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IRIS
La diplomatie
nucléaire d'Obama
Pascal Boniface
Pascal Boniface - Photo IRIS
Jeudi 22 avril 2009
L’actualité stratégique récente a été placée sous le
signe de la diplomatie nucléaire, tant sur le plan bilatéral
américano-russe que sur le plan multilatéral. Sur les deux
dossiers, Barack Obama a remporté des succès diplomatiques qui
peuvent lui être bénéfiques sur le plan intérieur.
Moscou et Washington ont signé un accord de réduction des
armements nucléaires. Si l’on s’en tient uniquement à une
approche mathématique, la réduction n’est pas réellement
significative ; les deux puissances vont conserver 1 750 têtes
nucléaires chacune, la réduction porte sur quelques 5 % à 10 %
de leurs arsenaux. Elles conservent de quoi, non seulement se
détruire plusieurs fois réciproquement, mais également faire
sauter la planète. Mais au-delà des chiffres, ce qui compte
c’est le climat. Et là il y a un changement considérable et
bienvenu. En rupture avec la politique de son prédécesseur,
Barack Obama cesse de traiter la Russie comme un pays vaincu de
la Guerre froide et un pays rival, pour ne pas dire ennemi. Il
en fait un partenaire. Les armes nucléaires sont le seul secteur
dans lequel Moscou peut encore prétendre être à parité avec les
Etats-Unis. Barack Obama leur donne cette concession
psychologique importante, fait chemin arrière par rapport à la
course aux armements inutiles que voulait poursuivre George
Bush. Cela permet ainsi d’obtenir un soutien russe sur d’autres
dossiers à venir, dont notamment le programme nucléaire iranien.
Il reprend le chemin du processus de désarmement. Evidemment, un
monde sans arme nucléaire, perspective qu’il avait dressé à
Prague un an auparavant, est encore ultra hypothétique et
lointaine. Du moins renonce-t-il à reprendre la course aux
armements nucléaires dans laquelle George Bush s’était engagé.
Faut-il rappeler que sous sa présidence, les Etats-Unis avaient
dénoncé le traité SALT 1 conclu en 1972. A ce jour, les
Etats-Unis, avec la Corée du Nord, qui a dénoncé le TNP en 1993,
sont le seul pays à avoir rompu avec un accord de désarmement.
Le sommet nucléaire qui s’est tenu à Washington sur le
terrorisme nucléaire avait une autre signification. Barack Obama
a déclaré que désormais, la principale menace n’était pas
l’attaque par un pays ennemi mais une arme atomique aux mains
d’un groupe terroriste. Certes, on voit mal dans quelles
conditions aujourd’hui, Pékin, Moscou ou Washington pourraient
se livrer une guerre nucléaire. Cette perspective, déjà plus que
faible lors de la Guerre froide, du fait même de la logique de
la dissuasion, est durablement éloignée. Mais l’idée de voir un
groupe terroriste se doter d’armes nucléaires relève également
de la spéculation intellectuelle ou du scénario hollywoodien, et
non pas de la réalité stratégique. On se rappelle que c’est pour
lutter contre cette perspective que George Bush avait lancé la
catastrophique guerre d’Irak en 2003. Barack Obama se
mettrait-il dans les pas de George Bush ? Non puisque s’il met
de façon inexacte cette menace au premier rang de ses priorités
stratégiques, alors que la réponse de George Bush était
militaire et unilatérale, il veut y apporter une réponse
diplomatique et multilatérale. Il s’agit surtout de conforter
l’opinion publique américaine qui est sensible à cette menace,
fut-elle inexistante, et de montrer que le nouveau cours de la
politique d’Obama est une façon plus efficace de lutter contre
le terrorisme, menace à laquelle le public américain est
toujours très sensible, que celle engagée par George Bush.
Barack Obama essaye ainsi de tirer un bénéfice politique dans la
perspective des élections de novembre 2010. Il y a deux mois,
tout le monde pensait que Barack Obama était en panne, englué
dans sa réforme de la santé sur le plan intérieur, et n’ayant
obtenu aucune satisfaction sur le plan stratégique. *Il
vient de publier "Comprendre
le monde" aux éditions Armand Colin
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Publié le 23 avril 2010 avec l'aimable autorisation de l'IRIS.
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