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Résistance
Encore une fois, c'est Israël qui a perdu
Rim al-Khatib
Photo: P.A.S.
Jeudi 3 juin 2010
Le massacre barbare commis par l’Etat sioniste contre les
militants turcs présents dans la flottille internationale, en
route pour briser le blocus meurtrier contre la bande de Gaza,
représente un tournant dans la vie de l’Etat colonial d’Israël.
Après ses défaites militaires et médiatiques lors de ses guerres
contre le Liban et la bande de Gaza, en 2006 et 2008-2009, voilà
que la nouvelle aventure militaire de ceux qui ont envahi la
Palestine, il y a un siècle, qui se retourne contre eux.
Militairement, la guerre et le massacre commis contre des civils
n’a rien d’un exploit, au contraire. Ils expriment tout
simplement l’esprit criminel de leurs auteurs. Sur le plan
médiatique, Israël a perdu : la censure militaire israélienne a
fait comprendre au monde entier qu’Israël ment et qu’il a
fabriqué toute une histoire que personne n’a cru. Juste les
inconditionnels, porte-paroles de l’armée la plus criminelle
dans le monde, ont repris les communiqués émis par célébrer les
exploits des commandos élites de cette armée, contre des civils
désarmés.
La défaite israélienne ne fait
aucun doute. Ce qui a été présenté comme exploit militaire,
c’est-à-dire l’assaut des commandos contre les navires et
ensuite, le kidnapping de ces navires jusqu’au port d’Ashdod,
n’a rien d’un exploit, puisqu’il s’agissait de civils désarmés
qui n’avaient aucunement l’intention de faire la guerre. La
foule israélienne massée dans le port, venue ou sollicitée à
venir applaudir cet exploit, ne peut faire penser qu’à ces
tribus européennes moyen-âgeuses qui applaudissaient à l’arrivée
du butin de guerre, avec le chef brandissant son épée, suivi par
ses lieutenants qui portaient les trophées. Au-delà de cette
image barbare, c’est la signification psychologique chez les
Israéliens qu’il faut voir : après les manœuvres militaires
« tournant 4 » qui ont semé la panique au sein même des rangs
israéliens, l’exploit ridicule de l’armée visait à leur
rehausser le moral. Et dire qu’ils s’imaginent pouvoir remporter
une victoire contre le Hezbollah ou la résistance en Palestine !
Par contre, les médias internationaux ont repris, et de manière
très suivie, les témoignages des centaines de ces otages,
européens ou turcs, arabes ou asiatiques, présents sur les
navires de la flottille. L’horreur qu’ils décrivent, avec
émotion et dignité, la bravoure avec laquelle ils ont affronté
l’arrogance et l’inhumanité des sionistes, sont en train de
bouleverser des pans entiers des sociétés, notamment arabes, qui
ne souhaitent plus que la disparition de cet Etat colonial,
planté dans leur cœur et qui savent désormais que cela est
possible.
Israël s’est fait de nouveaux ennemis en commettant ce massacre.
Il peut encore compter sur l’appui des Etats-Unis et la
complicité active de pays européens pour mener des actions qui
l’entraîneront progressivement vers sa chute. Mais le nombre des
ennemis d’Israël va grandissant. La solidarité grandissante avec
le peuple palestinien, les peuples arabes et leur résistance
armée fait déjà trembler les sionistes : ils protestent déjà
parce que les manifestants portent les drapeaux du Hamas et du
Hezbollah en plein cœur de l’Europe. Et ce ne sont plus les
accusations d’antisémitisme qui vont stopper cette vague de la
solidarité, d’autant plus que les sionistes sont vus à l’œuvre
dans leurs pratiques racistes, odieuses et criminelles, grâce à
des dizaines de médias, en Cisjordanie, dans la ville d’al-Quds,
dans les régions de Galilée et du Naqab, en Palestine occupée en
48, dans les villes appelées mixtes où ils entreprennent une
politique de nettoyage ethnique et religieux systématique.
