|
Aujourd'hui le Maroc
Entre l'Union européenne et Israël, la
Méditerranée
Mustapha Tossa
La commissaire européenne Benita
Ferrero-Waldner
Photo: eu2007.pt
18 juin 2008 La diplomatie
française est consciente qu’un des obstacles les plus difficiles
à surmonter pour garantir la présence de tous les pays riverains
au sommet de Paris touche la très contestable politique
israélienne à l’égard des Palestiniens.
Subissant de plein fouet la crise de confiance provoquée par le
Non irlandais au traité européen, l’Union européen s’est
réveillée le lendemain au cœur d’une autre tourmente
diplomatique, celle destinée à configurer le partenariat
stratégique avec Israël.
La bonne intention est là, mais entourée d’ultimes précautions.
L’UE vient de lancer depuis le Luxembourg un cycle de
négociations avec Israël avec l’objectif déclaré d’approfondir
les relations comme l’a déclaré le chef de la diplomatie slovène
dont le pays préside l’UE : «Nous allons approfondir nos
relations, pour nous élever à un autre niveau, plus efficace et
plus fructueux de coopération». L’Union européenne répondait
ainsi à une proposition de partenariat renforcé formulée par
Israël en novembre 2007.
Cette déclaration d’intention aurait suffi au bonheur général
des intéressés si les observateurs avisés n’avaient pas remarqué
qu’elle était dénuée de tout calendrier d’application. Pire
encore, la suite de ce processus de négociation est clairement
conditionnée par des développements concrets sur le terrain de
la paix et de la négociation entre Israéliens et Palestiniens.
Et c’est la commissaire européenne aux Relations extérieures,
Benita Ferrero- Waldner, qui s’est porté volontaire pour
apporter la précision qui fâche. Elle affirme qu’il était «trop
tôt pour parler des détails» de cet approfondissement dont
l’évolution devra se faire «en tenant compte des intérêts des
deux parties et dans le contexte de la résolution du conflit
israélo-palestinien»
La diplomatie israélienne a préféré ignorer cette
conditionnalité européenne et choisi de ne voir dans la
déclaration de l’Union européenne qu’une volonté d’aller de
l’avant comme l’a résumé la ministre israélienne des Affaires
étrangères Tzipi Livni : «Nous avons décidé d’améliorer nos
relations encore plus, dans différents domaines, y compris
politique, économique, scientifique, légal, culturel, éducation,
antiterrorisme et encore plus».
Il n’empêche que la positon de l’UE sur le partenariat
spécifique avec Israël a vite donné lieu à d’innombrables
interprétations. L’ambiguïté volontaire qui entoure son
calendrier, le manque de visibilité à venir de son rythme de
développement, auraient été sciemment mis en avant pour adresser
un message en direction des pays arabes qui hésitent encore à
s’investir dans le projet de l’Union pour la Méditerranée conçu
et porté par le président français Nicolas Sarkozy.
La diplomatie française qui s’apprêtent à piloter doublement et
la présidence de l’Union européenne et le lancement de l’UPM est
consciente qu’un des obstacles les plus difficiles à surmonter
pour garantir la présence de tous les pays riverains au sommet
de Paris touche la très contestable politique israélienne à
l’égard des palestiniens. La présence d’Israël au sommet de
Paris est l’objet de nombreuses demandes de « clarifications».
Lors de nombreuses rencontres et autres forums, cette crainte
avait été mise en scène avec une dramatisation plus au moins
orchestrée. Le président Nicolas Sarkozy avait tenté, à sa
manière, de dégonfler la polémique en affirmant que cette
présence ne posait «pas de problème» à des pays arabes comme
l’Egypte, la Tunisie et le Maroc. Sans grand succès. De la part
des autres pays, emmenés par l’Algérie, la Libye et probablement
la Syrie, qui refusent de faire des cadeaux gratuits à Israël et
qui conditionnent leur participation au sommet de Paris à ces
«clarifications», les craintes ont été renforcées lors de la
sixième et sans doute dernière tournée au Proche-Orient de la
secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice. De cette tournée,
il ressort clairement que l’Etat palestinien promis par George
Bush avant la fin 2008 est un vœu pieux, que profitant du
changement programmé du locataire de la Maison-Blanche, les
Israéliens durcissent leur politique de colonisation des
territoires palestiniens qui rend impossible l’établissement
d’un Etat palestinien viable et proposent de retirer le statut
de Jérusalem du package des négociations avec les Palestiniens.
Autant d’indicateurs qui font de l’Union Européenne le seul
théâtre où il est encore possible d’exercer une quelconque
pression sur Israël dans son refus de composer avec les
Palestiniens.
Mustapha Tossa
DNCP à Paris Droits
de reproduction et de diffusion réservés
©
Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 19 juin 2008 avec l'aimable
autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
|