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International Herald Tribune
Michael
Chabon : Une terre glaciale pour des « élus congelés »
Patricia Cohen
Michael
Chabon, dans le centre de Sitka. Dans son dernier roman, Chabon
imagine la colonie
de Sitka, qu’il voit en foyer national juif. (Photo :
Michael Penn, pour The New York Times)
in
International Herald Tribune, 2 mai 2007
http://www.iht.com/articles/2007/05/01/arts/chabon.php
Sitka (Alaska). Sa géographie mise à part,
Sitka, une île en forme de boomerang située dans la partie sud
du manche de poêle à frire de l’Alaska, présente fort peu de
points communs avec la ville imaginaire de Sitka inventée par
Michael Chabon dans son dernier roman, « Le Syndicat des
Flics Yiddish ».
Dans ce quatrième roman, qui sortira en
librairie mardi, M. Chabon part d’une note de bas de page
historique, une proposition en l’air d’ouvrir le Territoire de
l’Alaska, en 1940, aux juifs européens condamnés à être
exterminés, pour se poser la question : « Et puis
quoi, si… ? Que se serait-il passé, si cette proposition,
qui fut défendue, dans la vie réelle par le secrétaire à l’Intérieur
de l’époque, Harold Ickes, mais qui fut descendue en flammes au
Congrès, avait effectivement été adoptée ? Que se
serait-il passé si les juifs avaient afflué sur une île
glaciale, en lieu et place d’un désert [sic !]
moyen-oriental, et si l’Etat d’Israël n’avait jamais été
créé ? Où en serions-nous si la petite colonie de Sitka
avait grandi, devenant un foyer national juif grouillant ?
Une terre, non pas de lait et de miel, mais de saumon et de
madriers ?
M. Chabon (prière de prononcer « chaille-bonne »),
attaquant hardiment un petit déjeuner d’œufs, de tartines et
de saucisse de renne à l’Hôtel Westmont de Sitka, explique
qu’il a fait le premier pas sur cette piste inexplorée il y
a environ une dizaine d’années. Cela fait environ dix
ans que M. Chabon, lauréat du Prix Pulitzer pour « Les
aventures extraordinaires de Kavalier et Clay » [The Amazing
Adventures of Kavalier and Clay], a écrit un essai controversé
au sujet de « Say It in Yiddish » [Dites-le en
yiddish], un manuel à l’usage des voyageurs, publié en 1958,
qu’il avait trouvé à la fois poignant et comique. « Quel
était le royaume le plus fabuleux où vous auriez pu emmener ce
manuel de conversation, si l’Holocauste n’avait pas eu lieu ? »
se demandait-il. Pour lui, ce manuel était nécessairement destiné
au dernier « Yiddishland », un endroit où vous
risqueriez d’avoir besoin de dire, en yiddish : « Au
secours, j’ai besoin d’un tourniquet ! » (phrase
figurant bel et bien dans ce manuel, qui décidément a pensé à
tout !)
Après la parution de son essai, M. Chabon
fut attaqué au motif qu’il se serait moqué de cette langue, le
yiddish, et qu’il en aurait annoncé la disparition prématurément.
Il n’avait pas réalisé que les auteurs révérés du manuel,
Uriel et Beatrice Weinreich, avait écrit ce livre à la demande
de l’éditeur parce que le yiddish était largement parlé, dans
les années 1950, tant en Israël que dans d’autres communautés
juives de par le monde. « J’ai eu une double réaction »,
explique-t-il. « Je n’aime pas qu’on me fasse remarquer
mon ignorance. J’étais embarrassé, et j’avais honte.
J’avais le sentiment du gentil petit garçon juif qui aurait
manqué de respect à ses grands-parents en leur causant de la
peine et de l’embarras. Mais je ressentais aussi un sentiment
d’irritation et de dépit absolus. » En yiddish, le mot,
pour ça, c’est « tsalouche », m’explique-t-il.
« Ah oui, ça vous a offensé ? Bon, hé bien, je
m’en vais vous écrire un putain de roman, vous allez voir un
peu ça… Ah bon, vous avez trouvé mon essai offensant ?
