Opinion
Solidarité avec
les Palestiniens du Naqab
Mohamed
Tahar Bensaada
Mercredi 17 juillet 2013
Le gouvernement israélien
exploite perfidement le fait que les
projecteurs de l’actualité sont
actuellement braqués sur la crise
égyptienne et le conflit syrien pour
accélérer ses projets de colonisation
dans la région du Naqab, projets qui
constituent une tentative flagrante de
purification ethnique dans le cadre de
ce qui est appelé le « plan Prawer ».
Les
conflits qui endeuillent la région du
Moyen orient et les victimes innocentes
qui sont chaque jour sacrifiées sur
l’autel de la cupidité capitaliste et de
la domination impériale ne doivent pas
nous faire oublier le drame quotidien du
peuple palestinien qui continue de subir
au quotidien les affres de la
colonisation, de l’oppression et de
l’intimidation. Le gouvernement
israélien exploite perfidement le fait
que les projecteurs de l’actualité sont
actuellement braqués sur la crise
égyptienne et le conflit syrien pour
accélérer ses projets de colonisation
dans la région du Naqab, projets qui
constituent une tentative flagrante de
purification ethnique dans le cadre de
ce qui est appelé le « plan Prawer ».
Qu’est-ce le plan Prawer ? Citant le
chercheur Thabet Abu Rass, Fadwa Nassar
explique qu’
« il s’agit de la pire des lois conçue
par l’entité coloniale depuis 1948 quant
à ses effets sur la population
palestinienne. Ce plan vise l’expulsion
de 40.000 Palestiniens et la
confiscation d’un demi-million de dunums
de terres (pour rappel : la Journée de
la terre, en 1976, a été déclenchée pour
s’opposer à la confiscation de 21.000
dunums des terres dans la région d’al-Jalil,
au nord). Mais le plan Prawer propose
d’autres mesures discriminatoires : pour
la première fois, une zone est déclarée
fermée et interdite à une catégorie «
nationale » et non pour des mesures «
sécuritaires », comme le prétendaient
avant les autorités coloniales.
Le plan Prawer interdit l’indemnisation
des Palestiniens dont les terres seront
confisquées et situées dans une certaine
zone, tout comme il interdit la
construction de villages arabes dans la
zone nord-ouest du Naqab, d’où les
Palestiniens seront exclus par avance de
tout achat de terrain. Le Plan Prawer a
de l’effet sur les biens confisqués
appartenant au réfugiés de l’intérieur
(qui représentent 25% des Palestiniens
de 48), puisqu’il propose une très
légère compensation monétaire pour les
terres confisquées des Palestiniens du
Naqab depuis 1948 (4000 shekels pour le
dunum).
De plus le Plan Prawer propose de
nouveaux critères pour la reconnaissance
des villages arabes, beaucoup plus
sévères que les planifications
précédentes, comme par exemple des
critères économiques, et pour la
première fois, depuis la création de
l’Etat sioniste, des villages arabes
sont détruits pour permettre la
construction de colonies sionistes à
leur place (cela s’est toujours fait,
mais en silence.. sans être annoncés à
l’avance), comme a commencé la
destruction du village de ‘Umm al Hiran
pour installer la colonie sioniste (Hiran).
Un plan précédent conçu par les
sionistes proposait le maintien du
village en le rattachant à la colonie.
