Opinion
Colonisation : le
béton armé d'Israël
Pierre Barbancey
Photo:
PCHR
Jeudi 29 septembre
Mille cent
logements devraient être construits à
Jérusalem-Est. Israël profite de la
lâcheté des gouvernements occidentaux et
empêche la reprise du processus de paix.
Lors de son discours prononcé devant
l’Assemblée générale des Nations unies,
quelques heures seulement après celui du
président palestinien, Mahmoud Abbas, le
premier ministre israélien, Benyamin
Netanyahou, a eu cette phrase qui prend
aujourd’hui tout son sens : « Je ne suis
pas venu ici recueillir des
applaudissements. » Voilà ce qu’il a
lancé à la face de la communauté
internationale. Traduction : voici ma
politique, la politique d’Israël,
qu’elle vous agrée ou non importe peu.
C’est celle-ci et nous n’en dévierons
pas d’un iota. Quatre jours plus tard,
mardi, le ministère israélien de
l’Intérieur annonçait avoir approuvé la
construction de 1 100 nouveaux logements
dans le quartier de colonisation juive
de Gilo à Jérusalem-Est, occupé et
annexé.
Gel de la
colonisation pour pouvoir négocier
Plus qu’une provocation alors que les
Palestiniens ont d’ores et déjà dit que
la reprise des négociations était
subordonnée au gel de la colonisation,
cette annonce a valeur de test pour
Israël. Tel-Aviv veut voir jusqu’où il
peut aller. Netanyahou a déjà laissé
entendre qu’il n’avait pas l’intention
de décréter un nouveau gel de la
colonisation en Cisjordanie. « Nous
avons déjà donné », a-t-il affirmé avec
sa morgue habituelle, lors d’une
interview au Jerusalem Post.
Il explique également qu’il ne compte
pas intervenir dans le projet de
construction de logements à Gilo. « Je
ne pense pas qu’il y ait quelque chose
de nouveau. Nous planifions à Jérusalem,
nous construisons à Jérusalem, un point
c’est tout, de la même façon que les
gouvernements israéliens l’ont fait
depuis la fin de la guerre de 1967 »,
lorsque Israël a conquis puis annexé
Jérusalem-Est, a-t-il doctement
expliqué. « Nous construisons dans les
quartiers juifs, les Arabes construisent
dans les quartiers arabes, c’est comme
cela que cela marche dans cette ville »,
a-t-il insisté. Ce qui est un mensonge.
D’abord parce que les « Arabes » comme
il dit, c’est-à-dire les Palestiniens de
Jérusalem-Est, ont surtout leurs maisons
détruites, voire occupées par des colons
– comme dans le quartier de Sheikh
Jarrah –, et n’obtiennent que très
rarement des permis de construire. De
plus, Gilo n’est pas un quartier de
Jérusalem-Est, mais bien une colonie
d’implantation juive justement bâtie
pour empêcher une continuité
territoriale palestinienne entre
Jérusalem-Est et Bethléem.
Mais pourquoi Israël se gênerait-il ?
Les États-Unis se sont déclarés
« profondément déçus », la France a
parlé de « provocation », et la
Grande-Bretagne a demandé l’abandon du
projet. Mais aucun n’envisage des
sanctions. L’Union européenne pourrait
pourtant, comme le suggère le PCF,
suspendre ses accords d’association avec
Israël au lieu de soutenir une reprise
des négociations sans condition.
« Le premier ministre israélien
affirme n’avoir aucune condition
préalable, mais par cette décision il
crée des conditions préalables sur le
terrain. Il dit qu’il ne devrait pas y
avoir de mesures unilatérales, mais rien
n’est plus unilatéral qu’une énorme
vague de construction de colonies sur la
terre palestinienne », dénonce le
gouvernement palestinien.
© Journal L'Humanité
Publié le 5 octobre 2011 avec l'aimable
autorisation de
L'Humanité
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