Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
« Nés libres, nous
le resterons »
Rim al-Khatib
Mardi 1er janvier
2013 Janvier
2013 - N° 1
I - Abolir la détention
« administrative »
Ayman Sharawneh, Samer Issawi, Ja’far
Izzidine,Tareq Qa’dan, Uday Kilani,
Youssef Shaabane, sont des prisonniers
« administratifs », des Palestiniens
arrêtés puis détenus arbitrairement,
parce que l’Etat de l’occupation les a
jugés « dangereux » pour sa
« sécurité », alors que depuis son
existence, cet Etat a effectivement mis
en danger la sécurité de millions de
Palestiniens, vivant sous occupation ou
en exil.
Ayman Sharawneh, de la ville d’al-Khalil
et Samer ‘Issawi, de la ville d’al-Quds,
avaient été libérés lors de l’opération
d’échange en octobre 2011. Mais l’Etat
sioniste a aussitôt arrêté plusieurs des
prisonniers libérés, sans aucune
« charge », sinon celle de représenter
une « menace ». La détention
« administrative » est une forme de
torture extrêmement sophistiquée,
inaugurée par l’occupant britannique en
Palestine et poursuivie par l’occupation
sioniste, puisqu’il s’agit d’une
arrestation puis d’une détention
arbitraires, qui n’est régie par aucune
règle autre que l’avis des services de
renseignements de l’occupation. Cette
détention peut être renouvelée sans
cesse, de six mois en six mois, et le
prisonnier n’apprend la décision de son
renouvellement que lorsqu’il s’apprête à
retourner dans sa famille. Tout en étant
une torture morale en soi, l’arrestation
puis la détention administrative
menacent la vie de tous les citoyens
palestiniens, de la Cisjordanie , y
compris de la ville d’al-Quds, qui
peuvent se retrouver derrière les
barreaux rien que pour avoir exprimé
leur refus de l’occupation.
L’emprisonnement « administratif » est
une barbarie moderne, il bafoue la
dignité de tout Palestinien vivant sous
occupation. C’est pourquoi des
prisonniers et anciens prisonniers
mènent à présent une campagne pour
« abolir la détention administrative ».
Il ne s’agit pas de la première
campagne, mais celle-ci a commencé avec
la grève de la faim menée par Sheikh
Khodr Adnane, au mois de décembre 2011,
qui avait été arrêté et placé en
« détention administrative », puis par
la prisonnière libérée Hana’ Shalabi,
arrêtée à nouveau et placée également en
« détention administrative », suivis par
Bilal Diab, Thaer Halahla, Jaafar
Izzidine, Umar Abou Shalal, Hassan
Safadi, Mahmoud Sersek et Samer Barq.
Certains furent libérés, d’autres
« « éloignés » à Gaza (Hana’ Shalabi),
d’autres reçurent la promesse de leur
libération s’ils acceptaient leur
déportation (Samer Barq), certains
libérés puis arrêtés à nouveau (Ja’afar
Izzidine, cadre dirigeant du mouvement
du Jihad islamique). Ce dernier fut à
nouveau arrêté et détenu arbitrairement
avec Tareq Qa’dan, pendant l’agression
contre Gaza, au mois de novembre
dernier.
La bataille pour l’abolition de la
« détention administrative » est menée
par les prisonniers qui ont entamé la
grève de la faim, puis les familles des
prisonniers (l’épouse de Tareq Qaadan,
dont l’état de santé s’est détérioré, a
rejoint la lutte des « ventres creux »)
et les prisonniers libérés, comme le
cadre dirigeant du Jihad islamique,
Sheikh Khodr Adnane. Les associations
palestiniennes de solidarité avec les
prisonniers, ainsi que les familles et
proches, participent à la mobilisation.