Attendez un peu… »
Ce n’est qu’en 2003 que M. Chabon commença
à transformer son improvisation fantaisiste en un roman policier,
The Yiddish Policemen’s Union », dans le plus pur style de
Raymond Chandler, où le cadavre et le détective font leur entrée
dès la première page. L’année suivante, il visita l’Alaska,
et il choisit alors Sitka (ce nom « sonne un peu yiddish »)
comme foyer national pour les trois millions de juifs européens
– avec leurs enfants et petits-enfants – que son imagination
avait sauvés de l’Holocauste.
C’est là son premier retour dans cette
ville à l’accent russe depuis lors, et tandis que les bateaux
des pêcheurs de harengs, dans le port de Sitka, annoncent
l’arrivée du printemps, de gros flocons duveteux continuent à
tomber. M. Chabon porte des bottes Ugg aux pieds, qui le protègent
de la bouillasse, mais qui ne sont pas assez confortables pour
faire des kilomètres. Il s’arrête à l’angle de Monastery
Street, une rue étroite, aux maisons pastel ressemblant à des boîtes
à chaussures, et annonce : « Ici, c’est l’Hôtel
Zamenhof », un asile de nuit délabré qui n’existe que
dans son roman…
M. Chabon, quarante-trois ans, a grandi à
Columbia, dans le Maryland, une nouvelle commune à l’ambiance
utopiste et très peu d’habitants et de maisons. « Cette
commune n’existait que sur le papier », explique-t-il,
« mais nous avions une carte – la carte du projet,
indiquant dans le détail comment tout cela allait être. Et puis,
c’est devenu une réalité, et nous avons vécu là… Donc,
vous voyez que j’ai été dans le bain très jeune, dans cette
idée d’imaginer un lieu, qui finirait par devenir la réalité… »
Dans le cas de Sitka, dit-il, « je ne
faisais que répéter ce que j’avais vu faire dans la ville où
j’ai grandi ». La Sitka qu’il a créée de toutes pièces
est loin d’utopique, toutefois. A la veille de la « Réversion »
- date à laquelle le territoire doit être restitué aux
Alaskiens, et où les juifs, suspendus entre désespoir et oubli,
doivent en être chassés – la Sitka du polar set un endroit
glauque, étouffant, désespéré et désespérant, plus proche de
la Chinatown de Jake Gitte que du « royaume merveilleux »
du Yiddishland.
En réalité, l’île, de 4 710 miles
carrés, essentiellement des montagnes et des forêts nationales,
a une population de 8 947 âmes, dont pas plus de trente-cinq
juifs adultes, d’après Arieh Levenson, dont le téléphone privé
sonne, quand vous faites le numéro du Centre communautaire juif
de Sitka. Mais une fois que le Dr. Levenson, qui travaille au
Service de Santé des Indiens, et porte un yarmulke bariolé en
tapisserie, a alerté son petit réseau, on dirait presque avoir
atterri à Yiddishland. David Voluck, un garçon de Philadelphie
qui a été avocat au tribunal local avant de se faire juif
hassidique, a entendu dire que nous étions dans la ville, alors
il a demandé à un de ses amis juifs, Davey Lubin, de nous
emmener sur son bateau, un croiseur en aluminium de 28 pieds de
long, piloté par un autre ami, juif, lui aussi.
Le nom du bateau, c’est Esther G., il le
tire de celui de la grand-mère de l’épouse de M. Lubin, Lisa
Busch. Le couple s’est rencontré ici, et ce fut le premier
mariage juif dans la ville. Ils avaient fait venir des bagels du
magasin H&H de Manhattan. Mme Bush prépare une maîtrise d’études
nordiques, et tandis que nous nous foncions à travers le chenal
intérieur de Sitka, bien au chaud dans la cabine, elle nous dit
qu’elle venait d’écrire un article sur le projet de réinstallation
[des juifs] de M. Ickes.
« Personne, ici, n’en a jamais
entendu parler », explique-t-elle à M. Chabon.
