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L'EXPRESSIONDZ.COM
PRESIDENTIELLE AMERICAINE
Un présidentiable à l'aune d'Israël
Othmane
Siddik
7 juin 2008 En a-t-il trop fait? C’est la
question qui se pose après la sortie intempestive du candidat
démocrate américain à l’investiture présidentielle.
Naïveté, pris d’emblée dans les rets du lobby
pro-israélien? Sans doute tout cela à la fois. Le fait est que
la sortie intempestive du candidat démocrate à l’investiture
présidentielle américaine, Barack Obama, relativise largement
les circonstances atténuantes qui pouvaient être accordées à un
politicien qui se présente comme un «homme neuf» qui veut
«le changement» et qui a une «vision neuve et nouvelle
pour le peuple américain». Mais il ne suffit pas d’être Noir
-cela dit sans aucune connotation raciste ou autre- pour se dire
être l’homme de la situation. On note seulement que M.Obama, -
dès que sa candidature au scrutin présidentiel du 4 novembre a
été officialisée - s’est précipité au siège du lobby américain
pro-Israël (l’Aipac, American Israël Public Affairs Commettee)
où il fit la toute première et tonitruante intervention sur le
dossier israélo-palestinien et sur la présumée menace iranienne,
disant ce qu’Israël voulait l’entendre dire. Ainsi, à propos des
Palestiniens, le candidat démocrate promet de «s’engager
personnellement» pour aider Israël «à établir deux Etats,
un Etat juif d’Israël et un Etat palestinien vivant côte à côte
dans la paix et la sécurité» et d’ajouter: «Jérusalem
doit rester la capitale d’Israël» et «demeurer
indivisible.» C’est là que M.Obama outrepasse son rôle et
montre qu’il est loin de maîtriser un dossier vieux de 60
années, comme il n’appartient pas à Israël de «créer»
l’Etat palestinien lequel figure dans la résolution (181) de
partage de la Palestine historique opéré en 1947 par le Conseil
de sécurité. Le problème reste en fait l’application par Israël
de cette résolution onusienne toujours en suspens. Quant à
Jérusalem-Est, c’est une question qui figure en tête des points
en négociation entre Israël et l’Autorité autonome palestinienne
au même titre que la question des frontières, du statut de
l’Etat palestinien et du retour des réfugiés. D’autre part, la
communauté internationale et, notamment le Conseil de sécurité -
ce que M.Obama aurait dû savoir - ne reconnaissent pas
l’annexion en 1981 par Israël d’El Qods (Jérusalem-Est) et du
Golan syrien. M.Obama est allé un peu vite en besogne voulant
sans doute rattraper le retard cumulé par rapport à son
concurrent républicain, John McCain en campagne depuis mars
dernier, pour savoir qui sera le plus pro-israélien que les
Israéliens eux-mêmes. Sur sa lancée, Barack Obama pointe
également du doigt l’Iran qui constituerait, selon le candidat
démocrate, l’ultime danger, affirmant devant les congressistes
de l’Aipac, principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis, qu’«il
n’y a pas de plus grande menace pour Israël et pour la paix et
la stabilité dans la région que l’Iran». «Le danger
iranien est grave et réel et mon but sera d’éliminer cette
menace», a-t-il encore estimé. Néophyte en politique
internationale, Barack Obama a été mené par le bout du nez,
s’exécutant en déclarant ce que le lobby pro-israélien voulait
entendre dire du possible futur président américain. Et M.Obama
est tombé la tête la première dans le piège, plaçant de fait les
intérêts d’Israël avant ceux de son propre pays, les Etats-Unis.
On ne l’a toujours pas entendu quant à ses projets concernant le
devenir des contingents américains en Irak et en Afghanistan
notamment, alors qu’une majorité d’Américains est contre ces
guerres, initiées par l’administration républicaine de George
W.Bush, guerres qu’ils estiment n’être pas celles des
Américains. Outre le fait qu’il n’a pas su raison garder, le
candidat démocrate à l’investiture présidentielle, semble
quelque peu dépassé par les responsabilités qui pourraient lui
incomber demain en se faisant dicter, avant même d’arriver à la
Maison-Blanche, ses règles de conduite par le puissant lobby
pro-sioniste. Voilà un faux pas, pour ne pas dire plus, qui
n’est pas bon pour la paix. A quel titre, en effet, M.Obama, une
fois président des Etats-Unis, pourrait-il se présenter comme le
parrain du processus de paix alors que, déjà, il a fait son
choix pour Israël? Les Palestiniens sont, dès lors, en droit de
récuser la médiation américaine. De fait, les Palestiniens sont
furieux et en colère contre les déclarations de Barack Obama à
propos de Jérusalem. Le président de l’Autorité palestinienne,
Mahmoud Abbas, a ainsi rejeté en bloc les déclarations de
M.Obama sur Jérusalem, affirmant: «Nous rejetons ces propos.
Jérusalem est l’un des dossiers en cours de négociation. Tout le
monde sait parfaitement que Jérusalem-Est a été occupée en 1967
et nous n’accepterons pas un Etat sans Jérusalem, cela doit être
clair». «Le discours d’Obama détruit tout espoir d’un
changement dans la politique américaine sur le conflit
arabo-israélien», souligne, de son côté, le porte-parole du
Hamas, Sami Abou Zouhri. Ces propos amenèrent le porte-parole du
département d’Etat américain, Sean McCormack, a préciser la
donne et à rappeler que pour Washington c’était «aux parties
en présence» de régler la question du statut final de
Jérusalem, indiquant que «la question des frontières et du
droit (des Palestiniens) au retour ainsi que tout un ensemble de
questions politiques sensibles et importantes doivent être
résolues par les deux parties», a-t-il dit. Les Iraniens non
plus n’ont pas apprécié et n’ont pas laissé passer les
déclarations irresponsables du candidat démocrate, affirmant: «Il
est indéniable que la nature du programme nucléaire iranien est
pacifique», a ainsi déclaré le porte-parole du ministère
iranien des Affaires étrangères, Mohammed Ali Hosseini, cité par
l’agence officielle Irna. Les déclarations de M.Obama sont «évidemment
partiales et des fabulations qui sont totalement contraires à la
nature du programme nucléaire pacifique de l’Iran, et donc
inacceptables». Au total, outre maladroites, les premières
déclarations officielles du candidat démocrate à l’investiture
présidentielle américaine auront été totalement négatives et ont
instauré le doute, faisant craindre d’autres dérapages qui
feraient passer George W.Bush, pour un personnage pondéré
sachant raison garder. Ce n’est certes pas facile de présider
aux destinées de la première puissance mondiale, mais rien non
plus n’obligeait M.Obama à se précipiter à l’Aipac pour faire
allégeance au lobby pro-israélien.
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Publié le 7 juin 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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