Ayman Sharawneh vient d’arrêter,
momentanément sa grève, après 170 jours
de lutte. Les sionistes ont promis sa
libération. Il menace de reprendre son
combat s’il n’est pas immédiatement
libéré. Samer ‘Issawi, en grève de la
faim depuis plus de 5 mois (150 jours) a
été récemment brutalisé au tribunal
parce qu’il a voulu étreindre sa mère et
sa sœur Shirine, elle aussi ancienne
détenue. La famille de Samer ‘Issawi vit
à présent dans leur maison encerclée par
les forces de police, dans la ville
d’al-Quds et lui-même, après avoir été
agressé au tribunal, est isolé dans sa
cellule. Les prisonniers en grève de la
faim ont décidé de poursuivre leur lutte
pour la dignité de tous les
Palestiniens.
La
campagne pour l’abolition de la
« détention administrative » doit
s’élargir. La pression internationale,
le boycott des institutions sionistes,
la campagne médiatique pour la
libération des prisonniers, doivent
s’intensifier. Ne laissez pas les
prisonniers mourir ! Participez à la
bataille pour leur libération !
2 – Statistiques
Le directeur des statistiques du
ministère chargé des prisonniers
palestiniens a publié le communiqué
suivant : en 2012, l’occupation a arrêté
3848 Palestiniens, dont 881 enfants, 67
femmes, 11 députés et 9 prisonniers
libérés lors de l’accord d’échange en
octobre 2011. Plus de 95% des
Palestiniens arrêtés sont de la
Cisjordanie occupée, et 89 Palestiniens
sont de la bande de Gaza, en majorité
des pêcheurs arrêtés en mer. Concernant
les prisonniers « administratifs », leur
nombre s’élevait en novembre 2012 à 160
prisonniers et en décembre 2012 à 190
prisonniers. 70 prisonniers palestiniens
sont détenus depuis plus de 20 ans et 23
prisonniers depuis plus de 25 ans.
3 – Darrar Abu Sissi, enlevé en Ukraine,
toujours en isolement
De nouvelles révélations ont été faites
par le prisonnier Darrar Abou Sissi,
enlevé en Ukraine par les services du
Mossad en collaboration avec les
appareils sécutaires ukrainiens, en
février 2011. Pour la première fois, il
a pu rencontrer un avocat palestinien,
qui lui a rendu visite dans la section
de l’isolement dans la prison d’Ascalan.
Alors qu’il se rendait en Ukraine, via
la Jordanie, les services de
renseignements jordaniens l’avaient
arrêté dès sa descente d’avion et détenu
pendant 5 jours, avec un interrogatoire
d’une durée de 14 heures d’affilée,
avant de le laisser poursuivre
son chemin vers l’Ukraine. Puis, alors
qu’il se trouvait dans le train pour
aller rejoindre son frère, à Kiev, trois
policiers ukrainiens l’arrêtent
soi-disant pour contrôler ses papiers,
mais il est enlevé et remis aux services
sécuritaires ukrainiens qui l’enferment
et le rouent de coups, avant de le
livrer au Mossad. Il est ensuite
transporté en avion, les yeux bandés et
les mains et pieds attachés, dans une
position accroupie, pendant 5 heures.
Arrivé dans l’Etat de l’occupation, il
est transféré au centre d’interrogatoire
à Petah Tikva. Il est accusé
d’appartenir aux Brigades d’al-Qassam
(branche armée du Hamas) et d’avoir
développé en tant qu’ingénieur, la
centrale électrique dans la bande de
Gaza.
Depuis son enlèvement, Darrar Abou Sissi
est en isolement.
4 – « Israël » se venge sur les enfants
palestiniens
L’Etat de l’occupation craint les fusées
de la résistance. Il se venge sur les
enfants palestiniens, cibles de la
brutalité et de la sauvagerie des
occupants sionistes. Un nouveau rapport
du ministère palestinien chargé des
prisonniers dénonce l’arrestation en
2012 d’environ 900 enfants palestiniens,
âgés entre douze et dix-sept ans. Les
arrestations se sont multipliées après
la guerre récente contre Gaza et la
victoire de la résistance. 95% des
enfants arrêtés ont été brutalisés,
avant même d’atteindre le centre de
détention, soit lors de leur
arrestation, souvent entre 2h et 4 h du
matin, soit lors de leur transfert en
voitures militaires, soit dans les
colonies où ils sont d’abord transférés
pour interrogatoires. Entre les séances
d’interrogatoires, les enfants sont
attachés à des poteaux, à l’extérieur,
en plein froid ou sous la pluie, avant
même qu’ils aient rencontré des avocats.