L’Esther G. file au long du chenal. Il
reneige : des petits grêlons, qui ressemblent au rembourrage
d’un fauteuil poire. Les sapins géants qui couvrent les
montagnes de l’île sont entièrement saupoudrés, comme
quelqu’un qui aurait trop secoué la saupoudreuse de sucre. Ils
sont assortis au chapeau de M. Chabon, dont les rabattants
d’oreilles en fourrure sont couverts de neige, et à sa barbe de
quelques jours, où apparaissent des chaumes gris parmi le poil
noir. M. Lubin repère quelques dizaines de museaux aux taches
brunes, qui dépassent par intermittence de l’eau, de lions des
mers, tout près de quelques phoques noirs et luisants, installés
sur un rocher. Il est debout, dans l’encadrement de l’entrée
de la cabine, un large sourire lui barre le visage : « Voici
ma patrie ! »
Plus tard, dans l’après-midi, nous nous
rendîmes à l’aéroport. Derrière le terminal, derrière des têtes
empaillées de ragondins, de castors et d’ours, était accroché
une pancarte en bois, avec une longue flèche semblant provenir
d’un bureau des véhicules à moteur des années 1960, mis à
part le fait que cette flèche indiquait la direction d’un
« PIE », et non d’un bureau de renouvellement des
permis de conduire. Suivez cette flèche, et vous pourrez acheter
la tourte à la crème de bananes, de chez Nugget, laquelle est célèbre
dans tout l’Alaska. Dans « Le Syndicat des flics »,
le détective Meyer Landsman est assis devant une part de ce gâteau,
quand il découvre un indice crucial. De manière décevante, la
seule sorte de gâteaux restante, à notre arrivée, est à la
cacahuète. Mais M. Chabon en commande une quand même, c’est à
la mode.
L’écrivain russe Isacc Babel est en partie
responsable de l’écriture de ce roman policier, explique M.
Chabon, après avoir déclaré tout à fait correcte la tarte aux
cacahuètes. « Il y avait une certaine parenté étrange
entre le texte de Babel en traduction et un roman policier pur
sucre, une certaine parenté avec Chandler », dit-il.
Avec « Policemen’s Union »,
ajoute-t-il, « j’avais l’impression que je devais
inventer une langue entièrement nouvelle, un dialecte. Ce qui
m’a pris le plus de temps, c’est de trouver la voix adéquate.
Les phrases sont beaucoup plus courtes que ce à quoi je suis
habitué. »
M. Chabon avait écrit un brouillon de six
cents pages, à la première personne du singulier, qu’il finit
par mettre à la poubelle au bout d’un an. Il y avait les mêmes
personnages : Landsman, son ex-épouse Bina Gelbfish, policière
elle aussi ; et son cousin et partenaire, un demi-indien,
demi-juif nommé Berko Shemets – mais un scénario entièrement
différent. Il a l’impression que « Policemen’s Union en
serait la suite…
Pour écrire son bouquin, M. Chabon a exploité
l’argot des bas-fonds de New York, en l’alimentant, de temps
à autre, au moyen de ses propres trouvailles linguistiques. Un
‘latke’ est un flic, et un ‘sholem’ est un flingue – là,
il y a un enchaînement de jeux de mots compliqué : en
effet, « sholem », en yiddish, signifie « paix »
(peace, en anglais), or le mot anglais « piece »
signifie « flingue », en argot … La puissante mafia
locale est composée de juifs hassidiques portant des « payess »,
de longues mèches temporales. Avec les autres juifs d’Alaska,
ils font partie de ceux que les juifs habitant dans les autres régions
américaines appellent les « Frozen Chosen », les
« Elus Congelés ».