Mais le Plan Prawer veut détruire et
effacer le village en entier.» (1)
D’ailleurs, toujours selon le même
chercheur cité par Fadwa Nassar, le plan
Prawer a déjà commencé à être appliqué,
dans le village menacé de ‘Atir:
« Un des quartiers du village,
comprenant 30 maisons, a été entièrement
détruit et tous les arbres fruitiers,
plantés par les Palestiniens du village,
ont été arrachés. Mais la population est
restée sur place. Elle refuse de s’en
aller. Des patrouilles de la police
sioniste et les « brigades vertes » du
ministère sioniste de l’agriculture vont
et viennent, elles menacent la
population et leur enjoignent de s’en
aller. Devant l’insistance à s’accrocher
à la terre et au village, elles
menacent : « des bus viendront et vous
emmèneront loin d’ici. »
L’expulsion programmée des Arabes du
Naqab doit être dénoncée comme elle
l’est : un plan de purification ethnique
qui ne dit pas son nom. Un plan qui est
loin d’être isolé puisqu’il ne doit pas
occulter le plan de judaïsation d’Al
Qods. Ce plan vient rappeler à ceux qui
seraient tentés de l’oublier la nature
véritable du projet de colonisation
sioniste en Palestine. Malgré l’arsenal
juridique et répressif mis en œuvre par
l’occupant dans le Naqab, le peuple
palestinien ne reste pas passif. Ce
n’est pas parce que les médias
mainstream érigent un mur du silence des
plus honteux autour de la lutte du
peuple palestinien que cette lutte
n’existe pas. Le 15 juillet a été
décidée journée de grève et de
manifestations par les organisations de
la société civile palestinienne.
Rim Al Khatib décrit ainsi cette journée
de lutte : « Au
moment où les regards sont tournés
ailleurs qu'en Palestine, le peuple
palestinien poursuit sa résistance
héroïque. Aujourd'hui, dans les
territoires occupés en 1948, des
dizaines de manifestations ont bloqué
les voies, et la grève générale dans les
villes arabes a été décrétée. Il s'agit
de refuser la dernière expression du
sionisme colonial, la loi Prawer, qui
vise à expulser 40.000 Palestiniens du
Naqab et la destruction de 28 villages.
» (2)
Durant ce mois de Ramadan où la
solidarité doit être plus que jamais
présente, il est de la plus haute
importance de se rappeler le combat de
nos frères et sœurs qui résistent contre
la spoliation de leurs terres et de leur
patrimoine culturel en Palestine. La
résistance des Palestiniens du Naqab
n’est pas un phénomène isolé. Au
contraire, elle fait partie d’une
résistance plus générale et multiforme
que mène le peuple palestinien pour le
recouvrement de ses droits nationaux
légitimes. Ni la puissance de l’occupant
ni la complicité des puissances
internationales et régionales ne
pourront arriver à réduire la résistance
héroïque du peuple palestinien.
Cette résistance elle-même fait partie
d’une résistance plus globale des
peuples de la région contre la
domination impériale dont l’Etat-colon
s’Israël est le gendarme régional par
excellence. C’est pourquoi cet Etat
n’est pas étranger au putsch qui vient
de donner un coup d’arrêt au processus
démocratique en Egypte ni aux manœuvres
internationales qui consistent à faire
durer la guerre en Syrie pour mettre
complètement à terre ce pays arabe
quelle que soit par ailleurs l’issue du
conflit.
En France et en Europe plus
généralement, les citoyens libres qui
savent que si on laisse faire
l’injustice quelque part dans le monde,
on risque de la subir tôt ou tard chez
soi, doivent faire entendre leur voix,
auprès de leurs élus et de leurs
institutions démocratiques. Il n’est pas
normal qu’en leur nom, leurs Etats et
les institutions de l’Union européenne
continuent à fermer les yeux sur ce qui
se passe en Palestine occupée. Il n’est
pas normal que les médias publics qui
fonctionnent grâce aux impôts de tous
les travailleurs continuent à céder au
chantage des lobbies pro-israéliens.
Les formes dans lesquelles la solidarité
doit s’exprimer sont nombreuses et
variées, de la solidarité humanitaire à
la solidarité politique. La diversité
des comités et des associations de
soutien au peuple palestinien permettent
au plus grand nombre d’exprimer sa
solidarité selon ses convictions et ses
possibilités.
L’important est de ne pas rester passif
face à tant d’injustices.
-
The International Solidarity
Movement, 14 juillet 2013.
-
Palestine Solidarité, 15 juillet
2013
A propos de l'Auteur
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Publié le 18
juillet 2013 avec l'aimable autorisation
d'Oumma.com
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