On dit beaucoup de choses de la Justice : elle serait
aveugle, il n’y en aurait pas, elle serait mal faite ou
seulement pour les riches… Certains la croient immanente,
d’autres espèrent la trouver dans une Monde meilleur… Force
en tout cas est de constater qu’elle mécontente bien du
monde.
Les condamnés considèrent qu’ils le sont toujours trop,
leurs victimes tout au contraire qu’ils ne le sont jamais
suffisamment, les Juges trouvent qu’ils travaillent au-delà
du raisonnable, alors que leur Ministre est très mécontent
de leur rendement, à croire que les Damnés de la Justice ne
travailleraient pas plus pour gagner moins comme tant
d’autres Français !
Quant aux avocats, leurs cris de famine font écho à ceux de
leurs clients confrontés à leurs honoraires.
Mais pendant que les robes noires (les avocats) et les robes
rouges (les juges) prenaient hier le soleil dans les rues et
bloquaient la circulation comme de vulgaires cégétistes
d’antan, un de leur « client » était, lui, justement, dans
les starting blocks de la libération.
Le sieur Jorge Montes est en effet l’actuel joyeux lauréat
des facéties de la Justice française.
Le l7 octobre dernier, ce danseur urugayen fort porté sur
les dames, même et surtout sans leur consentement, allait
être relâché pour une légère erreur d’écriture : le mot «
infirme » avait été mis à la place du mot « confirme » par
on-ne-sait qui : la Justice, c’est comme la Bourse,
finalement, on ne sait jamais qui est responsable des
catastrophes…
Il s’agissait, toutefois, d’un Arrêt de première instance et
le président de la chambre de l’instruction de Paris, un
tantinet distrait, l’a confirmé en apposant son plus beau
paraphe, validant ainsi la remise en liberté d’un agresseur
sexuel déjà condamné pour cela en 2007 et en passe de l’être
à nouveau.
L’abuseur de dames avait emmené en balade l’une de celle-ci
durant près de deux semaines – comme tant de femmes rêvent
de l’être par leur compagnon ou leur mari trop égoïste pour
y penser – mais sous la contrainte d’une matraque
électrique, ce qui ne se fait pas, tout le monde en
conviendra. La quarantaine de viols non plus, la vigueur de
ce Jorge-là étant quelque peu excessive… et sa goujaterie de
même puisqu’il utilisa la carte bancaire de l’élue ce ses
contraintes pour s’acquitter des menus frais de cette virée
fort sexuelle, mais si faiblement romantique.
Cette dame-là n’est d’ailleurs pas la seule à se plaindre
des manières fort cavalières de ce sacré Jorge : une autre a
porté plainte pour avoir supporté à de nombreuses reprises
ses assauts amoureux… sous la menace d’un couteau !
Même au parloir de la prison, l’Urugayen de ces dames ne
pense qu’à ça : il y a été sanctionné disciplinairement à la
suite de relations sexuelles.
« Le juge d’instruction n’a pu que lui rajouter un
contrôle judiciaire lui fixant certaines obligations. Un
contrôle “strict”, selon le procureur de la république de
Créteil, qui lui impose diverses obligations, dont celle de
remettre son passeport, de pointer au commissariat, et de ne
pas s’approcher des victimes », écrit Laurence de
Charette dans Le Figaro d’hier et la journaliste de
conclure : « Toutefois, les avocats des parties civiles
s’inquiètent, car le prévenu a déjà fait l’objet d’un
contrôle judiciaire en 2008, qu’il avait enfreint. Il n’est
pas du tout certain que juridiquement, le nouveau contrôle
judiciaire décidé jeudi en urgence soit valable… »
Même pas valable… comme une certaine justice française,
semble-t-il.
Victor Hugo affirmait que l’odieux était la porte de sortie
du ridicule. Il n’avait pas tout à fait tort !