Etant donné que M. Chabon envisageait d’écrire
« un polar qui englobe de nombreuses couches sociales »,
il avait besoin d’un personnage qui aurait accès à tous les
milieux. « C’est la raison pour laquelle les écrivains
ont eu besoin de recourir à des détectives »,
explique-t-il, mentionnant l’Inspecteur Bucket dans le roman
« Bleak House » de Charles Dickens. Des exemples aussi
prestigieux n’ont pourtant pas sauvé les romans policiers ni
les récits, de manière générale, du dédain de leurs
contemporains, regrette-t-il. « Exceller à raconter des
histoires, voilà qui est un élément négligé et sous-évalué
de ce qu’est censé être le boulot d’un « véritable »
écrivain. Il y a un préjugé à l’encontre de tout récit,
quelle qu’en soit la forme, dès lors que c’est l’intrigue
qui est mise au premier plan… »
Pour M. Chabon, le détective et l’écrivain
ont un lien commun : « Un détective est quelqu’un
qui souffre, pour une cause. Les écrivains ont tendance à être
des récriminateurs ; ils remettent toujours leur ouvrage sur
le métier. »
Et lui ?
« Oh, absolument ! », dit M.
Chabon. Et tandis qu’il reprend tout et qu’il affine ses
personnages, il y a toujours ce sentiment du « Oh, quelque
chose m’a échappé, là… »
Son détective, Meyer Landsman, est comme
beaucoup des protagonistes de M. Chabon, un homme libre, sans
affection, qui ne s’est jamais totalement réconcilié avec ses
parents disparus (ni physiquement, ni spirituellement). Le père sérieusement
atteint de Landsman, rescapé des camps de la mort, est brillant,
au jeu d’échec. Il jouait « comme un homme atteint de
rage de dents, d’hémorroïdes et de flatulences », écrit
M. Chabon, et il avait contribué à enseigner « à son fils
à exécrer un jeu que lui-même aimait ». M. Chabon a
appris les échecs de son propre père, qui s’était séparé de
sa mère et avait abandonné le foyer familial alors que Michael
avait tout juste onze ans. « J’étais doué, aux échecs,
comme Meyer », a-t-il expliqué, « j’ai grandi en
les haïssant ; j’ai transféré beaucoup de mes propres
sentiments, au sujet de ce jeu, à ce personnage. »
M. Chabon, qui vit à Berkeley, en
Californie, avec son épouse, l’écrivain Ayelet Waldman, est
plus disponible pour ses deux garçons et ses deux filles, âgés
de 4 à 12 ans ; il les fait se préparer à aller à l’école,
et il fait un break dans son travail, quand ils reviennent, dans
l’après-midi. Dans son enfance, dit-il, il pensait beaucoup au
type de père qu’il aimerait devenir – c’est là une rêverie
tout-à-fait inhabituelle, chez un adolescent…
Ses romans sont dominés par des personnages
masculins, et celui-ci ne déroge pas à cette règle, même si
Bina est un de ses personnages féminins les plus élaborés. Décrire
des femmes complexes, dit-il, « c’est ce que je me suis
efforcé de faire. »
Avec ce roman, « Le Syndicat des Flics »,
M. Chabon aspirait non seulement à écrire un roman policier
classique, avec une intrigue captivante et obligeant à tourner la
page, mais également avec des personnages complexes et une
richesse de détails, une profondeur psychologique et une vérité
cosmique – ou, tout au moins, des questions universelles. Les
mystères, dans ce livre, sont multiples et imbriqués les uns
dans les autres. Il y a le mystère d’un meurtre et d’un problème
d’échec, il y a une vaste conspiration à laquelle ce meurtre
est peut-être lié, il y a
le sort des juifs dépourvus de patrie, enfin, il y a le mystère
de l’existence, en tant que telle. « Un plan est-il tracé
pour nous, existe-t-il un destin, un sort ? » dit M.
Chabon. « Sommes-nous élus ? Elus, pour quoi faire ?
Est-ce quelque chose de bénéfique, ou quelque chose de mauvais ? »
Les choses sont-elles « bashert » (existent-elles
parce que quelqu’une volonté supérieure a voulu qu’elles
soient ?)
En pensant à ce à quoi ressemblerait le
monde, sans l’Etat d’Israël, fut « une des motivations
de l’écriture de ce livre », dit-il. « Combien il
semble fou que ce minuscule territoire » soit au centre de
conflits mondiaux. « J’ai un très fort sentiment de
totale ambiguïté au sujet d’un monde sans Israël », dit
M. Chabon. « Je ne suis pas entré là-dedans avec une démonstration
à faire, ni une idée déterminée. »
Que ce soit à cause de ça, ou en dépit de
cela, les juifs, les musulmans et les chrétiens trouveront à
n’en pas douter quelque chose à aimer ou à détester, dans ce
bouquin.
