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Aujourd'hui le Maroc
Eric Besson
démystifie la relation démographie et immigration Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Lundi 23 novembre 2009
Eric Besson vient de jeter un gros
pavé dans la mare en affirmant que «la France n’a pas de raison
quantitative d’encourager l’immigration».
Ce n’est pas un hasard si les commentateurs trouvent une
ressemblance à la limite du mimétisme entre Nicolas Sarkozy et
son ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale Eric
Besson. A tel point que dans le casting gouvernemental actuel,
l’ex-éminence économique du Parti socialiste campe le rôle de la
plus fidèle reproduction du président de la République. Eric
Besson a compris une chose essentielle : il est à la tête d’un
ministère qui, dans un contexte électoral de crise, peut lui
garantir une présence permanente au-devant de la scène. Le
ministre de l’Immigration ne s’en prive pas. Après avoir lancé
le débat sur l’identité nationale, censé pousser les Français à
réfléchir à haute voix sur ce qu’il veut être, voilà qu’il s’est
mis en tête de démystifier quelques idées reçues sur
l’immigration au risque d’y aller avec la délicatesse et la
passion des nouveaux convertis. Eric Besson vient de jeter un
gros pavé dans la mare en affirmant que «la France n’a pas de
raison quantitative d’encourager l’immigration» et qu’il n’y a
pas de besoin démographique qui la justifierait. L’écho provoqué
par une telle déclaration provient du fait qu’elle s’oppose
frontalement à une idée largement établie à gauche comme à
droite selon laquelle la population française vieillissante et
au faible taux de natalité aurait besoin, pour maintenir une
compétitivité et une production, d’ouvrir ses portes aux gens
venus d’ailleurs pour l’enrichir et la féconder. Pour défendre
cette posture qui va à contre-courant de la religion établie en
la matière, Eric Besson invoque deux points essentiels qu’il
veut connexes : la lutte sans merci qu’il compte mener aux
réseaux et aux filières de l’immigration clandestine et la
défense des intérêts des immigrés réguliers. Il fait de la
morale à ceux de plus en plus nombreux et bruyants qui se
mobilisent en France pour appeler à une régularisation des
immigrés clandestins : «Ceux qui font profession de défendre les
sans-papiers devraient s’intéresser aussi aux étrangers en
situation régulière, touchés à hauteur de 26% par le chômage, en
butte parfois à des discriminations». Avant cette sortie sur la
démographie qui n’est plus un besoin pour justifier le recours à
l’immigration, Eric Besson s’était attiré les grands titres de
l’actualité en dénonçant ce qu’il avait appelé «les mariages
gris», ces mariages mixtes sur lesquels pèse une lourde
suspicion d’être plus un moyen d’obtenir davantage un titre de
séjour que de fonder un foyer. L’expression «mariage gris» a
été qualifiée par le Syndicat de la magistrature «d’expression
volontairement indigne et infamante». La gauche est montée au
créneau pour la dénoncer avec violence: «Le mariage entre
Français et étrangers, voilà la nouvelle phobie revendiquée par
ce ministre qui une fois encore déshonore la République avec de
tels propos. On savait qu’Eric Besson n’aimait pas «la France
solidaire», on sait maintenant qu’il déteste aussi «la France
qui aime». Pris dans ce piège, Eric Besson rétorque en affirmant
qu’il défendait bel et bien «les mariages mixtes (qui)
contribuent au métissage de la société française», mais que son
souci principal était de combattre «les escroqueries à la
naturalisation».
Les détracteurs du ministre Besson l’accusent d’agiter ainsi le
chiffon rouge de l’immigration pour tenter de ratisser large les
espaces politiques occupés par l’extrême droite. Et ce, en
s’emparant de tous leurs leviers de contestation. Alors que
certains voient dans ce passage de vitesse en voulant absolument
crever quelques abcès, une manière de reconnaître que le débat
sur l’identité nationale qu’il a initié ne remplit pas
l’ensemble des missions. Le temps était venu de lui donner un
coup de fouet qui claque et mobilise. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 25 novembre 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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