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ASSEMBLEE GÉNÉRALE DE L’ONU
L'organisation internationale
a-t-elle encore un avenir?
Othmane
Siddik
24 septembre 2008 Des dizaines de chefs d’Etat
et de gouvernement participent au cérémonial annuel d’une
organisation dont le devenir est plus que jamais obstrué.
La grande messe annuelle de l’Organisation
des Nations unies (ONU) s’est ouverte hier à New York en
présence d’un parterre de chefs d’Etat et de gouvernement, dont
le président américain, George W.Bush qui donnera pour
l’occasion son dernier discours, en tant que président américain
devant cette illustre assemblée. Mais, face à l’aggravation des
crises dans le monde (politique, économique, sociale et
environnementale) la question récurrente est bien celle de
savoir de quel apport est aujourd’hui l’ONU dans les solutions
des crises qui interpellent les peuples et les Etats. Il est
entendu que le terme «communauté internationale» ne
représente en fait que la partie agissante de notre univers
formée par les Européens et les Américains. Pour dire les choses
autrement, l’Occident. Une grande partie des conflits qui
secouent le monde ont pour cause ce même Occident qui agit en
coulisses, soit pour préserver ses intérêts, soit pour conforter
sa domination, sur le monde, soit pour maintenir des conflits
autant d’abcès de fixation qui favorisent le complexe
militaro-industriel.
L’ONU censée rassembler l’ensemble des Etats de la planète et
toujours agir pour la sauvegarde de la paix, la sécurité et de
la stabilité du monde n’a jamais eu les moyens de sa politique,
ni ne lui a été permis d’agir en toute indépendance dans le seul
intérêt des peuples conformément à sa charte fondatrice et aux
lois et droit internationaux. Dans la réalité, ce n’est pas du
tout le cas, singulièrement depuis la disparition de l’Union
soviétique, disparition qui a induit une rupture totale du
fragile équilibre, prévalant alors, en faveur des Etats-Unis qui
ont depuis tout fait pour consolider leur hégémonie sur le
monde. Cela pour dire que l’ONU, telle qu’elle fonctionne
aujourd’hui n’est plus adaptée à la situation et la Charte
fondatrice de l’ONU ne répond plus aux réalités qui sont celles
de ce début du troisième millénaire. Sur plusieurs dossiers,
l’ONU a été incapable ou mise dans l’incapacité - car paralysée
par les détenteurs du droit de veto à l’intérieur même du
Conseil de sécurité - d’agir et de trouver les solutions idoines
aux crises de ces dernières années conformément au droit
international, actuellement en vigueur. Le démembrement de
l’ex-Yougoslavie, l’affaire du Kosovo, celles - par effet
d’entraînement - de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud ont
accentué l’atomisation d’une Europe qui a laissé faire quand
elle n’a pas encouragé les dissidences dans l’ex-Europe de
l’Est. L’ONU n’a pas été en mesure de prévenir l’effet domino de
la crise à l’origine de la désintégration de l’ex-Yougoslavie.
Mais les plus grands échecs de l’ONU, ce sont encore les
dossiers palestiniens (depuis 60 ans) et sahraouis (depuis 33
ans), dans lesquels l’instance internationale à quasiment
démissionné de ses missions, allant jusqu’à annuler - face au
refus d’Israël - la commission d’enquête sur les massacres de
Palestiniens par l’armée israélienne dans le camp de Jénine en
2002, d’une part, et tergiversant dans le cas sahraoui, d’autre
part. Il ne suffit plus de réformer l’ONU, il faut sans doute en
créer une nouvelle organisation avec une charte plus en phase
avec l’existence de 200 pays dans le monde dont 192 sont membres
des Nations unies.
Dans son allocution d’ouverture, le nouveau président de
l’Assemblée générale de l’ONU, le Nicaraguayen Miguel d’Escoto a
affirmé «Nous continuerons à soutenir que la décentralisation
dont les Nations unies ont un besoin urgent doit passer par la
décentralisation du pouvoir cumulé par un petit groupe d’Etats».
Petit groupe qui détient avec le droit de vote le vrai pouvoir
et agit comme véritable gouvernement des Nations unies
favorisant les solution ou les bloquant selon les rapport de
force induits au sein de ce petit groupe qui, en mainte
occasion, paralysa le fonctionnement de l’ONU, singulièrement
lors de l’invasion par les Etats-Unis de l’Irak en mars 2003
sans que l’organisation des Nations unies et son Conseil de
sécurité puisse faire quelque chose. C’est celle-là l’image
réelle de ce qu’est l’ONU en 2008 ou l’hégémonie des Etats-Unis
sur les affaires du monde a faussé tous les rapports existants
entre les nations. Ce qui fait que des conflits (Darfour,
Myanmar, Zimbabwe) sont sur-médiatisés sous le thème des droits
de l’homme par la presse et les médias mondiaux dominants qui se
trouvent être les médias de l’Occident, alors que d’autres
(territoires palestiniens, Sahara occidental, Somalie) passent
par pertes et profits. Dans le même registre, on monte au
pinacle la supposée menace nucléaire iranienne - alors que ce
pays est toujours en phase d’expérimentation de la technologie
nucléaire- mais on observe le silence absolu sur l’arsenal
nucléaire israélien bien réel, celui-là, qui met sérieusement en
danger la paix dans le monde. Or, plus personne ne nie la
disposition par Israël d’un tel arsenal qui fait de l’Etat
hébreu la 6e puissance nucléaire mondiale. Si l’ONU par l’AIEA
interposée (agence spécialisée de l’ONU dans le contrôle de la
prolifération nucléaire) a un droit de regard sur ce qui se
passe dans ce domaine, en Iran, en Corée du Nord ou encore en
Syrie et en Libye, il n’a aucun droit, en revanche, de mettre
son nez dans les affaires nucléaires de l’Etat hébreu ou le
mettre en demeure et laisser les inspecteurs de l’ONU inspecter
ses centrales nucléaires.
Et cette ONU qui agit, sanctionne ou gratifie selon que l’on
soit faible ou puissant, du bon côté ou non des puissants, ne
peut être l’organisme représentatif de l’ensemble de la
communauté humaine dans toute sa diversité. C’est pour cela que
la réforme de l’ONU n’est plus d’actualité, d’autant que l’on
songe surtout à renforcer ceux qui dominent déjà le monde par
l’accès au Conseil de sécurité, en tant que permanents, de pays
comme que le Japon ou l’Allemagne. Comme la SDN de triste
mémoire, l’ONU doit disparaître pour laisser place à une
organisation plus représentative et mieux en phase avec notre
monde.
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Publié le 24 septembre 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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