|
Aujourd'hui le Maroc
Nicolas Sarkozy, héros malheureux de faits
divers
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
31 octobre 2008 Nicolas Sarkozy,
incurable procédurier à cause sans doute de sa formation
d’avocat, a donc perdu, pour le moment, la sixième procédure
judiciaire engagée depuis son accession à l’Elysée.
Par ces temps turbulents, Nicolas Sarkozy ne déploie pas son
énergie uniquement sur le front de la crise financière
internationale à trouver des solutions pour refonder le
capitalisme, ni sur le front social pour apaiser les angoisses
des salariés et susciter les espoirs des chômeurs. Il trône
aussi dans la rubrique des faits divers à travers une
hallucinante mésaventure de poupée vaudou et une sombre histoire
de piratage de compte bancaire de la famille présidentielle.
Nicolas Sarkozy pourra toujours prétendre dans ses mémoires,
avec un sentiment de fierté et de distinction et sans courir le
risque d’être démenti, qu’il a été le premier président de la
République à être débouté par un tribunal dans un procès
d’atteinte à l’image. Ses prédécesseurs, dont ses avocats,
revendiquent la jurisprudence, George Pompidou et Valéry Giscard
D’Estaing, ont tous gagné leur procès. Le premier, en 1970, pour
retirer une affiche publicitaire qui utilisait sa photo, le
second, en 1976, pour retirer un jeu de cartes satirique
intitulé «la Giscarte». Cela s’est passé lorsque le président de
la République avait tenté de porter plainte et de faire
interdire un livre vendu sur Internet depuis le 9 octobre,
intitulé : «Nicolas Sarkozy, le manuel vaudou».
Particularité de ce livre satirique édité initialement à 20 000
exemplaires, est qu’il était accompagné d’une effigie de Nicolas
Sarkozy. Les lecteurs sont invités, sur le rite de malédiction
vaudou, à planter des aiguilles pour stigmatiser des faits et
gestes du président de la république depuis le début de son
quinquennat. Ainsi il s’agit de piquer symboliquement en
montrant son opposition à des slogans clefs de l’ère Sarkozy
comme «Casse-toi, pauv'con» lancé au Salon de l’agriculture,
«Racaille», proférée au pied d’une cité chaude de banlieue,
«Travailler plus pour gagner plus», slogan de la posture
sarkozienne, «Immigration choisie», «Tests ADN» «La France, tu
l'aimes ou tu la quittes», destinés à séduire l’extrême droite,
« Paquet fiscal», «Kadhafi», «Yacht», «Fouquet's» signes
extérieurs assumés du Bling-Bling et ou «Bigard» symbole des
amitiés People contestables.
Nicolas Sarkozy n’a pas réussi à faire interdire, par voie
judiciaire la distribution de ce livre satirique. Dans son
jugement rendu cette semaine, le tribunal a estimé que: «Cette
représentation non autorisée de l'image de M. Sarkozy ne
constitue ni une atteinte à la dignité humaine ni une attaque
personnelle, et s'inscrit donc dans les limites autorisées de la
liberté d'expression et du droit à l'humour». Et le tribunal
d’argumenter dans cette affaire qu’il qualifie de «protestation
ludique et d'exutoire humoristique» : «Même s'il peut apparaître
déplaisant d'inciter le lecteur à planter des aiguilles dans une
poupée à l'effigie d'une personne, (...) le juge n'a pas à
apprécier le bon et le mauvais goût».
Nicolas Sarkozy, incurable procédurier à cause sans doute de sa
formation d’avocat, a donc perdu, pour le moment, la sixième
procédure judiciaire engagée depuis son accession à l’Elysée.
Ségolène Royal, victime de la même satire, a profité de
l’occasion pour se distinguer : «c'est la protection d'une
liberté de caricaturer les puissants de ce monde (…) J'ai le
sens de l'humour moi, je ne porte pas plainte contre ma poupée
vaudou». Ce qui lui a valu une réponse cinglante et téléphonée
de l’UMP : «Mme Royal s'est érigée elle-même en caricature
ambulante sur la scène du Zénith il y a quelques semaines (…)
Elle ne doit donc pas craindre une atteinte à ce droit qu'elle
fait vivre régulièrement et avec beaucoup de constance».
Parallèlement à l’affaire de la poupée vaudou, les avocats de
Nicolas Sarkozy n’ont pas quitté les tréteaux des tribunaux de
la République. Et pour cause. Son compte bancaire ainsi que
celui de son père et de son ex-femme Marie-Dominique Culioli on
été piratés. Dans cette affaire qui alimente régulièrement les
pages faits divers des journaux, trois personnes arrêtées dont
une mise en examen et placée en détention sont les employés
d’une boutique de téléphonie mobile. Elles sont soupçonnées par
le parquet de Nanterre «d'avoir participé sciemment à des
ouvertures de lignes frauduleuses» avec les coordonnées
bancaires des Sarkozy.
Mustapha Tossa
DNCP à Paris Droits
de reproduction et de diffusion réservés
©
Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 1er novembre 2008 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
|