Cette après-midi là, M. Voluck et son épouse,
Esther, ont invité le tout Sitka juif dans leur petit bungalow
bleu, pour y rencontrer M. Chabon et prendre un déjeuner de tacos
et poissons. Cachères, bien entendu (presque toutes les denrées
proviennent de Seattle, par avion !
Le rire malicieux de M. Voluck contraste avec son sévère costume
noir et sa chemise blanche amidonnée, boutonnée jusqu’au cou.
Les franges de son châle de prière pendent au-dessous de la
veste, et il porte une yarmulke de velours noir sur la tête. Au
mur, il montre les portraits de Joseph Isaac Schneersohn et de son
gendre Menachem Mendel Schneerson, que beaucoup d’adeptes de la
secte des Chabad-Lubavitch considèrent qu’il était le Messie.
« J’ai pris son nom », dit M.
Chabon, faisant allusion à Mendel, un personnage de son roman.
« Je le savais », répond M.
Voluck, souriant. « Je vous comprends… »
M. Chabon explique qu’il a également
utilisé le nom de la ville russe dont il pense que sa grand-mère
était originaire, Verbov : il le donne à la secte
hassidique qui gouverne Sitka.
Pourquoi pas ? commente M. Voluck… Après
tout, c’est votre petite famille, votre « mishopkhe »…
Il montre une photo, accrochée au mur d’en
face, avec sa propre mishpokhe, les arrière-grands-parents de son
épouse. Seuls, deux, sur quatorze enfants, sont revenus de
Pologne, après l’Holocauste. « Nous sommes ici-bas comme
sur une corde », dit-il, « nous sommes tellement près
de la disparition totale… »
Un exemplaire du bouquin circule, et M.
Voluck tarabuste M. Chabon au sujet de certains points de
l’intrigue. Mais le lendemain matin, alors que nous le
rencontrons au Back Door, un café à côté de la librairie, il
tient à dire à M. Chabon à quel point il a trouvé authentique
et émouvante une scène d’enterrement, dans le roman. « Cela
m’a atteint droit entre les deux yeux », dit-il, pointant
de l’index entre ses yeux. »
John Straley, un auteur d’ouvrages mystérieux,
lauréat du prix littéraire de l’Alaska, est là, et ils se
mettent à parler de Babel et de la langue propre au roman
policier. « Il y a un tas d’expressions des rues d’Europe
orientale qui se retrouvent dans cette langue », explique M.
Straley.
Ces immigrants créèrent, par la suite,
« cette culture de l’argent des bas-fonds », répond
M. Voluck.
« Un monde moral interlope », dit
M. Straley. M. Chabon acquiesce : « Je me suis contenté
de pousser les choses un peu plus loin. »
Les bagels – des gâteaux (juifs) qui
ressemblent aux muffins, dont ils ont le goût – sont cuits.
« Faut que j’aille à la prison », dit M. Straley,
qui travaille comme enquêteur pour le bureau de l’avocat général.
.M Chabon doit prendre son avion. Il travaille déjà sur
d’autres projets. Finir un roman, c’est toujours aigre-doux,
explique-t-il, tout en prenant conscience : « Je ne
reviendrai plus jamais voir ces gens ; c’est fini… »
Pourtant, ajoute-t-il : « le monde du roman me semble toujours
tellement proche. A l’atterrissage, quand l’hôtesse de
l’air a annoncé que nous allions nous poser à Sitka, j’ai eu
cette réaction : « Quoi ? Ah, ouais :
c’est la VRAIE Sitka !! » Pendant si longtemps, la
seule Sitka que j’eus connue était cette Sitka que j’avais
entièrement imaginée… J’avais oublié, un quart de seconde,
qu’il y avait, aussi cette Sitka, la Sitka de la réalité… »
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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