Les services de renseignements sionistes
leur font signer des « aveux » rédigés
en hébreu (qu’ils ne comprennent pas),
et les menacent s’ils ne collaborent pas
avec eux. 200 enfants palestiniens sont
en situation d’arrestation actuellement,
dont 135 prisonniers, dont 32 enfants
âgés de moins de 16 ans.
5- Prisonniers privés de poursuivre
leurs études
Le tribunal sioniste a décidé de
maintenir l’interdiction faite aux
prisonniers palestiniens de poursuivre
leurs études secondaires et
universitaires. Pour les associations
solidaires des prisonniers, il s’agit
d’une mesure de vengeance envers les
prisonniers. Une nouvelle fois, l’Etat
de l’occupation trahit ses promesses,
puisqu’il avait accepté, suite à la
grève de la faim menée par les
prisonniers le 17 avril 2012, de
permettre à nouveau aux prisonniers de
poursuivre leurs études. Mais l’occupant
agit selon le rapport de forces présent
sur le terrain et dans le monde. Tant
que les institutions internationales, et
notamment européennes, se rendent
complices, par leur silence ou même leur
approbation, des crimes de l’Etat de
l’occupation, celui-ci poursuit sa
politique criminelle envers le peuple
palestinien.
6 – Répression des prisonniers de « Nafha »
Dans la nuit du 30 décembre, des unités
spéciales « israéliennes » ont investi
la prison de « Nafha » dans le désert du
Naqab. Les prisonniers ont refusé la
fouille nocturne qu’elles envisageaient
de mener et ont commencé à cogner sur
les portes aux cris de « Allah Akbar ».
Les attaques nocturnes contre les
prisonniers sont devenues de plus en
plus fréquentes, selon le ministère
palestinien chargé des prisonniers.
7 – Solidarité
Le mouvement du Jihad islamique en
Palestine a organisé le lundi 31
décembre une manifestation en mobylette
dans les rues de Gaza, en soutien à la
lutte des prisonniers, en direction du
siège du CICR. Cette manifestation n’est
qu’une des mobilisations populaires
organisées par le mouvement du Jihad
islamique et les autres formations de la
résistance palestinienne dans la bande
de Gaza. En Cisjordanie également, le
mouvement et un de ses cadres
dirigeants, sheikh Khodr Adnane,
poursuivent la mobilisation populaire,
considérant que les prisonniers
palestiniens représentent, aux côtés des
martyrs et des blessés, « le prix payé
par notre peuple pour sa libération »,
comme l’a récemment déclaré sheikh Nafez
Azzam, membre du bureau politique du
mouvement.
8 – refus des médias sionistes
Le prisonnier dirigeant du Hamas, Abbas
Sayyed, a refusé de rencontrer des
médias (journaux et télévision)
sionistes pour une interview, au cours
des derniers jours de la dernière guerre
contre la résistance à Gaza.
9 – Sheikh Khodr Adnane interdit de
parole à Qalqylia en Cisjordanie
Le ministère chargé des prisonniers
dépendant de l’Autorité de Ramallah a
interdit sheikh Khodr Adnane de
s’exprimer, lors d’un rassemblement de
soutien aux prisonniers, alors qu’il
avait été invité par les organisateurs,
les familles des prisonniers. Par cette
interdiction, l’Autorité de Ramallah et
son ministère prouvent qu’ils craignent
l’élargissement du mouvement populaire
« pour la dignité des prisonniers et des
Palestiniens » lancé par sheikh Adnane
lors de sa grève de la faim, il y a un
an. Au moment où l’occupation et ses
geôliers accentuent la répression dans
les prisons, l’Autorité palestinienne
veut contrôler le mouvement populaire et
l’empêcher de dépasser le cadre lui
servant aux négociations.
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