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Aujourd'hui le Maroc
La guerre
fratricide entre Sarkozy et De Villepin est relancée
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Lundi 1er février 2010
Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin semblent
définitivement entrés dans l’affrontement par KO mortel, sans
possibilités de compromis.
Alors qu’il était en pleine période de séduction et de
reconquête de l’opinion, Nicolas Sarkozy fut arrêté net par la
relaxe de Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream dans
laquelle il était partie civile. Obligé de changer brusquement
de visage et de stratégie. Il eut son «moment» grand seigneur
en affirmant qu’il prenait acte de la décision de la justice et
qu’à titre personnel, il ne ferait pas appel. L’impression
instantanée que le président de la République encaissait
froidement le coup, cuvait stoïquement sa défaite. Quelques
heures plus tard, la politique reprenait ses droits. Le parquet
placé directement sous l’autorité de la ministre de la Justice,
Michelle Alliot-Marie et donc de Nicolas Sarkozy interjetait en
appel. Outre qu’elle relance cette affaire Clearstream avec
encore plus de piments et de suspense, l’attitude du président
de la République fait ressortir un caractère schizophrène de sa
personnalité. Sa tentative de reprendre par la main gauche ce
qu’il a cédé la veille par la main droite n’avait d’autres
objectifs immédiats que de désarmer tous ceux qui allaient
brandir contre lui l’accusation d’acharnement par une haine
inextinguible. Nicolas Sarkozy avait promis de pendre Dominique
de Villepin à un croc de boucher. Dans cette affaire, les
échotiers le décrivent comme l’homme que, s’il tire une balle,
ce n’est pas pour blesser mais pour tuer. De New York, il
l’avait décrété déjà coupable avant même que le procès ait lieu.
C’est dire à quel point la relaxe ne pouvait à aucun moment être
une hypothèse envisageable pour un homme au désir de vengeance
affiché et au caractère sanguin affirmé. Le dénouement immédiat
ou différé de l’affaire Clearstream constitue déjà un handicap
pour Nicolas Sarkozy. Involontairement sans doute, il vient de
créer au sein de sa propre famille une personnalité ou un
leadership, Dominique de Villepin, qui peut l’affaiblir dans sa
difficile opération de sa réélection. En ce sens que l’appel
dans ce bras de fer juridico-politique vient de libérer la
parole et les actions de Dominique de Villepin et de ses amis.
Il est vrai que l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac
n’avait, jusqu’à présent, ménagé aucun effort pour rendre la vie
dure à la gouvernance de Nicolas Sarkozy. Il a formulé un des
plus efficaces réquisitoires contre le président de la
République au point de camper dans les sondages la place enviée
de son meilleur opposant. Renforcé par la relaxe du tribunal, le
groupe De Villepin qui est en train de se former au sein de la
droite aiguisera davantage ses attaques, affinera avec plus de
pertinences ses morsures. Les deux hommes, Nicolas Sarkozy et
Dominique de Villepin semblent définitivement entrés dans
l’affrontement par KO mortel, sans possibilités de compromis.
Pour affiner sa capacité de nuisance, Dominique de Villepin
travaillera, comme le laissent déjà entrevoir ses déclarations,
sur la possibilité de coaguler autour de sa personne et de son
club qu’il compte transformer en parti politique, tous les déçus
et les frustrés à droite de la politique de Nicolas Sarkozy et
qui sont à la recherche d’une alternative sans passer par la
gauche. Son efficacité se mesurera à l’ampleur de ce mouvement. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2010
Publié le 3 février 2010 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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