contre le silence
international vis-à-vis des
prisonniers palestiniens et les
conditions de détention. 22 autres
femmes palestiniennes avaient décidé
également de mener une grève de la
faim dans la tente de la solidarité
érigée en soutien aux prisonniers en
lutte. Elles ont décidé de soutenir
les prisonniers en lutte, en premier
lieu Samer sa lutte.
L’Union des radios et télévisions
islamiques critique le silence
médiatique vis-à-vis des prisonniers
en lutte. Elle a décidé
d’intensifier les émissions sur la
situation des prisonniers et leur
lutte actuelle.
L’Autorité palestinienne prépare la
visite d’Obama : pour relancer les
négociations, elle exige deux «
gestes » de la part du gouvernement
sioniste : le gel de la colonisation
et la libération des anciens
prisonniers détenus dans les geôles
de l’occupation. Cependant, le
premier ministre Netanyahu considère
que la libération de 123 prisonniers
du Fateh détenus avant les accords
d’Oslo en 1993 ferait l’affaire..
Les étudiants palestiniens de
l’Université « israélienne » à Haïfa
avaient décidé de se mobiliser pour
les prisonniers palestiniens. Ils
ont proposé de se tenir debout
pendant une minute de silence sur le
campus de l’université. Les
étudiants sionistes les ont accusés
de soutenir les « terroristes ». La
direction de l’université a mobilisé
ses sbires de la sécurité pour
empêcher la minute de silence.
Une caravane de solidarité avec les
prisonniers en lutte, et notamment
le prisonnier Maher Younes en grève
de la faim, est partie jeudi 7 mars
de la ville de ‘Ara (dans le
Triangle, territoires occupés en
48), de la maison de Maher Younes,
vers la prison de Gilboa, où sont
enfermés la plupart des prisonniers
originaires des territoires occupés
en 48.
L’Autorité Palestinienne de Ramallah
et ses appareils sécuritaires
maintiennent plus de 200 résistants
appartenant à divers organisations
palestiniennes dans leurs prisons.
Il s’agit souvent de prisonniers
libérés, mais aussi de militants
actifs dans le soutien aux
prisonniers en lutte. La chasse aux
militants et résistants a été
récemment déclenchée suite aux
manifestations contre l’occupation.
Pour accueillir le président
américain Obama qui compte profaner
la mosquée al-Aqsa en y entrant sous
la protection sioniste, l’AP essaie
coûte que coûte de réprimer toute
protestation contre l’occupation.
Dans la ville d'al-Khalil, une
manifestation a eu lieu ce dimanche
10 mars pour protester contre les
arrestations faites par les services
sécuritaires de l'AP.
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