Aujourd’hui, c’est l’équation du triomphe du sang sur l’épée qui
se manifeste dans toute sa splendeur. Chaque goutte de sang qui
coule pour la Palestine, pour une cause juste, ne peut
qu’élargir le front de la justice et rétrécir le front de
l’épée, celui qui regroupe ceux qui pensent que la technologie
militaire de plus en plus sophistiquée peut vaincre les peuples
et leur volonté. Le sang des martyrs qui a coulé dans la mer de
Palestine, à proximité de Gaza n’est pas tombé en vain : la
Turquie, populaire et officielle, fait désormais partie du front
de la lutte contre l’Etat sioniste. La position des régimes
arabes serviles est de plus en plus difficile à tenir, eux qui
espéraient, après l’occupation de l’Irak, inaugurer une nouvelle
ère pro-américaine dans la région. Aujourd’hui, malgré leur
servilité abjecte envers le patron américain, ils se trouvent
obligés d’alléger le blocus auquel ils participent contre Gaza.
Hanine Zoghbi, membre du
Rassemblement national démocratique et membre de la délégation
des Palestiniens de 48 dans la flotille de la liberté, a
expliqué, lors d’une conférence de presse à Nazareth, en Galilée
occupée, que le commando sioniste qui s’est emparé de la
flotille civile, avait l’intention de tuer. Il ne s’agit ni
d’engrenage, ni de panique. La tuerie à bord du navire turc a
été intentionnelle. Le but était de semer l’épouvante dans le
cœur des militants, aux trois-quart musulmans, pour leur faire
comprendre qu’il est absolument interdit d’aider et de soutenir
la Palestine. En réalité, c’est tout le contraire qu’ils ont
semé. La majorité des militants entendus sur les chaînes des
télévisions n’espèrent qu’une seule chose : retourner à Gaza,
retourner en Palestine et pour beaucoup, ne plus se contenter de
l’aide humanitaire, mais participer à la résistance. En quelques
jours, Israël a réussi à mobiliser en faveur de la Palestine
plus que n’ont réussi à le faire les militants pendant des
années. D’ailleurs, il faut noter que, bien avant que les
derniers militants ne soient relâchés, six navires sont déjà
prêts à repartir, affrêtés par des personnalités ou des Etats
arabes et mis à la disposition de la campagne internationale
pour briser le blocus.
Parmi les réactions populaires à
ce carnage, celle des Palestiniens de 48 reste exemplaire, parce
que, au cœur de l’Etat sioniste, ils affrontent l’ennemi au
quotidien. Depuis le massacre, les Palestiniens sont mobilisés
et manifestent tous les jours. Ayant craint pour la vie de
sheikh Raed Salah, le premier jour (le bruit a couru qu’il a été
gravement blessé, puis tué), c’est pour la levée du blocus
contre Gaza, pour la solidarité avec la Turquie et pour dénoncer
le carnage et ses auteurs que les Palestiniens de 48
manifestent. Plus de dix personnes ont déjà été arrêtées au
cours des manifestations dans les universités de Haïfa, Tel Aviv
et Beer Saba’, depuis lundi dernier. Le dernier communiqué d’Ittijah
(union des associations civiles arabes dont le siège est à
Haïfa), malgré l’arrestation de son directeur général, Ameer
Makhoul, il y a un mois, appelle à l’accentuation de la lutte
populaire et exprime son indignation envers la position
européenne qui continue à couvrir les crimes israéliens.
Malgré les positions serviles,
hésitantes ou désemparées de régimes ou forces politiques dans
la région, le désarroi d’Israël, depuis 2000, le précipite vers
sa chute. En mai 2000, le sud-Liban a été libéré par la
résistance islamique armée. En septembre 2000, l’intifada al-Aqsa
a été déclenchée. Depuis, les sionistes commettent massacres sur
massacres, en Palestine ou au Liban et ne peuvent plus
s’arrêter. Tel est le parcours du déclin avant la disparition.
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