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Aujourd'hui le Maroc
Bernard Kouchner
et Eric Besson se déchirent en public
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Samedi 14 novembre 2009
Bernard Kouchner et Eric Besson se sont opposés de
manière frontale. Le verbatim se passe de tout commentaire.
Ceux qui ont longtemps cru que l’échafaudage de l’ouverture
politique à gauche voulu par Nicolas Sarkozy tomberait sous les
coups de boutoir d’une droite frustrée et amère de voir son
champion offrir les meilleurs fromages de la République à ses
pires ennemis, se sont peut-être trompés dans leurs pronostics.
Il est vrai que l’état d’âme maussade, sans passion, dépourvue
de combativité de cette droite, participe largement à créer des
malaises perceptibles au sein de la gouvernance de Nicolas
Sarkozy, mais elle ne poussera pas l’audace jusqu’à dynamiter
son projet. Le réel danger pour le président de la République
est en train de pointer son nez des rangs de ce casting
d’ex-personnalités de gauche auxquelles Nicolas Sarkozy avait
fait appel pour garnir son gouvernement. Le feu brûle entre deux
icônes de cette ouverture : Bernard Kouchner, ministre des
Affaires étrangères et Eric Besson, ministre de l’Immigration.
Les premières alertes visibles ont été perçues lorsqu’à la
surprise générale, Bernard Kouchner prend à rebrousse-poil
l’opinion gouvernementale dominante sur la nécessité d’organiser
un grand débat sur l’identité nationale piloté par Eric Besson.
Et alors que le discours dominant de la majorité présidentielle
se gargarisait de la fierté de voir appliquer une des promesses
phares du candidat Sarkozy, Bernard Kouchner a rejoint les voix
discordantes qui avaient exprimé des réserves et sa méfiance
quant à l’utilité et la pertinence d’un tel débat jugé
«théorique». Ce fut une première étincelle. Il est aisé
d’imaginer la fureur dans laquelle Nicolas Sarkozy et Eric
Besson sont entrés, de voir un des symboles les plus visibles du
gouvernement donner du grain à moudre au tir d’attaques groupé
venant de la gauche et de l’extrême droite, tous d’accord pour
une fois pour dénoncer l’agenda électoral du président de la
République et sa tentation d’y instrumentaliser l’identité
nationale. Mais la déflagration est venue par le biais de la
polémique sur la nécessité de renvoyer des clandestins afghans
chez eux. Et là, les deux hommes, Bernard Kouchner et Eric
Besson, se sont opposés de manière frontale. Le verbatim se
passe de tout commentaire. Sur ces expulsions, Bernard Kouchner
dit : «Je pense que ce ne n’est pas comme cela qu’il faut faire.
Surtout quand on se bat là-bas. Je pense que ce n’est pas utile,
je l’ai dit à Eric Besson (...), au président». Ce à quoi, Eric
Besson répond avec une violence peu coutumière et une franchise
inédite : «Je rappellerai tout simplement d’abord que Bernard
Kouchner était présent (...) lorsque le président de la
République a annoncé des retours forcés. J’imagine que s’il
avait un désaccord majeur, il a eu l’occasion de s’en expliquer
avec le président (…) Je travaille main dans la main avec les
ministres européens chargés de ces questions et, par ailleurs,
si j’ai des directives à prendre, je les prends auprès du
président de la République et du Premier ministre». Bernard
Kouchner est depuis quelques temps sous pression. Quand Nicolas
Sarkozy charge le socialiste Jack Lang d’une mission en Corée du
Nord ou Robert Bourgi en Afrique, les journalistes trouvent un
plaisir sadique à gratter sur la plaie, provoquant parfois des
réactions épidermiques de Bernard Kouchner sur le ton qui lui
est cher, celui de l’indignation: «Voulez-vous insinuer que je
ne sers à rien ?» avait-il lancé à une journaliste de Canal+. La
mésentente entre Bernard Kouchner et Eric Besson a de fortes
chances de perdurer et même de s’aggraver. Ils incarnent deux
styles de ralliement à Nicolas Sarkozy. Le premier veut servir
en gardant sa marge de manœuvre et sa capacité d’indignation. Le
second se fond littéralement dans les habits et les idées de
Nicolas Sarkozy au point d’en devenir le meilleur élève et
l’emblème le plus efficace. A l’heure des grands choix, il est
facile d’imaginer l’identité du sacrifié. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 14 novembre 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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