Tendances au Moyen-Orient
La défaite de
l'empire américain
New
Orient News
Photo: L'Humanité
Lundi 19 décembre
2011
Lorsqu’ils ont décidé d’envahir et
d’occuper l’Irak, en 2003, les
Etats-Unis ont tenté d’imposer leur
vision d’un monde unipolaire. Cette
guerre avait pour but de terroriser
toutes les puissances régionales et
internationales qui osaient relever la
tête, et de détruire les Nations unies
en tant qu’organisation basée sur le
partenariat dans le processus de prise
de décisions. C’est ce qu’avait affirmé
Washington à la veille et après
l’invasion de l’Irak. Il a aussi
clairement exprimé son intention de
remodeler le Moyen-Orient et de le
placer sous son hégémonie en créant de
nouvelles réalités régionales basées sur
deux principes: protéger Israël après sa
défaite au Liban (le retrait unilatéral
de l’an 2000) et démembrer les deux pays
réellement indépendants et soutenant la
Résistance: la Syrie et l’Iran.
Certains experts américains affirment
que l’invasion de l’Irak a atteint ses
objectifs dans la mesure où l’entourage
de George Bush a amassé des fortunes
colossales à travers le pillage du pays,
sans compter que les cartels du pétrole
et de l’armement ont raflé des contrats
faramineux. Le tout sous le parrainage
de l’ancien secrétaire à la Défense
Donald Rumsfeld.
Certes, le clan de la guerre, appuyé par
le lobby sioniste, a des raisons de se
réjouir en prenant en compte ces
considérations matérielles. Mais mis à
part ces maigres dividendes,
l’occupation de l’Irak, suivie des
guerres du Liban en 2006 et de Gaza en
2008-2009, ont été une véritable
catastrophe d’ordre stratégique pour les
Etats-Unis et leurs protégés israéliens.
Les sacrifices consentis par les
Irakiens, qui ont infligé des pertes
énormes aux troupes américaines, ainsi
que les revers subis par les Israéliens
au Liban et en Palestine, ont prouvé que
les peuples de l’Orient arabe, qui ont
résisté et défendu leur dignité et leur
indépendance, ont infligé à l’alliance
impérialiste, notamment aux Etats-Unis,
une défaite historique aux conséquences
stratégiques.
La commission bipartisane Baker-Hamilton
a publié, après la défaite israélienne
en 2006, un rapport qui présente
l’évaluation de l’establishment
américain. La conclusion se résume en un
seul mot: l’échec. Dès lors, la
politique américaine n’avait plus qu’un
seul but: contenir cet échec et limiter
les dégâts en optant pour la soft power,
qui se base sur les guerres secrètes
menées par les services de
renseignements et une panoplie de
sanctions lesquelles ont montré leur
impuissance à réaliser les buts que la
force militaire a été incapable
d’atteindre.
L’éclatement de la crise économique et
financière qui secoue les Etats-Unis et
l’Occident n’est pas un hasard. Elle est
directement liée aux défaites
successives dans les guerres qui ont
couté un trillion de dollars. Les
experts s’attendent à une nouvelle crise
encore plus dévastatrice que celle qui a
frappé les Etats-Unis en 2008 et
l’Europe en 2011. Ce n’est pas un hasard
non plus que la fuite américaine de
l’enfer de la Résistance irakienne
coïncide avec les revers de la CIA au
Liban et en Iran
(Voir ci-dessous).
Il est clair que le soft power, déployé
après les défaites militaires rencontre
des difficultés non moins graves que le
hard power.
Prémices de l’échec du plan contre la
Syrie
Le retrait d’Irak, passé sous silence
par les médias dominants dans le but de
préserver le moral déjà très affecté de
l’armée et du peuple américains,
constitue l’événement fondateur d’un
monde nouveau qui verra les compétiteurs
des Etats-Unis se relever pour faire
face à l’hégémonie d’une superpuissance
déclinante. Les prémices de cette ère
commencent à poindre avec la
constitution d’un nouveau front
international, les Brics, qui refusent
que l’Occident continue à gérer
unilatéralement les affaires du monde.
Les développements de la crise en Syrie,
où les Américains et leurs alliés arabes
et européens ont des difficultés à
imposer leur volonté, illustrent cette
tendance à un monde multipolaire. En
Syrie, les sanctions que l’alliance
occidentale s’efforçait de mettre en
place à travers la Ligue arabe
commencent à s’effondrer. Grâce à un
subtil jeu politique et diplomatique,
Damas a réussi à ouvrir des brèches
importantes par le biais de l’Irak, qui
a ravi l’initiative au Qatar. Avec le
Liban et la Jordanie, qui refusent de
mettre en œuvre les sanctions décidées
par la Ligue arabe, c’est tout le
système que les pays du Golfe voulaient
mettre en place qui vacille. Un article
publié dans le
Foreign policy
par deux experts internationaux précise
que les sanctions adoptées contre la
Syrie affectent le peuple et renforcent
l’Etat, qui dispose d’un large éventail
de solutions de rechange pour contourner
les sanctions et les vider de leur sens.
Les pressions politiques
arabo-occidentales ont encore moins
d’effets que les mesures de rétorsions
économiques. Les tentatives forcenées
d’internationaliser la crise en envoyant
le dossier au Conseil de sécurité se
heurtent à la position ferme de la
Russie et de ses amis du Brics. Moscou a
procédé à une manœuvre
politico-diplomatique remarquable qui a,
à son tour, ravi l’initiative aux
Etats-Unis. En présentant un projet de
loi sur la Syrie au Conseil de sécurité,
la Russie a coupé l’herbe sous les pieds
des Occidentaux qui font actuellement
preuve d’une grande confusion, autant
que leurs marionnettes du Conseil
national syrien mené par Burhan Ghalioun.
Ce dernier, très maladroit, ne cache
plus ses intentions en affirmant que
l’opposition syrienne a pour objectif de
déconnecter la Syrie de ses alliances
actuelle avec l’Iran et les mouvements
de résistance pour l’amarrer solidement
au camp occidental.
Pendant ce temps sur le terrain, les
groupes terroristes multiplient leurs
crimes et leurs attaques contre les
troupes régulières. Mais ces actions
armées sont incapables de modifier les
rapports de forces internes qui restent
largement en faveur du pouvoir syrien.
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